Les Dieux antiques/Les Grandes Épopées
LES
GRANDES ÉPOPÉES ARYAQUES
LES ARGONAUTES.
LE CONTE DE TROIE.
ous les peuples de race aryaque
ont possédé, à une époque plus
ou moins jeune, leur grande
épopée. Nous ne nous occupons
pas dans ce moment de la forme littéraire.
Que l’épopée soit un recueil de
chants brefs, reliés par la parenté qui
existe entre des événements célèbres,
c’est l’Iliade, œuvre multiple des aëdes,
chanteurs errants. Œuvre des rhapsodes,
poètes habiles et scolastiques,
comme l’Odyssée, elle peut présenter un
poème long et merveilleusement ordonné, mais qui date
toutefois des temps primitifs ayant suivi la période des
hymnes. Dans un cas et dans l’autre, ou même quand ces
légendes rythmées seraient récentes autant que le Cycle
d’Arthur et de Charlemagne, le Lai de Béhowulf, le
Shanameh de Firdusi, l’inspiration qui les anime ou le style qui les fixe ne fait pas actuellement l’objet de notre étude.
L’intérêt, alors qu’on s’occupe de Mythologie, sera sollicité
par une comparaison attentive entre les éléments qui
composent ces grandes épopées communes à la race,
et satisfait par une découverte, à savoir qu’elles sont
indiscutablement empruntées à un fond commun. Excluons,
au même titre que la question littéraire, la
question historique : certes l’Iliade et l’Odyssée, attribuées
à un personnage multiple que la légende nomme
Homère ; le Ramayânâ et le Mahabâratâ, œuvres d’un
Valmîki et d’un Vyasi allégoriques ; les Nibelungen et
les Saga, enfin, illustrent, avec une authenticité incontestable,
les époques féodales de la Grèce primitive, l’Inde
farouche et héroïque des régions septentrionales, et nous
initient à des mœurs réelles : mais ces armes, ces parures,
ces costumes, tout le décor, appartiennent à des personnages
imaginaires, réductibles, comme les dieux, en quelque
phénomène naturel. Qu’on serait étonné, menant une
pareille étude au-delà des grandes épopées, et jusqu’aux
légendes populaires, de trouver que non-seulement ces
amples récits faits pour les demeures illustres ou de vastes
réunions, mais les contes de fées qui ont égayé le foyer
séculaire, ne sont jamais « QU’UNE DES NOMBREUSES NARRATIONS
DU GRAND DRAME SOLAIRE ACCOMPLI SOUS NOS YEUX
CHAQUE JOUR ET CHAQUE ANNÉE »
[2]. Inconsciente, à coup
sûr, lors de sa composition par le poète, mais authentique.
Ne nous y trompons pas : « la guerre de Troie a été
livrée dans toute terre aryâque. Partout on voit la
recherche de la brillante jeune fille volée, et, partout, le long effort pour la recouvrer ». Roland, du Roman, c’est Achille, comme Blanche-Flor, dans Garin le Lorrain, demeure l’Hélène grecque. Berthe au grand pied, Cendrillon, on vous reconnaît : vous êtes Pénélope.