Les Chroniques de Sire Jean Froissart/Livre I, Partie II/Chapitre XX

Texte établi par J. A. C. Buchon (Ip. 322-325).

CHAPITRE XX.


Comment ceux de Rouen et d’Évreux se refusèrent à l’établissement d’une gabelle sur le sel par l’ennortement du seigneur de Harecourt et du roi de Navarre, et comment le roi Jean fit mettre les mains sur le roi de Navarre ens ou châtel de Rouen.


Nous nous souffrirons un petit à parler du prince et parlerons d’aucunes incidences qui avinrent en celle saison, qui trop grévèrent le royaume.

Vous avez bien ouï conter ci-dessus comment messire Charles d’Espaigne fut mort par le fait du roi de Navarre, dont le roi de France fut si courroucé sur le dit roi, quoiqu’il eût sa fille épousé, que oncques depuis ne le put aimer, comment que par moyens et par bonnes gens qui s’en ensonnièrent, le roi de France, pour eskiver plus de dommage en celle année, lui pardonna.

Or avint que les consaus du roi Jean l’ennortèrent à ce que, pour avoir aide sur ses guerres, il mit aucune gabelle sur le sel[1] où il trouveroit grand’reprise pour payer ses soudoyers. Si la mit le roi[2] ; et fut accordée en trop de lieux en France, et la levèrent les impositeurs. Donc pour cette imposition et gabelle il avint un grand meschef en la cité d’Arras en Picardie[3], car la communauté de la ville se rebellèrent sur les riches hommes et en tuèrent, sur un samedi à heure de tierce jusques à midi, quatorze des plus suffisans ; dont ce fut pitié et dommage, et est, quand méchans gens sont au dessus des vaillans hommes. Toutefois ils le comparèrent depuis, car le roi y envoya son cousin monseigneur Jacques de Bourbon, qui fit prendre tous ceux par lesquels la motion avoit été faite, et leur fit sur la place couper les têtes.

J’ai de cette gabelle touché un petit, pourtant que quand les nouvelles en vinrent en Normandie, le pays en fut moult émerveillé, car ils n’avoient point appris de payer telle chose[4]. En ce temps y avoit un comte en Harecourt qui siéd en Normandie, qui étoit si bien de ceux de Rouen qu’il vouloit. Si que il dit, ou dut avoir dit, à ceux de Rouen, qu’ils seroient bien serfs et bien méchans, si ils s’accordoient à cette gabelle, et que, si Dieu le pouvoit aider, elle ne courroit jà en son pays, ni il ne trouveroit si hardi homme de par le roi de France qui la dût faire courir, ni sergent qui en levât, pour la inobédience, amende, qui ne le dût comparer du corps.

Le roi de Navarre, qui pour ce temps se tenoit en la comté d’Évreux, en dit autre-tant, et dit bien que jà cette imposition ne courroit en sa terre. Aucuns barons et chevaliers du pays tinrent leur opinion et s’allièrent, tout par foi jurée, au roi de Navarre et le roi avec eux, et furent rebelles aux commandemens et ordonnances du roi, tant que plusieurs autres pays y prirent pied.

Ces nouvelles vinrent jusques au roi Jean qui étoit chaud et soudain, comment le roi de Navarre, le comte de Harecourt, messire Jean de Graville[5] et plusieurs autres chevaliers de Normandie étoient contraires à ces impositions et les avoient défendues en leurs terres. Le roi retint cette chose en grand orgueil et grand’présomption, et dit qu’il ne vouloit nul maître en France fors lui. Cette chose se couva un petit, avec autres haines que on y attisa, tant que le roi Jean fut trop malement dur informé sur le roi de Navarre et le comte de Harecourt et aussi messire Godefroy de Harecourt qui devoit être de leur alliance et un des principaux ; et fut dit au roi de France que le roi de Navarre et celui de Harecourt dévoient mettre les Anglois en leur pays et avoient de nouveau fait alliance au roi d’Angleterre[6]. Je ne sais si c’étoit voir ou non, ou si on le disoit par envie, mais je ne crois mie que si vaillans gens et si nobles et de si haute extraction voulussent faire ni penser trahison contre leur naturel seigneur. Il fut bien vérité que la gabelle du sel ils ne voulurent oncques consentir que elle courût en leurs terres. Le roi Jean qui étoit léger à informer, et dur à ôter d’une opinion puis qu’il y étoit arrêté, prit les dessus dits en si grand’haine que il dit et jura que jamais n’auroit parfaite joie tant que ils fussent en vie.

