Les Contemporains/Deuxième série/La Comtesse Diane

Société française d’imprimerie et de librairie (Deuxième sériep. 189-202).

LA COMTESSE DIANE


Celui de mes amis dont je rapporte quelquefois ici les propos, voyant sur ma table un de ces mignons recueils de « pensées » et de « maximes » que publie l’éditeur Ollendorff, eut une moue dédaigneuse d’homme supérieur — cette moue de Pococurante qui faisait dire à Candide : « Quel grand génie que ce Pococurante ! Rien ne peut lui plaire, » — et, sans prendre seulement la peine de feuilleter le petit volume, il me tint à peu près ce discours :

« Jamais on n’a écrit autant de Pensées que dans ces derniers temps : Petit bréviaire du Parisien, Roses de Noël, Maximes de la vie, Sagesse de poche, sans compter les nouvelles maximes de La Brochefoucauld dans la Vie parisienne. D’où vient cette abondance ?[1]

« Elle est bien surprenante au premier abord ; car, songez un peu à ce que doit être un livre de Pensées ! Du triple extrait de sagesse, de science et d’expérience. Il y faut, à chaque ligne, de la profondeur, de la finesse, de la délicatesse ou de l’esprit. Par la forme même de son livre, par la disposition typographique qui, isolant chaque pensée, nous la présente comme souverainement importante et nous la propose pour sujet de méditation, l’auteur semble prendre envers nous cet engagement que chacun de ces brefs alinéas supposera et résumera une masse considérable d’observations particulières, en contiendra tout le suc, sera l’équivalent d’un roman, d’une comédie, tout au moins d’un sermon ou d’une chronique. Il s’oblige à nous donner de l’exquis tout le temps. Des phrases ainsi mises en vedette, et auxquelles il attache visiblement tant de prix, n’ont pas le droit d’être insignifiantes ou banales.

« Il est donc furieusement honorable pour notre temps qu’un genre si difficile y fleurisse : apparemment, si nous écrivons tant de Pensées, c’est que, tard venus dans le monde et à une époque où l’observation est plus et mieux pratiquée qu’elle ne l’a jamais été, nous sommes un tas de moralistes très forts qui avons fait le tour des choses, qui sommes allés partout, et qui en revenons surchargés d’expérience… Mais je me méfie, comme dit M. Sarcey, et j’ai peur que cette floraison de maximes ne s’explique encore d’une autre façon.

« Il se pourrait qu’elles fussent charmantes sans être bien neuves, qu’elles ajoutassent peu de chose au vieux trésor des anciens moralistes, qu’elles n’eussent guère d’autre valeur que celle d’un exercice élégant. Une époque avancée, comme celle où nous nous agitons stérilement, est sans doute une époque de grande expérience, mais aussi d’habileté extrême en tout genre. Nos contemporains sont adroits comme des singes. Or, les « maximes et réflexions », c’est un genre connu, qui a ses procédés. Une pensée, cela s’élabore intérieurement, mais cela se fabrique aussi par l’extérieur. Les moralistes ont laissé des moules : ces moules peuvent produire des pensées indéfiniment, car tout ce qu’on y coule devient pensée. Les Maximes de La Rochefoucauld ne sont plus ainsi qu’un jeu de société, et c’est pourquoi les femmes, avec leur faculté d’imitation, leur merveilleuse souplesse d’esprit, y ont maintes fois excellé. Jeu assez difficile, il faut le reconnaître, mais qui s’apprend enfin. Les moyens de réussir à ce jeu, il ne serait pas impossible, je crois, de les formuler, et ce serait même un joli sujet pour un chroniqueur, qui intitulerait cela : La Rochefoucauld dévoilé ou les principales manières d’écrire des pensées sans en avoir.

« D’abord un moraliste, cela est plus ou moins pessimiste, cela n’a pas d’illusions sur les hommes ni sur les mobiles de leurs actes. Il s’agit ordinairement, pour lui, de démêler la part d’égoïsme cachée partout, même dans les vertus. Un bon traité de psychologie classique, qui nous donne la liste complète des passions et affections bonnes ou mauvaises, est très commode pour imaginer des « cas ». Et le mobile égoïste, on le trouve toujours, en s’appliquant. La Rochefoucauld a déjà fait ce petit travail ; mais on peut le recommencer ; et il y a mille façons de répéter les mêmes choses en d’autres termes.

