Les Dieux antiques/Mythes égyptiens et assyriens
APPENDICE
Pourquoi les Mythes Égyptiens et Assyriens sont-ils classés à part dans cette étude, ou, s’ils n’en font aucunement partie, pourquoi y prêter attention ? Alternative. — Voici. Ils sont classés à part, parce que la Science ne nous permet pas jusqu’ici de les rattacher aux mythes de la race Aryaque, et nous les donnons parce que d’autre part ils ne participent pas visiblement des religions qui ont été le trésor de la race Sémitique.
Plusieurs demanderont s’il n’y a pas une troisième
race. Non : l’on ne reconnaît point, à proprement parler,
une troisième race, une race dont la notion jouisse,
parmi les savants modernes, de l’indiscutable autorité de
celles jusque maintenant citées à l’exclusion de toute
autre. Il faut confesser cependant que divers caractères
historiques, et d’autres, ethnographiques, ne sauraient aucunement être attribués à l’une des grandes races,
Aryaque et Sémitique. Quelques maîtres en ces matières
ont tenté de tout grouper ou presque tout dans une seule
race principale, qui serait cette troisième, ici négligée, à
savoir la race Touranienne. Les Égyptiens et les Assyriens
rentrent alors dans cette race Touranienne. Nous
n’avons pas à rechercher ce fait pour le moment ; bornons-nous
à constater les rapports qui peuvent exister
entre des Mythes propres à certains peuples et ceux de la
race aryaque, soit qu’ils résultent du commerce, ou
d’une parenté, ou qu’ils aient simplement pour cause une
certaine communauté d’impressions discernable dans les
dispositions légendaires ou religieuses de toutes les races.
Scarabées.
Caractère de la Mythologie Égyptienne : quelques-uns
des Mythes Égyptiens semblent avoir avec des faits d’astronomie
un rapport plus direct qu’on ne le voit ordinairement
dans la Mythologie Grecque. Mais il n’y a pas de
doute que, comme les Mythes Grecs, ceux des Égyptiens
ont leur racine dans des phrases qui décrivaient les
spectacles et les objets du monde extérieur. Les deux
systèmes se formèrent d’une façon tout indépendante l’un de l’autre, et la Mythologie des poèmes homériques
et de ceux d’Hésiode ne révèle aucune trace de la pensée
égyptienne. Mais après que l’Égypte se fut ouverte au
commerce grec, les Grecs furent (comme les premiers
d’entre les modernes qui étudièrent le sanscrit dans
Fig. 235 et 236. — Osiris.
l’Inde) frappés de la grandeur du pays et du mysticisme
élaboré du sacerdoce, au point qu’ils se virent tentés, non-seulement
d’identifier leurs propres déités avec celles de
l’Égypte, mais de croire que les noms de ces premières,
aussi bien que les actions qui leur sont attribuées, dérivaient
de l’Égypte. Le système des Égyptiens avait été,
lui, dans le cours des siècles, enté sur des mythes plus simples, correspondant essentiellement aux phrases qui sont
la racine des Mythologies hindoue, grecque et teutonique.
Fig. 237. — Isis.
Fig. 238. — Apis.
Ainsi : le sommeil d’Osiris (fig. 235 et
236) ou l’hiver, pour citer un exemple,
est, avant sa réapparition au printemps,
le sommeil de la belle jeune fille qu’éveille
Sigurd, et répond encore à l’emprisonnement
de Coré ou de Perséphone, dans
l’Hadès. Osiris a pour femme Isis, mère
d’Horos (fig. 237 et 239), et semble avoir
d’abord été la déesse de la terre, comme
la Déméter grecque. Osiris son mari ou
son fils (car il porte ce double titre) est
tué par un frère Seth ou Sethi, être dont le caractère répond
à celui du Vritra hindou. Les Grecs identifièrent le
bœuf Apis (fig. 238), objet d’un grand culte, avec Épaphos,
enfant d’Io. Ils identifièrent encore, sans aucune raison
cette fois, Neith, déesse couverte d’un voile, avec leur
déesse Athéné.
Ammon (fig. 240), est l’Amen-ra égyptien ou Kneph,
le dieu à tête et à cornes de bélier, qui réapparaît dans
le Zagréos orphique. Mais ce nom est tout grec : il
vient d’ammos, sable, parce que le temple du dieu,
situé dans l’Oasis, apparut aux voyageurs grecs entouré
Fig. 239. — Isis.
Fig. 240. — Ammon.
de sables. Les Grecs se contentèrent de lui donner un
nom grec (fig. 241).
Horos, fils d’Isis, représenté comme un jeune garçon
assis, un doigt sur la bouche, dans une fleur de lotus, a
pour nom Harp-pi-Chruthi, « Horos l’enfant » ; les Grecs
en firent leur Harpocrate (fig. 242). Dans ce cas, ils Fig. 241. — Zeus ou Jupiter Ammon, médaille.
Fig. 242. — Harpocrate.
Fig. 243. — Anubis.
Fig. 244. — Ra.
donnèrent un nom
grec au dieu égyptien, et, d’un autre
côté, placèrent le
dieu égyptien parmi
les leurs.
Anubis est représenté
avec la tête
d’un chien ou d’un
chacal (fig. 243) ;
quant à Ra (fig. 244), voir en lui simplement
le nom sous lequel les Égyptiens adoraient
le soleil. Ptah (fig. 245) et d’autres
divinités attireront notre attention au cours d’une étude
plus spéciale.
Quant au Phœnix, emblème égyptien de l’immortalité, sous la forme d’un oiseau qui renaît de ses cendres, les Grecs, sans se l’approprier, le connurent par les récits d’Hérodote.
Qu’est-ce que les déités assyriennes ? Des mythes dont
Fig. 245. — Ptha.
Fig. 246. — Bal ou Baal.
les noms étaient d’abord, pour la plupart, de pures épithètes
du soleil ; qui en vinrent, dans le cours du temps,
à désigner différents dieux. C’est ainsi que l’on adorait le
soleil en tant que Bal ou Baal (fig. 246), le Seigneur,
et en tant que Moloch, ou le Roi ; noms qui graduellement
s’appliquèrent à des déités diverses, juste comme Endymion, Hypérion, Apollon, Persée ; tous, originairement,
de simples noms d’Hélios, le soleil, devinrent
à la longue les noms de différents personnages.
La déesse assyrienne qui présente une analogie véritable
avec une déesse grecque, c’est Isthar, avec Aphrodite.
Fig. 247 et 248. — Astarté.
Les Grecs en parlent sous le nom d’Astarté (fig. 247
et 248). On sera probablement étonné d’apprendre que
c’est, d’un autre côté, l’Astaroth de la Bible. Il est facile de
retrouver, également dans le conte mythique de Perséphone
(et dans celui d’Osiris en Égypte), l’idée qui
préside à l’histoire de Tammuz, connu encore sous le
nom d’Adonis, le Seigneur : les femmes portaient le deuil
de sa mort en automne. Noter enfin Xisuthro, un juste. qui échappa, dans une arche, à un grand déluge inondant
toute la Babylonie. Oannès, le dieu-poisson de
Babylone, comme émergeant journellement de la mer et
possédant une sagesse mystérieuse, est, manifestement,
le même personnage que le Protée grec.
- ↑ Le Traducteur.