Les Dieux antiques/Ixion
IXION, DIEU GREC ET LATIN.
(Grec ; Ixiôn.)
xion, que quelques-uns disent fils
de Phlégyas (l’enflammé), épousa
Dia, fille d’Hésionée, à qui il promit
de riches présents ; mais il refusa de
les lui envoyer après son mariage. Hésionée
prit mal ce refus ; il vola les chevaux
immortels qui emportaient le char
brillant d’Ixion. L’époux dit donc de
venir chercher les dons, s’il les voulait
avoir, à ce père, qui vint en conséquence :
or, tandis qu’il accentuait sa revendication
devant le logis renfermant l’amas des présents, Ixion ouvrit
la porte, et Hésionée tomba dans une fosse pleine de feu.
Ce meurtre fut suivi d’un temps de sécheresse et de misère,
jusqu’à la purification du coupable, décrétée par
Zeus, Ixion reconnut cette bonté, devinez comment ? par
l’offre de son amour à Héré, la reine du ciel, Zeus fit face
à ce nouveau danger en faisant prendre à un nuage l’apparence
d’Héré, décevant ainsi Ixion, qui devint le père des centaures. Pour le punir davantage enfin, il le lia à
une roue à quatre jantes qui roule avec lui à tout jamais
(fig. 124). Ce conte, comme celui de Tantale, illustre
quelque phase de l’action du soleil dans sa course à travers
le ciel. Voir en Dia un être qui représente la belle
Aurore, et qui répond à Dahanâ, Daphné, Iole, Jocaste
et Eurydice. Comme Héraclès abandonne Iole, et Sigurd
Fig. 124. — Sisyphe, Ixion et Tantale.
quitte Brunehilde ; comme Œdipe et Orphée sont séparés
de Jocaste et d’Eurydice, et comme Thésée délaisse
Ariane : ainsi Ixion quitte Dia, et est épris des charmes
d’Héré. Le père, Hésionée, c’est l’obscurité d’où jaillit
Dia, l’aurore. Quant au logis et au trésor d’Ixion, j’y
reconnais, et vous aussi, le palais d’Hélios et de Tantale,
l’abîme de splendeur où la nuit se consume. La seconde
partie du conte n’est pas moins explicable : par exemple
ce fait qu’Ixion aime, entre toutes, l’illustre Héré. Tout
vient, n’est-ce pas ? de ce que le soleil, quand il s’élève
dans le ciel, semble courtiser le ciel bleu, ou la demeure spéciale d’Héré et de Zeus. Le séjour d’Ixion dans la
maison de Zeus représente alors la longue pause que
semble faire l’astre au haut des cieux, à midi. Fantôme
qui se joue d’Ixion, un beau nuage repose sur l’azur bleu
et profond : et, les Centaures (fig. 125), Gandharvas
hindous, ce sont ses enfants, vapeurs que répand ce
nuage, en temps de pluie, sur les terres de l’Est. Reste la
roue à quatre jantes d’Ixion. C’est la croix de feu,
Fig. 125. — Centaures.
les rayons transversaux
et vibrants que
voient, dans le ciel,
ceux qui regardent
le soleil, à midi. Le
nom d’Ixion peut enfin s’expliquer,
quoique dans ce cas
nous finissions (au
lieu de commencer)
par demander aide à
la science étymologique ;
mais rien de très-frappant ne s’impose à notre
recherche. Voici : certains ont identifié ce nom avec le
mot sanscrit Akshanah, lequel désigne quelqu’un qui est
attaché à une roue ; le vocable Ixion étant de la sorte
regardé comme apparenté au grec axôn et au latin axis.
Les vieux poèmes contiennent le germe de l’histoire
d’Ixion, si on sait l’y retrouver. Dyaus (le ciel) lutta
pour arracher la roue du soleil à l’étreinte de la nuit.
De phrases semblables vint aussi la notion des obscures
Gorgones, poursuivant Persée qui se hâte vers les jardins
hyperboréens.