« Certains sujets sont inépuisables : la vanité, l’orgueil, l’imagination, l’amitié, l’amour, les femmes, etc. Les « piperies » de l’imagination se renouvellent en partie avec les âges. Toutes les oppositions entre l’amitié et l’amour n’ont pas encore été exprimées. On n’aura jamais dit de combien de façons l’amour peut être égoïste ou désintéressé, ni de combien de façons il peut modifier nos autres sentiments. Et sur les femmes on peut dire tout ce qu’on voudra : tout sera également vrai.

« C’est aussi une mine très riche que les « erreurs de l’opinion ». Quelqu’un qui piocherait la classification de ces erreurs telle que Bacon l’a établie, et qui s’efforcerait de trouver, pour chaque catégorie, quelques cas particuliers, arriverait sans trop de peine à un résultat dont il se saurait beaucoup de gré.

« On peut encore passer en revue les auteurs dramatiques et les romanciers et libeller sous forme de maximes les vérités qui ressortent de quelques-unes de leurs œuvres — ou bien rajeunir les proverbes — ou bien s’emparer d’une pensée célèbre et en prendre le contre-pied : ce sera presque aussi vrai et cela paraîtra plus piquant.

« Mais surtout il faut feuilleter le dictionnaire et avoir dans la tête un certain nombre de tours de phrase ; car ce sont les mots eux-mêmes et les tours de phrase connus qui suggèrent le plus de pensées ».

« Voici d’abord une formule d’un assez grand usage. Il s’agit de trouver quatre sentiments, passions, vices, vertus, qualités, défauts, etc., dont les deux premiers soient entre eux dans le même rapport que les deux derniers. Le schème ordinaire est celui-ci : «… est à… ce que… est à… » Il est évident que, dès qu’on a les deux premiers mots, on parvient presque toujours à trouver les deux autres. Par exemple… (mais il va sans dire que mes exemples n’ont aucun prix : je les improvise et ils valent exactement ce qu’ils me coûtent), on me donne pudeur et innocence. Voyons un peu : La pudeur est à l’innocence… mettons : ce que la modestie est à la vertu ; ou bien : ce que le duvet est à la pêche ; ou bien ce qu’un léger voile est à la beauté. Et alors la « proportion » se corse d’une image. — Autre exemple. Je prends mélancolie et tristesse ; je songe tout de suite à rire et gaieté, et j’écris : La mélancolie n’est pas plus de la tristesse que le rire n’est de la gaieté. Cela ne veut rien dire, mais on ne s’en douterait pas.

« Nous appellerons cela la pensée algébrique ».

« La préoccupation de faire des antithèses suggère aussi beaucoup de pensées. Il est rare que la réunion de mots exprimant des idées contraires n’ait pas l’air de signifier quelque chose. L’amitié naît des confidences… voilà qui n’est pas difficile à trouver. Cherchez l’antithèse, et vous obtiendrez cette maxime, qui vous a un air fin et qui en vaut une autre : L’amitié naît des confidences, et elle en meurt.

« Ou bien le mot larme vous vient à l’esprit, et il suscite immédiatement le mot sourire. Vous marmottez : Il y a des larmes…, il y a des larmes…, et, comme vous ne voulez rien dire de commun, vous trouvez d’abord, je suppose : Il y a des larmes qui remercient. La pensée est faite ; vous n’avez qu’à ajouter : et des sourires qui reprochent. À moins que vous ne préfériez des larmes qui disent au revoir et des sourires qui disent adieu, ou des larmes qui rient et des sourires qui pleurent. Cela n’est point de première force ; mais à la dixième tentative je trouverais peut-être mieux, et d’ailleurs je ne m’occupe ici que du procédé.