En ce temps étoit son ains-né fils, messire Charles, en Normandie dont il étoit duc[7], et tenoit son hôtel ens ou châtel de Rouen et ne savoit rien des rancunes mortelles que le roi son père avoit sur le roi de Navarre et le comte de Harecourt et messire Godefroy son oncle, mais leur faisoit toute la bonne compagnie qu’il pouvoit par l’amour et le vicinage. Et avint que il les fit prier par ses chevaliers de venir dîner avec lui au châtel de Rouen. Le roi de Navarre et le comte de Harecourt ne lui volrent mie escondire, mais lui accordèrent liement. Toutefois si ils eussent cru messire Philippe de Navarre et messire Godefroy de Harecourt, ils n’y fussent jà entrés. Ils ne les crurent pas, dont ce fut folie ; mais vinrent à Rouen et entrèrent par les champs au châtel où ils furent reçus à grand’joie.

Le roi Jean, qui tout informé étoit de ce fait et qui bien savoit l’heure que le roi de Navarre et le comte de Harecourt dévoient être à Rouen et dîner avec son fils, et devoit être le samedi, se départit le vendredi à privée mesnée ; et chevauchèrent tout ce jour ; et fut en temps de la nuit de Pâques fleuries. Si entra ens ou châtel de Rouen, ainsi que cils seigneurs séoient à table, et monta les degrés de la salle, et messire Arnoul d’Andrehen devant lui qui traist une épée et dit : « Nul ne se meuve, pour chose qu’il voie, si il ne veut être mort de cette épée[8] ! »

Vous devez savoir que le duc de Normandie, le roi de Navarre, le comte de Harecourt et cils qui séoient à table[9], furent bien émerveillés et ébahis, quand ils virent le roi de France entrer en la salle et faire telle contenance, et voulsissent bien être autre part. Le roi Jean vint jusques à la table où ils séoient. Adonc se levèrent-ils tous contre lui et lui cuidèrent faire la révérence, mais il n’en avoit du recevoir nul talent. Ainçois s’avança parmi la table et lança son bras dessus le roi de Navarre et le prit par la keue et le tira moult roide contre lui en disant : « Or sus, traître, tu n’es pas digne de seoir à la table de mon fils. Par l’âme de mon père, je ne pense jamais à boire ni à manger tant comme tu vives ! »

Là avoit un écuyer qui s’appeloit Colinet de Bleville[10] et tranchoit devant le roi de Navarre. Si fut moult courroucé, quand il vit son maître ainsi demener ; et trait son badelaire, et le porta en la poitrine du roi de France et dit qu’il l’occiroit. Le roi laissa à ce coup le roi de Navarre aller et dit à ses sergens : « Prenez-moi ce garçon et son maître aussi. »

