Les Dieux antiques/Orphée
ORPHÉE, MYTHE GREC ET LATIN.
(Grec : Orpheus.)
Orphée passe pour fils du fleuve Éagre et de la muse Calliope. Son histoire est des plus belles. Ce mythe brillant gagna l’amour de la belle Eurydice, qui mourut bientôt après de la morsure d’un serpent. Orphée, malheureux de cette perte, n’eut plus le cœur d’éveiller sur sa lyre d’or la musique, qui faisait que bêtes, arbres et hommes le suivaient avec délices. Il se détermina donc à chercher Eurydice dans la terre des morts ; et, ayant adouci le chien d’Hadès, Cerbère, par son chant, il fut conduit devant Polydegmon et Perséphone, qui lui permirent d’emmener sa femme : à condition qu’il n’en regarderait pas le visage aimé avant qu’elle eût atteint la terre. Orphée, oubliant sa promesse, se retourna trop tôt ; et Eurydice lui fut ravie presque avant qu’il pût la voir. La douleur d’Orphée imposa de nouveau silence à sa musique, cela jusqu’aux temps où il mourut sur les bords de l’Hébre. Son nom est le même, Orpheus, que l’indien Ribhu, appellation qui paraît avoir été, à une époque très-primitive, donnée au soleil. On l’applique, dans les Védas, à de nombreuses déités.
Le sens primitif semble avoir marqué l’énergie et le pouvoir créateurs. Orphée représente, dans l’opinion de quelques-uns, les vents qui arrachent les arbres dans leur course prolongée, en chantant une sauvage musique. Aussi faut-il voir comme le mélange de deux notions qui viennent aboutir à la légende d’Orphée : l’idée du matin, avec sa beauté de courte durée, s’y fond comme dans l’histoire d’Hermès, avec l’idée de la brise qui accompagne ordinairement l’aurore. Le nom d’Eurydice vient du mot qui a donné leiir forme aux noms comme Europe, Eurytos, Euryphassa, et beaucoup d’autres : tous dénotant le vaste jaillissement de l’aurore dans le ciel. Alors qu’est-ce que le serpent qui mord Eurydice ? Le serpent des ténèbres, qui tue le beau crépuscule du soir. Le pèlerinage d’Orphée enfin représente le voyage que, pendant les heures de la nuit, le Soleil passait pour accomplir afin de ramener, au matin, l’Aurore, dont il cause la disparition par sa splendeur éblouissante. Réminiscences : voir dans ce départ final d’Eurydice une autre forme de la mort de Daphné et de celle de Procris.