A Hélio-Foutropolis (p. 106-108).

Les Costumes théâtrales, 1793, bandeau début de chapitre
Les Costumes théâtrales, 1793, bandeau début de chapitre

ROUTE DE CYTHÈRE.

A Vingt ans, le beau voyage
Que je fis chez les Amours,
Laissant de l’apprentissage
Le ridicule secours.
Je vainquis une pucelle !
Dieux ! quels plaisirs ! ah ! quel bien !
Dans le bijou de la belle,
De forger ce beau lien.

Remuant la charnière,
Et me pressant dans ses bras,
Chaque coup du derrière,
M’indiquait nouveaux appas.
Ah ! quel ravissant délire,
De revivre et de mourir,
Si j’enfonce, elle soupire,
Pour m’exciter au plaisir.

Rouvrant l’œil à la lumière,
Alors ma divinité,
D’un fameux coup de Croupière,
Me rend bien plus enchanté ;
Frottant son ventre d’ivoire,
J’éprouve nouvelle ardeur,
Je la baise, et cette histoire
Renouvelle mon bonheur.

A trente ans bon militaire,
Je volais dans les combats,
Sans d’une Nymphe légère,
Rejetter les doux ébats :
A faire la douce affaire,
M’occupait en garnison,
Bien couché sur ma bergère,
Je chantais mon oraison.

Sur un beau tetton d’albâtre
Prodiguant le doux baiser,
Sur sa moniche folâtre,
On me voyait reposer,

Mais la belle avec yvresse
Se fâchant de ce repos,
D’un vigoureux coup de fesse,
Sait bien me rendre dispos.

D’un plus plaisant badinage
Je sus donner la leçon,
Et du doigt faisant usage
Je travaille à ma façon.
Avec Grisette gentille,
De penchans voluptueux,
Mon rusé doigt major brille
Je contente ainsi ses vœux.

Bientôt par cet exercice,
Mes plaisirs sont éclipsés ;
Car il n’est plus de novice,
Quand quarante ans sont passés.
Le plaisir n’est que chimère,
On bande hélas ! tristement,
L’homme retourne en arrière,
Et voit son égarement.


FIN.