Maciers et sergens d’armes saillirent tantôt avant, et mirent les mains sur le roi de Navarre, et l’écuyer aussi, et dirent : « Il vous faut partir de ci, quand le roi le veut. » Là s’humilioit le roi de Navarre grandement, et disoit au roi de France : « Ha ! monseigneur, pour Dieu merci ! qui vous a si dur informé sur moi ? si Dieu m’ait, oncques je ne fis, sauve soit votre grâce, ni pensai trahison contre vous[11] ni monseigneur votre fils[12], et, pour Dieu merci ! veuillez entendre à raison. Si il est homme au monde qui m’en veuille amettre, je m’en purgerai par l’ordonnance de vos pairs, soit du corps ou autrement. Voir est que je fis occire Charles d’Espaigne qui étoit mon adversaire, mais paix en est, et j’en ai fait la pénitence. » — « Allez, traître, allez, répondit le roi de France, par monseigneur Saint Denis, vous saurez bien prêcher ou jouer de fausse menterie si vous m’échappez. »

Ainsi en fut le roi de Navarre mené en une chambre et tiré moult vilainement et messire Frichet de Frichans un sien chevalier[13] avec lui, et Colinet de Bleville ; ni pour chose que le duc de Normandie dit, qui étoit en genoux et à mains jointes devant le roi son père, il ne s’en vouloit passer ni souffrir. Et disoit le duc, qui lors étoit un jeune enfant[14] : « Ah ! monseigneur, pour Dieu merci ! vous me déshonorez : que pourra-t-on dire de moi, quand j’avois le roi et ses barons prié de dîner de-lez moi et vous les traitez ainsi ; on dira que je les aurai trahis[15]. Et si ne vis oncques en eux que tout bien et toute courtoisie. » — « Souffrez-vous, Charles, répondit le roi, ils sont mauvais traîtres, et leurs faits les découvriront temprement : vous ne savez pas tout ce que je sais. »

À ces mots passa le roi avant, et prit une masse de sergent et s’en vint sur le comte de Harecourt, et lui donna un grand horion entre les épaules et dit : « Avant, traître orgueilleux, passez en prison à mal estrene. Par l’âme de mon père, vous saurez bien chanter, quand vous m’échapperez. Vous êtes du lignage le comte de Ghines. Vos forfaits et vos trahisons se découvriront temprement »

Là ne pouvoit excusance avoir son lieu, ni être ouïe, car le dit roi étoit enflammé de si grand aïr qu’il ne vouloit à rien entendre fors à eux porter contraire et dommage. Si furent pris, à son commandement et ordonnance, les dessus nommés, et encore avec eux messire Jean de Graville et un autre chevalier qui s’appeloit messire Maubué, et boutés en prison moult vilainement. De quoi le duc de Normandie et tous les autres furent durement troublés, et aussi furent les bonnes gens de Rouen, car ils aimoient grandement le comte de Harecourt, pourtant qu’il leur étoit propice et grand conseiller à leurs besoins : mais nul n’osoit aller au devant ni dire au roi : « Sire, vous faites mal d’ainsi traiter ces vaillans hommes. » Et pour ce que le roi désiroit la fin des dessus nommés, et qu’il se doutoit que les communautés de Rouen ne lui fésissent force, car bien savoit qu’ils avoient grandement à grâce le comte de Harecourt, il fit venir avant le roi des ribaus[16] et dit : « Délivrez-nous de tels et de tels. » Celui-ci fut tout appareillé au commandement du roi ; et furent traits hors du châtel de Rouen et menés aux champs[17] le comte de Harecourt, messire Jean de Graville, messire Maubué et Colinet de Bleville, et firent décolés sans ce que le roi voulût souffrir que oncques fussent confessés, excepté l’écuyer mais à celui fit-il grâce, et lui fut dit qu’il mourroit pour tant que il avoit trait son badelaire sur le roi : et disoit le dit roi de France que traîtres ne devoient avoir point de confession.

Ainsi fut cette haute justice faite dehors le châtel de Rouen, au commandement du dit roi, dont depuis avinrent plusieurs grands meschefs au royaume de France, ainsi que vous orrez retarder avant en l’histoire.

