Les Chroniques de Sire Jean Froissart/Livre I, Partie II/Chapitre CXLV

Texte établi par J. A. C. Buchon (Ip. 451-452).

CHAPITRE CXLV.


Comment le roi de France fut honorablement reçu à Paris et lui furent présentés plusieurs beaux dons
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Le roi de France ne séjourna guères à Boulogne sur la mer, mais s’en partit tantôt après la fête de la Toussaints, et vint à Monstereul et puis à Hesdin, et fit tant que il entra en la bonne cité d’Amiens. Et partout étoit-il reçu grandement et noblement. Quand il eut été à Amiens, où il se tint presque jusques au Noël, il s’en partit et vint à Paris[1]. Là fut-il solemnellement et réveremment reçu, et à grands processions de tout le clergé de Paris, amené et aconvoyé jusques au palais, là où il descendit, et messire Philippe aussi son fils, et tous les seigneurs qui avecques le roi étoient. Et là fut le dîner grand et noble et bien étoffé.

Je ne vous aurois jamais raconté comment puissamment le roi de France fut recueilli à son retour en son royaume de toutes manières de gens ; car il étoit moult désiré. Si lui donna-t-on de beaux dons et fit-on de riches présens ; et le vinrent voir et visiter les prélats et les barons de son royaume, et le festioient et conjouissoient, ainsi comme il appartenoit ; et le roi les recevoit doucement et bellement, car bien le savoit faire.

  1. Il arriva à Paris le dimanche 13 décembre, suivant les Chroniques de France.