« Nous appellerons cela la pensée antithétique. »

« D’autres fois on s’applique à ébouriffer ses contemporains ; on contredit brusquement, sans crier gare, le sens commun et les impressions les plus naturelles. Par exemple, on s’écrie tout à coup : Il n’est pire orgueil que l’humilité chrétienne, ou encore : La vertu est le plus odieux des calculs parce qu’il est le plus sûr. Presque toujours ces boutades ont un air profond. Quand elles risquent d’être trop impertinentes, on ajoute : souvent, quelquefois ; il est des cas

« Nous appellerons cela la pensée paradoxale. »

« Après le genre tranchant, fendant, le genre suave, poétique, idéaliste. On avise quelque sentiment ou quelque façon d’agir particulièrement honorable, et on tâche d’en donner quelque raison ou d’en tirer quelque remarque qui témoigne à la fois de notre esprit et de notre cœur. À cette catégorie se rapportent toutes les réflexions sur ce thème, qu’il est meilleur d’aimer que d’être aimé. On dira fort bien : Celui que j’aime ne me doit rien, puisque je l’aime ! Beaucoup de pensées de cette espèce commencent ainsi : Il y a une douceur secrète… Il y a je ne sais quel charme… Il y a un plaisir délicat… Par exemple : Il y a un plaisir délicat, pour un bel homme, à respecter la femme de son ami. Comme ce genre supporte et même suppose une psychologie très fine on ne craindra pas, au besoin, d’allonger un peu la pensée, en la tarabuscotant. On dira : L’opinion publique, en flétrissant l’homme qui est l’obligé de sa maîtresse, ne laisse-t-elle pas entendre que la femme nous fait, en se donnant, un don complet auquel elle ne saurait ajouter sans le diminuer par là même !

« Nous appellerons cela la pensée genre Vauvenargues ou genre Joubert ». Celles que je viens de produire sont du Joubert-Jocrisse ou du Vauvenargues-Guibollard ; mais, encore une fois, je n’ai voulu qu’indiquer le tour et le ton.

« Ou bien on prend des vertus proches voisines ou des vices parents, et l’on s’évertue à saisir les nuances qui les distinguent. Soit : orgueil, vanité, amour-propre, fatuité. On écrit bravement : L’orgueil est viril, la vanité est féminine, l’amour-propre est humain. — La fatuité est la vanité de l’homme dans ses rapports avec la femme.

Il y a un moindre abîme entre la modestie et l’orgueil qu’entre l’orgueil et la vanité, etc.

« Nous appellerons cela la pensée définition ».

« On peut être plus banal encore sans en avoir l’air. On prend la réflexion la plus vulgaire et on lui donne, par une image imprévue, une apparence de nouveauté.

Notre imagination dépasse ordinairement ce que nous apporte la réalité, » voilà certes une pensée qui n’a rien de rare. Eh bien, travaillons là-dessus. Nous nous rappelons que l’imagination est « la folle du logis » : c’est une première indication. Creusons ce mot logis et nous ne tarderons pas à écrire : L’imagination est une maîtresse d’auberge qui a toujours plus de chambres que de clients.

« Nous appellerons cela la pensée pittoresque ».

« Enfin il y a telle idée plate et incolore, telle banalité honteuse, tel truisme misérable, qu’un tour sentencieux réussit à déguiser en pensée. Exemple : Attendre est peut-être le dernier mot de la politique ».

« Nous appellerons cela la pensée à la Royer-Collard.

« Pour conclure, les « pensées et maximes » sont un genre épuisé et un genre futile ».

« Un genre épuisé ; car ce ne sont jamais que des observations plus ou moins générales, des remarques explicatives sur des collections de faits. Or les faits peuvent bien changer et, en partie, l’extérieur de la vie humaine, mais non point les instincts et les sentiments primordiaux à la constatation desquels se ramène tout l’effort du faiseur de maximes. Et ces observations générales, il y a beau temps qu’elles ont été faites : on ne peut qu’en varier la forme (il est vrai qu’on le peut indéfiniment et qu’on y peut mettre sa marque personnelle) ».

