Les Cathédrales de France/Testament/Architecture

Armand Colin (p. 141-153).


ARCHITECTURE


Les immenses toitures des cathédrales sont des repos et des paysages.


Les arbres arrangent, animent tout, et l’architecture grandiose leur plaît. Ces arbres : des archanges qui se saluent du front, l’aile déployée verticale sur le ciel.


Ce noir profond et éloquent, ce n’est plus du noir, c’est une nourriture de haut goût : c’est la profondeur, principe actif de la beauté au Moyen Âge et dans tous les temps.

Ce principe de la force profonde a donné à tous les siècles qui ont précédé le nôtre le style qui se décline en mille variétés, jusqu’au Louis XVI, jusqu’à l’Empire même, inclusivement.


Le Gothique est le bienfaiteur de la France jusque vers 1820. Il laisse des traces encore chez certaines de nos paysannes qui ont conservé le costume noir et le bonnet des figures dont nos cathédrales sont ornées.


Ce qui est beau dans le paysage, c’est ce qui est beau en architecture, c’est l’air, c’est ce que personne n’apprécie : la profondeur. Elle séduit l’âme et l’envoie où elle veut.


Cette tige qui se gonfle est émue par une sensation nouvelle, pareille à celle de la jeune fille qui sent ses seins s’arrondir.


La procession est l’âme du bas-relief. C’est une inscription, c’est une bordure de temple, une frise, un ornement.

Et les colonnes aussi s’inspirent de la procession.


Beauvais.

En sortant de l’église je m’arrête sous le porche et, la tête levée et renversée, je regarde plafonner l’arc qui surmonte le tympan. Effet inattendu, intense. C’est le bouleversement de la création, et c’est le chaos ; et c’est aussi le Jugement Dernier. Avec les ornements qui dépassent l’arc, il semble que les architectures soient descellées : il y en a qui montent, il y en a qui tombent. Cela a la grandeur d’un cataclysme. Au bouleversement matériel des ordonnances s’ajoute celui de l’homme qui regarde, dans une attitude insolite, un peu de trois quarts, dans un profond trouble intérieur. Et cela reste beau ! — Impétueuse minute.


La Cathédrale de Chartres est, en ce moment, dans mon esprit et elle y rencontre cette Messe de Mozart où les sons divins affluent de toutes parts. Effets gracieux, innombrables lumières.

Et s’élèvent aussi les souvenirs de ma jeunesse ; je n’avais alors accès nulle part que gratuitement, et pourtant j’ai moissonné des milliers de pensées, — argent du ciel.


Devant la Cathédrale, la première impression est toute d’étonnement. L’esprit fait des efforts pour comprendre l’Autrefois et le pénétrer avec de nouveaux regards. Il fait appel aux conclusions qui généralisèrent ses études antérieures, et ainsi tente de s’approcher du sphinx.


Ces entre-croisements de forces !

En haut, les courbes, ces règles, ces palpitations de la pierre sur un ciel obscur où l’imagination cherche et entrevoit.

Ces sortes d’absides qui s’associent sur le trottoir, cet écroulement que j’admire, écroulement des temps, des Parthénons, plus ruines la nuit, plus avancés de deux siècles dans le désastre…


Le soleil vient dormir dans cette église, sur ces dalles, ces moulures, ces colonnes, sur cet ensemble qui appelle la vie et la retient à la portée de l’œil. Cette église abandonnée est comme ses épitaphes : elle vit dans la mort, son prolongement surplombe les siècles.

Sa beauté, néanmoins, ne se révèle qu’à ceux qui se rendent pareils à ses méditatifs créateurs. On ne prête pas l’admiration, elle est personnelle. Les pierres ont obéi à la conception du Maître, il y a sept cents ans : nous nous efforçons de la découvrir, de la réinventer.


Sans pureté tu peux être admis ici ; mais sans intelligence, — non, ici, dans cet endroit où l’on sait tisser les rayons du soleil et les mettre en valeur.


