Les Dieux antiques/L’Artémis grecque ou la Diane latine
Artémis. — Artémis est la sœur de Phoïbos-Apollon, selon quelques légendes la sœur jumelle, tandis que, d’après d’autres, elle naquit avant lui. Possédant presque tous les pouvoirs de son frère et en montrant toutes les qualités, c’est ainsi qu’on la dépeint : comme lui, elle guérit des maladies et envoie les fléaux et, comme lui, darde des flèches qui ne manquent jamais leur but (fig. 82).
Mille impressions poétiques, qui se résument toutes en celle d’une pureté farouche convenant à une habitante des bois sacrés, environnent cette figure (fig. 83), dont la mythologie récente a fait la patronne de la chasse.
À proprement parler, Artémis n’a pas d’histoire mythique,
bien qu’elle soit mêlée à beaucoup de ce qui arrive
aux autres dieux. Ainsi elle donne à Procris son levrier
avec sa lance irrésistible et guérit Énée, blessé dans la
guerre de Troie. C’est elle encore qui envoie le sanglier de
Calydon en retour d’un affront qui lui est fait ; et, pour un
motif semblable, insiste sur le sacrifice d’Iphigénie, fille
d’Agamemnon. La particularité qui se dégage de ces
contes, la voici : Atalante, la vierge qui frappe la première le sanglier de Calydon, est un dédoublement de la vierge
déesse elle-même ; Iphigénie, enfin, sauvée du jugement
Fig. 82. — Statue d’Artémis ou Diane chasseresse.
d’Artémis, devint la prêtresse de l’un de ses temples, et
fut, dans quelques lieux, adorée pour elle.
Le lieu de naissance d’Artémis est Délos, dans quelques
histoires ; dans d’autres, Ortygie, noms qui entrent dans
la légende de Phoïbos. Quant à l’idée qui s’attacha au Fig. 83. — Char d’Artémis ou Diane (bas-relief).
Fig. 84. — Diane.
Fig. 85. — Janus (camée).
nom d’Artémis, elle n’a point
été partout la même. L’Artémis
grecque, par exemple,
diffère de celle présentée par
l’Artémis éphésienne, autant
que l’Adonis syrien diffère
de l’Achille grec.
Diane. — Qu’est-ce que Diane ? La forme féminine du nom Dianus, ou Janus, qui, à son tour, est apparenté à Juno : elle vient du grec Zeus et du sanscrit Dyaus, le ciel. On l’identifia avec l’Artémis grecque, et c’est pourquoi on l’appela en latin sœur d’Apollon, Janus ou Dianus, lui, fut représenté par les Romains avec deux visages, regardant de deux côtés différents (fig. 85) — interprétation issue de ce que le peuple confondit à tort ce mot avec dis, duo, deux, dénotant : divisions. Qui ne sait qu’on tenait la porte de Janus, à Rome, ouverte en temps de guerre et fermée en temps de paix, et qu’elle ne fut fermée que six fois dans l’espace de huit cents ans ?