Les Complaintes (Mercure de France 1922)/Complainte des Consolations

Les Complaintes (Mercure de France 1922)
Les ComplaintesMercure de FranceI. Poésies (p. 129-130).


COMPLAINTE
DES CONSOLATIONS


Quia voluit consolari.


Ses yeux ne me voient pas, son corps serait jaloux ;
Elle m’a dit : « monsieur… » en m’enterrant d’un geste ;
Elle est Tout, l’univers moderne et le céleste.
Soit ! draguons donc Paris, et ravitaillons-nous,
Tant bien que mal, du reste.

Les Landes sans espoir de ses regards brûlés
Semblaient parfois des paons prêts à mettre à la voile…
Sans chercher à me consoler vers les étoiles,
Ah ! Je trouverai bien deux yeux aussi sans clés,
Au Louvre, en quelque toile !


Oh ! qu’incultes, ses airs, rêvant dans la prison
D’un cant sur le qui-vive au travers de nos hontes !
Mais, en m’appliquant bien, moi dont la foi démonte
Les jours, les ciels, les nuits, dans les quatre saisons
Je trouverai mon compte.

Sa bouche ! à moi, ce pli pudiquement martyr
Où s’aigrissent des nostalgies de nostalgies !
Eh bien, j’irai parfois, très sincère vigie,
Du haut de Notre-Dame aider l’aube au sortir
De passables orgies.

Mais, Tout va la reprendre ! — Alors Tout m’en absout.
Mais, Elle est ton bonheur ! — Non ! je suis trop immense,
Trop chose. Comment donc ! mais ma seule présence
Ici-bas, vraie à s’y mirer, est l’air de Tout :
De la Femme au Silence !