Sans nul doute la beauté de Reims est et nous atteint même quand la lumière défaillante ne nous permet plus de la voir. C’est la prescience qui nous la révèle, — la prescience, l’instinct, ces veilleurs ! Tout est confus pour l’œil, mais les quelques points que l’on perçoit encore suffisent à fixer l’esprit, à le conformer. Même en plein jour, du reste, quand l’édifice est tout éclairé, l’œil n’en saurait voir plus qu’en pleine nuit sans le secours de l’âme.

L’œil est un simple kodak ; l’artiste, c’est le cerveau.


Le sublime est devant ma fenêtre : indéchiffrable. J’attends la nuit pour entrer dans l’intérieur et pour comprendre.

À le bien observer, pourtant, il y a une régularité dans cette grandeur. Et il y a aussi de l’ordre à remettre dans mon esprit.

Du moins, je peux jouir déjà de cette richesse imposante de grisaille.


De fortes solives portent la voûte de stalactites. Alvéole d’abeilles où les grands artistes de la Renaissance mettront des Jugements Derniers, plus tard des Jupiters, des Psychés, des Véroniques, où les arcs rappellent l’astronomie, les voûtes célestes, et dont Dante a décrit les ellipses, ces géométries du ciel.


Dans ces anciens monuments, le clocher se laisse pénétrer par des pignons. Ce sont, d’ailleurs, tous les membres de l’édifice qui s’entre-pénètrent les uns les autres, sans se baser sur une ligne droite de départ.

Je n’ai jamais vu le soleil se modeler avec autant de gloire que dans les voussures du portail de Reims. La Vierge triomphe dans le haut fronton : couronnement de la Femme, geste divin, auquel tous les hommes s’associent, avec les anges, serviteurs ravis. — Triomphe de la douceur, apothéose de l’obéissance ; chef-d’œuvre du conseil pour les femmes.

Celle-ci, radieuse, tient son enfant, le fils de Dieu. Et l’enfant de toutes les femmes n’est-il pas toujours le fils de Dieu ?


Caen.

Caen fut une capitale organisée de l’ancienne beauté.

Il y a des chefs-d’œuvre de premier ordre, où triomphe une Renaissance issue du Gothique.

Quelle admirable profusion d’esprit !


L’esprit français est dans toute sa force avec l’art gothique. Il s’appauvrira, mais se régularisera, à l’excès peut-être, avec la Renaissance italienne.

Le baldaquin de Caen (bronze et marbre, Renaissance italienne) est de toute beauté. Dans les hauteurs un ange et des enfants. C’est la mise en scène des opéras, mais quelle magnificence ! Ces tribunes, ces balcons, la rectitude de l’architecture, ce pas de danse, la délicatesse des fers forgés…

Mais aujourd’hui Caen prend le mot d’ordre à Paris, et tout ce qui vient de là est maigre, sans goût. C’est la leçon de ces révolutionneurs d’architecture qui recollent tout, censément, qui, en réalité, détruisent tout. Ils étouffent les monuments, ils altèrent la face de l’art français, ils le déshonorent et l’anéantissent.

Complicité du temps. Il a fallu traverser tout un siècle d’aberration et de ruines pour atteindre au XXe, qui remontera à la source pure. Mais pour que le XXe accomplisse l’œuvre bienfaisante, il faudra de profonds changements dans les mœurs.

Voyez la restauration du chevet de Saint-Pierre : on dirait l’imitation d’un meuble du faubourg Saint-Antoine.


Église de Cambronne (Roman).

Le bas-côté part avec un gros pilier ; groupe ombré. La perspective est modelée en doux ; rien de dur ; la lumière est de miel ; les ogives se marquent sans violence ; les colonnes qui portent sont autant en douceur qu’en force ; les patines rappellent l’antique.

Il n’y a donc qu’une seule courbe, depuis le grec ! une seule qui soit belle, quelque langue que parlent les styles.

Ces dais en hauteur, magnificence d’ornements.

Les têtes de ces saints sont ornées, avec la grâce de l’imagination naturelle, comme de tiares.

Ces architectures, ces ornements, sourient discrètement…

C’est ici la vie presque secrète : nous ne pouvons pénétrer dans ce cercle fermé et fini.


