Les Chansons de Bilitis, suivies de Chansons modernes/Les Chansons de Bilitis/95

Slatkine reprints (p. 118).


LA MER DE KYPRIS


Sur le plus haut promontoire je me suis couchée en avant. La mer était noire comme un champ de violettes. La voie lactée ruisselait de la grande mamelle divine.


Mille Ménades autour de moi dormaient dans les fleurs déchirées. Les longues herbes se mêlaient aux chevelures. Et voici que le soleil naquit dans l’eau orientale.


C’étaient les mêmes flots et le même rivage qui virent un jour apparaître le corps blanc d’Aphrodita… Je cachai tout à coup mes yeux dans mes mains.


Car j’avais vu trembler sur l’eau mille petites lèvres de lumière : le sexe pur ou le sourire de Kypris Philommeïdès.