Les Dieux antiques/Mythes latins non identifiés avec les mythes grecs

J. Rothschild, éditeur (p. 236-242).




DÉITÉS LATINES
NON IDENTIFIÉES AVEC DES DIEUX GRECS.


Les Lares, d’abord : ce sont des déités domestiques, qu’on paraît avoir regardées comme les âmes des ancêtres défunts ; il y avait ceux non-seulement des familles, mais de la cité, de la contrée, des routes. Ils forment un groupe de la classe plus vaste, connue sous le nom de Pénates, ou dieux de la maison ; dont le nom semble dérivé de panus, une provision de nourriture. Des Pénates publics existaient, aussi bien que les Pénats privés. Connaît-on les Lares (fig. 193) sous quelque autre nom ? certes ; on les invoque communément en tant que Mânes, nom général donné aux esprits des morts. Ce mot signifie « les bons », et se retrouve dans le nom de Mana, divinité italique (et dans le mot immanis, cruel).

Des esprits qu’on supposait capables de nuire aux vivants s’appelaient Lémures : les spectres des morts, généralement Larves.

Les Palici sont deux déités jumelles, adorées en Sicile, dont on ne sait guère autre chose que le nom ; lequel peut se rattacher, non sans quelque probabilité, à celui Fig. 193. — Les Lares.
Fig. 194. — Génie (médaille).
de Palès, déité rurale honorée particulièrement par les bergers.

Les Parques, selon les poètes des périodes avancées, sont trois sœurs qu’on identifiait avec les Moires grecques, Clotho, Lachésis et Atropos.

Le nom des Fatès, qui signifie les Sorts, servait à désigner les Parques. Le mot fatum, le Destin, veut dire « une chose proférée » ; et répond à l’Aïsa des Grecs, qui est le ’nom proféré de Jupiter, c’est-à-dire la Nécessité ou la Destinée.

Il y avait des Génies (fig. 194) : êtres surhumains, dont la vie, selon la croyance des vieilles races italiques, cessait avec celle des personnes qu’ils gardaient.

Le titre latin de dieux Indigètes était accordé aux héros mythiques de la contrée (fig. 195), qu’après leur mort on classait parmi les dieux.

Les Dii Consentes, nom marquant accord ou harmonie, désignaient dans les temps avancés les Douze Dieux de l’Olympe. Originairement ils consistaient en six déités Fig. 195. — Latinus, héros mythique romain.
Fig. 196. — Statuette de la Fortune.
mâles et six déités féminines, qu’on ne saurait déterminer avec certitude.

Bellone était la déesse latine de la guerre (bellum, guerre) comme Victoria (fig. 197), la Victoire, ou Fortuna (fig. 196), la Fortune.

La Bona dea, ou la bonne déesse, nous est présentée comme la sœur ou la fille de Faunus(fig. 198 et 199), et adorée seulement par les femmes. Elle s’appelle d’elle-même Fauna ; mais Faunus et Fauna signifient simplement ceux qui accordent des faveurs, et c’étaient les déités rurales des vieux Latins.

Les Camènes sont des divinités de qui les noms, dans la forme Carmentes ou Carmenæ, se rattachent à Carmen, un chant. Aussi les identifia-t-on avec les Muses grecques. Fig. 197. — La Victoire (camée).
Fig. 198. — Faunus.
Égérie est l’une des Camènes que l’on dit avoir été la conseillère secrète du roi mythique Numa.

Laverna, déesse patronne des voleurs.

Pilumnus, Picumnus, et Sémo Sancus : les deux premiers, Pilumnus et Picumnus, étaient des frères adorés comme déités rurales. Ces noms sont de simples épithètes, Pilumnus étant le mouleur du blé ; et Picumnus le remueur de terre. Ces mots Sémo Sancus se joignent en un seul nom pour désigner la même déité ; je vois réellement Fig. 199. — Faunus.
Fig. 200. — Triomphe de l’Aurore (bas-relief).
deux personnages, Sancus étant le dieu qui ratifie les serments et les contrats, et Sémo, le semeur des graines.

Pomone personnifie la déesse latine des fruits et des arbres fruitiers. On dit qu’elle fut aimée de Sylvain, déité des bois ; de Picus (qui, comme Picumnus, est le remueur du sol) et de Vertumne, le dieu des changements de saisons

Anna Pérenna était la dispensatrice de l’abondance au retour des saisons de l’année. Les poètes postérieurs l’ont identifiée avec Anna, sœur de Didon, fondatrice mythique de Carthage.

De Consus, déité, on ne sait rien autre chose sinon que la fête appelée Consualia se célébrait en son honneur. (On peut rattacher ce nom à celui des dieux Consentès.) Fig. 201. — Zéphyre.
Fig. 202. — Eurus.

Qu’est-ce que Gradivus et Mulciber ? Gradivus est un nom de Mars, en tant que « le dieu aux vastes enjambées », et Mulciber, de Vukain, en tant que « celui qui adoucit le fer chaud ». Enfin Favonius ? un nom du vent d’Ouest ou de Sud-ouest appelé par les Grecs Zéphyre (fig. 201). Eurus (fig. 202) et Nautus (fig. 203) : autres vents.

Inutile de dire qu’Aurore (fig. 200) est la déesse du matin, identifiée avec le grec Éos, la femme de Tithon. Remarquez seulement que ce nom correspond à quelque Fig. 203. — Nautus.
chose dans la mythologie orientale : il se rattache au sanscrit Ushas, un nom de l’aurore, issu d’une racine commune au latin aurum, l’or, et urere, brûler.