Les Chansons de Bilitis, suivies de Chansons modernes/Les Chansons de Bilitis/94

Slatkine reprints (p. 117).


LES MÉNADES


À travers les forêts qui dominent la mer, les Ménades se sont ruées. Maskhalê aux seins fougueux, hurlante, brandissait le phallos, qui était de bois de sycomore et barbouillé de vermillon.


Toutes, sous la bassaris et les couronnes de pampre, couraient et criaient et sautaient, les crotales claquaient dans les mains, et les thyrses crevaient la peau des tympanons retentissants.


Chevelures mouillées, jambes agiles, seins rougis et bousculés, sueur des joues, écume des lèvres, ô Dionysos, elles t’offraient en retour l’ardeur que tu jetais en elles !


Et le vent de la mer relevant vers le ciel les cheveux roux de Héliokomis, les tordait comme une flamme furieuse sur une torche de blanche cire.