  1. On attribue communément l’institution de la gabelle ou impôt sur le sel à Philippe-le-Long, qui l’établit par une ordonnance du 25 février 1348 : mais on en trouve des preuves bien plus anciennes dans notre histoire. Une ordonnance de saint Louis en 1246 en fait mention. C’était d’ailleurs un tribut des empereurs romains et il est probable qu’il aura survécu à leur domination, quoiqu’il ait été souvent modifié depuis.
  2. L’ordonnance dont parle ici Froissart est une des plus importantes pour notre histoire : on la trouve en entier dans le tome iii du Recueil des ordonnances, in-folio et dans le Recueil des anciennes lois françaises de M. Isambert à l’année 1355. Cette ordonnance annonce que déjà l’esprit de liberté recommençait à se faire jour et que les usurpations successives des souverains sur les droits de la nation ne trouvaient plus la même docilité. Les trois états n’accédèrent aux demandes pécuniaires de la couronne que sous la condition que les receveurs seraient des gens à eux : une réunion de trois états fut stipulée pour l’année suivante. Le roi s’obligea à ne plus faire fabriquer de mauvaise monnaie ; et enfin, parmi plusieurs autres règlemens d’utilité publique, il fut arrêté que le droit de prise exercé d’une manière si arbitraire par le plus mince officier de la couronne, droit que tant d’ordonnances précédentes n’avaient pu rendre moins oppressif pour les peuples, serait tout-à-fait aboli ; que ceux qui voudraient l’exercer seraient traités comme autant de voleurs publics, qu’on serait autorisé à repousser la force par la force pour se soustraire à leurs demandes, et que même « si ceux sur lesquels on vouloit exercer ces mesures arbitraires n’étoient pas assez forts pour résister, ils pouvoient appeler aide de leurs voisins et des villes prochaines, lesquelles se pouvoient assembler par cris ou autrement selon ce que bon leur sembloit. » De grands bienfaits devaient sans doute résulter de cette répression du despotisme des agens inférieurs, mais le désordre des guerres civiles empêcha l’exécution de ces mesures. En donnant au gouvernement les moyens de repousser l’étranger, on le rendit assez fort pour consolider le pouvoir absolu dans l’intérieur ; et après quelques siècles on en vint au point de remettre en discussion des droits si nettement reconnus non-seulement dans l’ordonnance du roi Jean, mais dans les ordonnances des rois ses prédécesseurs, qui en établissant des règlemens arbitraires n’alléguaient nullement leurs droits, mais la nécessité des temps et en promettaient chaque fois régulièrement l’abolition prochaine.
  3. Cet impôt excita toujours des troubles en France. Sous Philippe de Valois, qui l’augmenta et le diminua tour à tour en 1331, en 1342 et en 1345, il avait déjà donné lieu à des soulèvemens, et suivant le Miroir historial : Ce roi en avoit acquis l’indignation et malegrâce tant des grands comme des petits et de tout le peuple.
  4. Plusieurs grands vassaux s’étaient refusés à faire lever la gabelle du sel sur leurs terres.
  5. Il est peu de noms qui aient été autant défigurés que celui-ci ; tour à tour il devient Granville, Graville, Girarville, Guerarville. Il est probable qu’il s’agit ici de Jean de Mallet, seigneur de Guerarville. Le second continuateur de Nangis en parle dans le même sens que Froissart.
