Les Chansons des trains et des gares/Parallèlement

Édition de la Revue blanche (p. 30-31).


PARALLÈLEMENT


Parallèles
D’un parallélisme éternel,
Les rails s’en vont à l’horizon,
Et jamais, entre eux, ne feront
Des rondes, —
Jamais, jusques au bout du monde,
Les rails ne se rencontreront.

Et ils poursuivent leur chemin,
Chacun de son côté, solitaire :
Ils ne connaîtront pas le seul bonheur sur terre,
Cette douceur de la main dans la main.

Et si les rails ont l’âme aimante,
Ils n’ont, hélas ! pour assouvir
Leur désir,
Que cette union momentanée et apparente,
Dont il faut bien qu’ils se contentent,

Le baiser Lamourette des plaques tournantes.