« Un genre futile ; car, pourvu qu’on ait un peu lu, qu’on ait une teinture de philosophie et une expérience telle quelle de la vie et des passions humaines, toutes les pensées qui nous viennent sont nécessairement vraies. Cela est aisé à comprendre. Il n’y a pas de loi universelle des actes et des sentiments humains : dès lors on est bien sûr que toute maxime trouvera son application dans la réalité, car elle constatera forcément ou ce qui arrive presque toujours ou ce qui arrive quelquefois : si elle ne vise pas la règle, elle visera l’exception. Dans le premier cas, le lecteur dira : « Comme c’est vrai ! » et dans le second cas : « Tiens ! tiens ! c’est vrai tout de même » — à moins qu’il ne se contente de dire, dans le premier cas : « Hum ! si on veut ! » et dans le second : « Dame ! c’est bien possible ! »

« Pourtant la plupart des maximes, quand elles ne sont pas tout à fait misérables, semblent tout de suite piquantes et ingénieuses — justement parce qu’elles ont un petit air d’oracle, parce qu’on nous les jette à la tête sans explications et sans preuves, parce qu’elles sont, pour ainsi dire, coupées de leurs racines. On se laisse séduire à ce qu’elles ont quelquefois d’imprévu et d’indémontré. On a tort, car à le bien prendre, ce qui est intéressant, c’est ce qu’elles suppriment et sous-entendent, c’est le particulier, ce sont les observations spéciales que le moraliste est censé avoir faites sur des réalités concrètes et bien vivantes. Ce qui est intéressant, c’est une nouvelle, un roman, une comédie de mœurs, un portrait, une chronique, un article de journal ; mais un recueil de « pensées » n’a de valeur qu’à la condition que toutes se rapportent à un même point de vue, ou reflètent une même philosophie, ou tendent à nous faire connaître la personne même du moraliste : et alors il faut que cette personne ne soit point la première venue. C’est le cas pour Pascal, La Rochefoucauld, La Bruyère, Joubert.

« Maintenant il est très vrai que, même quand les pensées ne sont qu’un jeu d’esprit, il faut encore beaucoup d’esprit pour y réussir agréablement. »

Je ne retiens que cet aveu de mon ami Pococurante La preuve qu’il faut, en effet, déjà beaucoup d’esprit pour écrire des maximes qui soient simplement agréables et piquantes, c’est que toutes celles qu’il vient d’improviser avec une prétentieuse négligence ne valent pas le diable. Il prétend nous démontrer que ce genre littéraire a peut-être bien ses procédés, comme les autres : belle découverte ! Le reste de sa dissertation revient à dire qu’un livre de maximes vaut exactement ce que vaut l’esprit de l’auteur : nous n’avions pas besoin du secours de ses lumières pour nous en aviser.

Le fait est que l’on parcourt avec un plaisir très vif les Maximes de la vie de la comtesse Diane. Le charme de ce petit livre, c’est qu’il est franchement féminin : il a la grâce, la légèreté et, dans son manque apparent d’unité, un joli caprice. Sa principale matière, c’est l’homme dans la société : il est plein de ces remarques que l’on sent bien venir d’une femme, qu’elle a dû faire dans quelque salon, au courant d’une causerie. Une femme dont presque toute la vie se passe dans le monde, en réceptions et en conversations, une femme entourée et courtisée et dont la présence seule met les vanités en éveil et aussi les désirs et les tendresses, ne doit-elle pas, avec son intelligence plus rapide et sa sensibilité plus délicate, recueillir dans la comédie mondaine de plus fines impressions que nous, mieux saisir certaines faiblesses ou certains ridicules, démêler en elle et autour d’elle, de plus rares complications ou de plus subtiles nuances de sentiments ? Sur l’amour, sur le mariage et sur les défauts qui se trahissent surtout dans les relations mondaines, son expérience peut aller plus loin que la nôtre. On s’en aperçoit çà et là dans ce petit bréviaire.

Et ce qui ferait reconnaître encore (si on ne le savait) qu’il a été écrit par une femme, c’est l’aimable étourderie avec laquelle elle pille souvent, sans le savoir, les classiques du genre et invente de nouveau ce qui a été dit longtemps avant elle.

