Les Complaintes (Mercure de France 1922)/Complainte des bons Ménages

Les Complaintes (Mercure de France 1922)
Les ComplaintesMercure de FranceI. Poésies (p. 131).


COMPLAINTE
DES BONS MÉNAGES


L’Art sans poitrine m’a trop longtemps bercé dupe.
Si ses labours sont fiers, que ses blés décevants !
Tiens, laisse-moi bêler tout aux plis de ta jupe
Qui fleure le couvent.

Le Génie avec moi, serf, a fait des manières ;
Toi, jupe, fais frou-frou, sans t’inquiéter pourquoi,
Sous l’œillet bleu de ciel de l’unique théière,
Sois toi-même, à part moi.

Je veux être pendu, si tu n’es pas discrète
Et comme il faut, vraiment ! Et d’ailleurs tu m’es tout.
Tiens, j’aimerai les plissés de ta collerette
Sans en venir à bout.

Mais l’Art, c’est l’Inconnu ! qu’on y dorme et s’y vautre,
On peut ne pas l’avoir constamment sur les bras !
Eh bien, ménage au vent ! Soyons Lui, Elle et l’Autre.
Et puis, n’insistons pas.