  6. Matteo Villani assure que le roi de France montra à tout le monde un acte d’où pendaient plusieurs sceaux, par lequel il était prouvé (Villani, t. vi, ch. 26) que le roi de Navarre, le comte de Harcourt, les chevaliers normands et plusieurs autres personnes qui étaient nommées, avaient traité avec le roi d’Angleterre pour ôter la vie au roi de France et au dauphin son fils, et pour mettre la couronne sur la tête du roi de Navarre, qui devait céder à l’Anglais la Gascogne et la Normandie. Des lettres du roi d’Angleterre en date du 14 mai, adressées au pape, à l’empereur et à plusieurs autres princes, confirment l’assertion de Villani : « Personne n’ignore, dit Édouard dans ces lettres, que Jean de France, après avoir pardonné au roi de Navarre et à ses adhérens, a fait arrêter ce prince, le comte de Harcourt et plusieurs autres, et les a traités d’une manière que je voudrais pouvoir cacher, pour l’honneur de la profession des armes. Mais comme Jean, pour justifier cette action, prétend, à ce qu’on dit, avoir entre les mains des lettres du roi de Navarre et de ses amis, par lesquelles il paraît qu’ils ont conspiré contre lui, et nous ont promis de se joindre à nous et de nous livrer la Normandie ; considérant que ces discours blessent notre honneur, et voulant laver le roi de Navarre, quoiqu’il soit notre ennemi, du reproche de trahison dont on le charge à tort, nous déclarons sous parole de roi et nous protestons devant Dieu que, ni lui ni ses amis n’ont jamais fait d’alliance avec nous contre la France, etc., etc.
  7. Le roi avait donné à son fils aîné Charles le duché de Normandie la veille de la Conception 1355 : celui-ci en fit hommage le lendemain à son père, et partit peu de temps après pour son duché.
  8. Corneille Zantfliet dans sa chronique et Matteo Villani sont parfaitement d’accord avec cette narration.
  9. Outre les noms mentionnés ici, les Chroniques de Saint-Denis nomment, parmi ceux qui étaient présens, messire Louis et messire Guillaume d’Harcourt, frères de Jean, comte de Harcourt, les seigneurs de Préau et de Clère, messire Friquet de Friquans, chancelier du roi de Navarre, le sire de Tournebeu, messire Maubué de Mainemar et le sire de Graville, et deux écuyers nommés Olivier Doublet et Jean de Vaubatu.
  10. Je ne trouve ce nom dans aucune relation ; peut-être est-ce le même qu’Olivier Doublet, qui est appelé ailleurs Colin Duplet, Nicolas du Blet et Colas Doublet. Ce qui rend cette conjecture probable, c’est qu’en effet Nicolas Doublet fut compris parmi ceux que Jean fit décapiter, ainsi que le mentionne Froissart.
  11. Une pièce rapportée par Secousse dans son volume des preuves, montre que Charles de Navarre avait persuadé au duc de Normandie de s’enfuir de France auprès de l’empereur Charles IV, pour venir ensuite attaquer son père. Les noms de ceux qui devaient partir avec lui sont mentionnés dans la lettre de rémission en date du 6 janvier 1355, ou 1356 en ne commençant pas l’année à Pâques.
  12. Froissart rapporte dans un autre endroit que le bruit public accusait le roi de Navarre d’avoir donné, à cette époque, du poison au duc de Normandie.
  13. Secousse a reproduit les deux interrogatoires de Friquet, qui servent à jeter un grand jour sur ces événemens.
  14. Le duc de Normandie avait alors dix-huit ans, étant né le 21 janvier 1337.
  15. On rapporte en effet que le roi lui avait envoyé dire de ne pas s’étonner de tout ce qu’il allait voir. D’autres prétendent qu’il invita à dessein le roi de Navarre, que son père avait dès long-temps formé le projet d’arrêter, quoiqu’il eût été obligé de feindre une réconciliation par crainte d’une alliance de ce prince avec Édouard III.
  16. On donnait le nom de ribauds à des soldats d’élite, choisis pour la garde particulière des princes : le roi des ribauds était celui qui commandait cette garde.
  17. Ce champ appelé le champ du pardon était derrière le château. Les Chroniques de France ajoutent que le roi fit amener les prisonniers dans deux charrettes et monta à cheval après dîner pour aller présider à l’exécution de quatre d’entre eux. Jean, comte de Harcourt, le sire de Guérarville, messire Maubué de Mainemares et Olivier Doublet. Ce dernier est peut-être, comme je l’ai dit, l’écuyer que Froissart appelle ici Colinet de Bleville.