Les Chansons des trains et des gares/Lampisterie
LAMPISTERIE
La lampisterie est cet endroit plein de silence,
Où sont les lampes,
Où, dans les huiles et les pétroles,
Les mèches trempent,
Les mèches molles, —
Lampisterie, endroit obscur où sont les lampes.
Et le lampiste coule là,
Coule des jours monotones et sans éclat,
Sans gloire, sans smart : — en général,
Le lampiste s’habille mal,
Et les occasions sont rares,
(Peut-être le premier
Janvier ?)
Bien rares où le chef de gare
Serre sa main, sa main loyale,
Mais sale.
Mais le lampiste est un modeste,
Qu’inquiètent peu les égards :
Il se fiche du tiers, du quart,
Et du ziste comme du zeste, —
Pourvu que les lampes lui restent.
Il ne demande même pas à monter en grade :
Tout au plus, parfois, songe-t-il
Que, s’il avait des appointements comme Rothschild,
Peut-être mettrait-il une autre huile
Que celle de l’administration, dans sa salade…
(Et puis, au fond,
C’est encore une affaire d’appréciation.)
La salade du lampiste, dans l’huile des lampes.