On dit qu’on voudrait mourir ; oui, on le voudrait…, mais on ne le veut pas.

Quel dommage que La Rochefoucauld ait déjà dit : « Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixement ! »

L’intelligence sert à tout, surtout à mettre en œuvre la bonté ; les sots veulent être bons, mais ne savent pas.

Quel dommage que La Rochefoucauld ait déjà dit : « Le sot n’a pas assez d’étoffe pour être bon ! »

Mais qu’importe ? Si La Rochefoucauld était venu après la comtesse Diane, elle l’aurait dit avant lui, voilà tout, car elle est, Dieu merci, assez riche de son fonds ! Les trois quarts au moins de ses maximes sont d’une qualité tout à fait rare. Il n’y faut pas, au reste, chercher de plan concerté : c’est le plus ravissant désordre. Désordre prémédité ; car vous trouverez, par exemple, pages 8 et 50, 20 et 36, 6 et 161, 73 et 80, 72 et 90, la même pensée sous des formes différentes : l’auteur, n’ayant le courage de sacrifier aucune de ses rédactions, a voulu sans doute dissimuler les redites en les séparant.

Je prends au hasard dans cette poignée de maximes aussi capricieusement éparses qu’une poignée de jonchets, quelques-unes de celles que j’aime le mieux et qui rentrent le moins dans les catégories prévues par mon ami Pococurante :

Je ne crains pas Dieu s’il sait tout.

La calomnie est comme la fausse monnaie ; bien des gens qui ne voudraient pas l’avoir émise la font circuler sans scrupule.

    Tout être aimé qui n’est pas heureux paraît ingrat.

Celui qui arrange un mariage sacrifie d’ordinaire une de ses connaissances à un de ses amis.

On est tenté de croire qu’on fait bien dès qu’on se sacrifie. Comme l’égoïsme, l’abnégation a son aveuglement.

La vraie séparation est celle qui ne fait pas souffrir.

Ce qu’on dit à l’être à qui on dit tout n’est pas la moitié de ce qu’on lui cache.

Quand on aime, on se sent moins d’esprit ; quand on est aimé, on en a davantage.

Pour bien donner comme pour bien recevoir, il n’y a qu’à laisser voir son bonheur.

Il faut qu’un homme soit bien aimable pour qu’on lui pardonne de n’être pas celui qu’on attendait.

La plus efficace des consolations est d’avoir à consoler.

Les belles dents rendent gaie.

La charité du pauvre, c’est de vouloir du bien au riche.

L’indulgence qui excuse le mal est moins rare que la bienveillance qui ne le suppose même pas ; parce qu’on se fait moins d’honneur en ne soupçonnant rien qu’en pardonnant tout.

La morale nous défend de céder à la tentation et ne nous console pas toujours d’y avoir résisté.

Mais tout finirait par y passer. Vous jugez bien qu’on ne fabrique pas ces pensées-là avec des procédés et des formules. Grâce, finesse et bonté, indulgence sans illusions, philosophie douce qui rappelle, avec quelque chose de plus sain et de plus tendre, celle de quelques femmes du siècle dernier, une sagacité qu’on ne trompe pas, mais qui pardonne parce qu’elle comprend, une intelligence très pénétrante et passablement désenchantée, mais consolée par un très bon cœur…, ai-je dit tout ce qu’on trouve dans les Maximes de la comtesse Diane ? J’y mettrais volontiers ce sous-titre, en arrangeant un peu la phrase de Nicole : « Des sentiments qu’il faut avoir et des choses qu’il est bon de connaître pour vivre en paix avec les hommes. » Et j’y ajouterais comme épigraphe, le mot de Mme de Sévigné, qui résume en effet un grand nombre de ces Maximes : « Rien n’est bon que d’avoir une belle et bonne âme. » Quand cette belle et bonne âme a par surcroît autant d’esprit que la comtesse Diane, c’est un délice.


  1. Maximes de la vie. — Ollendorff.