J. Rothschild, éditeur (p. 107-109).




PHAÉTON, DIEU GREC ET LATIN.
(Grec : Phaéton.)





Phaéton est un fils d’Hélios et de Clymène. Hélios, ce mot a la même origine que le latin Sol et est un nom du soleil, le mythe se tenant vis-à-vis de Phoïbos dans le même rapport que Nérée, de Poséidon. Quant au personnage, on le représente vivant dans un palais d’or, conduisant journellement à travers les cieux son char traîné par des chevaux resplendissants (fig. 78) ; et ayant des troupeaux vastes de gros bétail, qui ne sont autres que les nuages brillants que Hermès mène par le firmament. Aux temps postérieurs, quand la signification d’anciennes paroles était partiellement oubliée, on supposait que c’étaient des vaches nourries dans l’île de Trinacrie. Il ne se présente que peu de cas où la signification d’un conte mythologique soit plus claire ; car ces vaches sont dirigées quotidiennement vers leurs pâturages par Phaétuse et Lampétie, les filles « brillantes » et « étincelantes » de Nérée, la première aube. Vous rappelez-vous, dans l’Odyssée, que des compagnons du héros tuèrent et mangèrent quelques bêtes de ces troupeaux ? Pour les punir, Hélios les fit mourir. La vénération avec laquelle le poète homérique parle de ces vaches n’indique pas, toutefois, que les compatriotes du rhapsode se livrassent à l’adoration d’animaux, mais seulement qu’il fallait regarder le bétail du soleil paissant notre terre comme chose Fig. 78. — Phaéton.
que ne doit profaner un contact vulgaire. Voyez là un reste de l’origine symbolique : dans les premiers poèmes hindous, les chevaux d’Hélios sont les Harits, que la Grèce changea en de belles femmes appelées Charites, les Grâces latines.

Tous ces détails élucidés, arrivons à l’histoire de Phaéton.

On dit que, dans un instant de malheur, il demanda à son père de le laisser conduire son char une seule journée. Hélios, bien à contre-cœur, lui permit de prendre les rênes. Après s’être un peu élevés dans les cieux, les chevaux, conscients de la faiblesse de leur cocher, plongèrent sur terre ; et le sol, avec tous ses fruits, ses cours d’eau, sa verdure, fut desséché et brûlé. Zeus, voyant cela et comprenant que, si rien n’arrêtait cette course, toute vie ici-bas périrait bientôt, frappa Phaéton de sa foudre ; et les filles d’Hespéros lui bâtirent un sépulcre au rivage où il était tombé. Si vous voulez étudier cette légende, demandez-vous d’abord ce que signifie le nom de Phaéton : or il veut dire l’éclatant ou le brillant, et répond à Phaétusa, comme Téléphos à Téléphassa. Phaéton, en effet, possède une partie de l’éclat de son père, toutefois sans le même pouvoir, et, sous ce rapport, ressemble à tel autre héros. L’analogie qu’il présente, c’est avec Patrocle, que l’Iliade peint vêtu de l’armure d’Achille et monté sur son char, traîné aussi par des chevaux immortels du nom de Xanthos et Balios, le « doré » et le « tacheté ». Patrocle, comme Phaéton, reçoit des instructions auxquelles il néglige d’obéir, et, comme Phaéton, il est exterminé. Dans l’Odyssée, Télémaque est à Ulysse ce que Patrocle, dans l’Iliade, est à Achille, et ce qu’est Phaéton à Hélios.

Origine, enfin, de toute cette histoire : elle est issue de phrases qui parlaient de la sécheresse causée par le char d’Hélios, si quelqu’un le mène qui ne sait pas guider les chevaux du dieu ; et Phaéton frappé par les tonnerres de Zeus, c’est le temps de la sécheresse finissant par un orage survenant à l’improviste.