Les Dieux antiques/Les Grandes Épopées

J. Rothschild, éditeur (p. 243-247).




LES

GRANDES ÉPOPÉES ARYAQUES

LES ARGONAUTES.

LE CONTE DE TROIE.




LES GRANDES ÉPOPÉES ARYAQUES [1]





Tous les peuples de race aryaque ont possédé, à une époque plus ou moins jeune, leur grande épopée. Nous ne nous occupons pas dans ce moment de la forme littéraire. Que l’épopée soit un recueil de chants brefs, reliés par la parenté qui existe entre des événements célèbres, c’est l’Iliade, œuvre multiple des aëdes, chanteurs errants. Œuvre des rhapsodes, poètes habiles et scolastiques, comme l’Odyssée, elle peut présenter un poème long et merveilleusement ordonné, mais qui date toutefois des temps primitifs ayant suivi la période des hymnes. Dans un cas et dans l’autre, ou même quand ces légendes rythmées seraient récentes autant que le Cycle d’Arthur et de Charlemagne, le Lai de Béhowulf, le Shanameh de Firdusi, l’inspiration qui les anime ou le style qui les fixe ne fait pas actuellement l’objet de notre étude. L’intérêt, alors qu’on s’occupe de Mythologie, sera sollicité par une comparaison attentive entre les éléments qui composent ces grandes épopées communes à la race, et satisfait par une découverte, à savoir qu’elles sont indiscutablement empruntées à un fond commun. Excluons, au même titre que la question littéraire, la question historique : certes l’Iliade et l’Odyssée, attribuées à un personnage multiple que la légende nomme Homère ; le Ramayânâ et le Mahabâratâ, œuvres d’un Valmîki et d’un Vyasi allégoriques ; les Nibelungen et les Saga, enfin, illustrent, avec une authenticité incontestable, les époques féodales de la Grèce primitive, l’Inde farouche et héroïque des régions septentrionales, et nous initient à des mœurs réelles : mais ces armes, ces parures, ces costumes, tout le décor, appartiennent à des personnages imaginaires, réductibles, comme les dieux, en quelque phénomène naturel. Qu’on serait étonné, menant une pareille étude au-delà des grandes épopées, et jusqu’aux légendes populaires, de trouver que non-seulement ces amples récits faits pour les demeures illustres ou de vastes réunions, mais les contes de fées qui ont égayé le foyer séculaire, ne sont jamais « QU’UNE DES NOMBREUSES NARRATIONS DU GRAND DRAME SOLAIRE ACCOMPLI SOUS NOS YEUX CHAQUE JOUR ET CHAQUE ANNÉE » [2]. Inconsciente, à coup sûr, lors de sa composition par le poète, mais authentique. Ne nous y trompons pas : « la guerre de Troie a été livrée dans toute terre aryâque. Partout on voit la recherche de la brillante jeune fille volée, et, partout, le long effort pour la recouvrer ». Roland, du Roman, c’est Achille, comme Blanche-Flor, dans Garin le Lorrain, demeure l’Hélène grecque. Berthe au grand pied, Cendrillon, on vous reconnaît : vous êtes Pénélope.


  1. Le Traducteur.
  2. Gde Myth., et jusqu’à la fin du chapitre.