Contreforts : des ponts, des aqueducs qui traversent et passent, formes grises : galeries transversales que la lumière n’atteint qu’en grisailles.


Une partie de la nef, éclairée, se penche sur l’autre, pleine d’ombre, qui se dérobe, assise éternellement.


Ces colonnes si hautes, un peu penchées en arrière, décrivent un unique mouvement circulaire qui les défend de l’atteinte des siècles.


L’architecte balance et allonge les lignes, leur donne la fierté des mouvements qui les portent plus loin sur l’horizon : sphinx fidèles, lianes suspendues, guirlandes, — stations de nos pensées, essais, préludes de la part de création qui nous est départie.


Le système architectural du moyen âge est le même que celui de l’antiquité : motif identique ici et là, Vénus innombrable, toujours mouvante de vie.


L’architecture est faite de l’obéissance des détails, du tout, à la ligne génératrice des contours.


Le trait de force est le même dans le Roman que dans les autres styles. Les formes diffèrent en apparence, s’harmonisent dans leur effet. L’effet somme l’ensemble, la masse des styles français.

Les jets des masses doivent rencontrer le sujet, l’absorber aussi. Un plan ne finit pas parce que le sujet finit, mais parce que la masse a fini son mouvement. Si ce mouvement n’a pas achevé son évolution complète, la sculpture n’est pas finie. (Je parle du fini véritable, autrement important que le fignolage des bras, jambes, têtes, etc.)

Le mouvement se continue quand la statue a dit ce qu’elle voulait dire. Mais elle n’est pas seule à parler : les accessoires lui donnent la réplique. Il faut que le plan déborde la sculpture, que la plinthe, l’accessoire soient continués dans le même mouvement.

Les ornements, draperies ou simples rochers, sont lancés dans un mouvement qui complète la figure principale. La figure principale se groupe aussi avec eux ; car, de loin, le sujet ne compte plus : il n’y a que les masses. Il est certain qu’avant de distinguer dans ce fronton la forme de cette femme, il faut que je sois intéressé par la masse de pierre, que je voie comment elle est architecturale, comment elle sort du jeu des autres masses et comment elle y rentre.

Ensuite, je m’efforce d’analyser l’ensemble et le détail.

Dans une sculpture, vous cherchez si la forme est bonne ou mauvaise et quel est le sujet. Vous avez tort.

Règle générale : l’important est de bien masser. C’est là que se révèle le style, c’est par là qu’on peut juger si l’œuvre est d’un sculpteur habile ou maladroit. On voit tout de suite dans un fronton si les figures sont bien équilibrées.

L’équilibre n’exige pas toujours que la masse soit au milieu : elle peut se trouver sur le côté et s’équilibrer avec tout l’ensemble de l’architecture. Telle est la sculpture du XVIIIe siècle et c’est ce qui lui donne de la légèreté (fronton de la place de la Concorde, de la Légion d’honneur, les bas-reliefs sur les fenêtres). Aussi les sculpteurs de ce temps-là ne s’embarrassaient-ils pas du sujet, — saisons, figures de femmes drapées ou nues, avec ou sans enfants : le sujet ne compte pas, au XVIIIe siècle. On lui a reproché précisément cette insignifiance du sujet, à laquelle nous avons remédié, nous, en inventant des histoires, — et en prouvant ainsi que nous avions perdu le sens de la sculpture et de l’architecture. Nos aïeux, bonnes gens, n’étaient pas des « penseurs » : ils s’exprimaient, tout simplement, par des masses, en beauté, et n’avaient que faire de nos rébus.

Les dessus de fenêtres en longueur de la Chancellerie n’expriment rien que cette agréable distribution des saillies qui sortent et rentrent sur le fond, apparaissent et disparaissent, sans autre fonction que de donner le gras, le souffle à la sculpture, qui fait si bien sur le nu du mur.

Notre époque, méconnaissant les lois de l’architecture, a cru pouvoir demander des effets aux idées. Révolution néfaste ! Il n’y a rien à chercher dans cette voie. Nous commençons à en revenir, — bien tard.

Pour résumer : c’est l’éclairage qui règle l’architecture, ce n’est pas le « rationnel », terme barbare. Le dessin pur, correct, « filé » à la Ingres, et qui ne tressaille, ne sursaute pas, est un dessin qui ne tient pas compte du plan ; il est maigre, dur, pauvre.


Le Roman s’est répété en broderies, ornements, festons.

Comme c’est simple ! un ourlet, bordure ornée, copte, étrusque…


Musée du Trocadéro. — Quelle étonnante beauté conservent ces bas-reliefs barbares, romans ! C’est que le plan antique est leur tissu : les fautes de formes ne peuvent rien contre la beauté du style.

Quand j’étais jeune, je trouvais tout cela affreux. C’est que je regardais avec des yeux de myope ; j’étais ignorant, comme tout le monde. Plus tard, j’ai vu ce qu’on faisait de mon temps et j’ai compris où étaient les Barbares.


Aux jours du style roman, alors que les hommes se jouaient dans les chapiteaux avec leurs chimères et que l’architecture, comme la loi de Dieu, commandait à la foule et ordonnait selon la symétrie la récompense et le châtiment, la vérité s’inscrivait au fronton du temple. C’est le commandement terrible du Destin, qui veut la naissance et qui veut la mort, et auquel le Dieu lui-même obéit, ce Dieu du tympan formidable, ce Juge, entouré de son lion assyrien, de son ange à la tunique plissée, de son taureau mugissant…

Il est certain que l’art byzantin se rattache à l’Inde, à la Chine. Le Roman en reste marqué.


Il n’y a de noir, dans le Roman et dans le Gothique du XIIIe, que par les traits de force, dans les draperies. Avec quelle intelligence sont répartis ces noirs peu nombreux !


Il y a, dans la première Renaissance, une profusion de petits ornements — inutiles, est-on tenté de dire. C’est la générosité d’un cœur riche, qui n’économise pas. Elle ne choisit pas le marbre et l’or pour s’exprimer, elle se contente de la pierre et l’envoie jusqu’aux voûtes en broderies qui festonnent. L’art, à son matin, n’a pas besoin de la richesse. La chapelle Michel-Ange, à Florence, tue la chapelle des cardinaux.


C’est quand l’âme blessée commence à souffrir des approches du soir qu’elle emploie la matière riche. Ainsi la seconde Renaissance.

Le bois, la pierre ont précédé le bronze. Le marbre de couleur, le lapis, les pierres précieuses apparaissent quand déjà est dépassée l’époque de la haute expression.


Chandeliers, candélabres qui portent de haut la lumière, feuilles qui accompagnent, revêtent, lèchent la forme générale de l’édifice, dentelles qui s’étagent, stalactites qui tombent du ciel, — cage délicieuse délicieusement ornée, toujours avec méthode, avec cette même et unique méthode grâce à laquelle le fils continue l’ancêtre, le style suit le style, l’acquis nouveau découle de l’ancien, le destin s’épanouit, l’homme obéissant ne se risque pas à chercher du nouveau, mais poursuit le mouvement séculaire : tout coule d’un siècle à l’autre comme un fleuve de beauté, sans remous, sans cascades, sans violences, sans désorganisation ; le mot « originalité » n’a pas encore été trouvé, l’idée même que traduit ce mot n’existe dans aucun esprit ; l’artiste suit le développement logique du beau et ne sort pas du rang inutilement ; le retentissement, les vibrations se propagent selon la loi de la nature, comme le son d’une cloche…




La Cathédrale est une agrafe qui réunit tout ; c’est le nœud, le pacte de la civilisation.

Il est facile de discuter la merveille, plus facile encore de l’abîmer…


La foi a civilisé les Barbares que nous étions ; en la repoussant, nous sommes redevenus Barbares.


La Messe (Cathédrale de Limoges).

Les prières par lesquelles commence la Messe font le bruit de l’eau dans les bassins, — de l’eau purificatrice. Elles se récitent sur un seul ton, avec des effacements. Quel éclat, tout à l’heure, quand arrivera Dieu !


L’enfant de chœur : harmonie angélique, ou chant imité du rossignol.


Puis les accents bondissent pour rejoindre musicalement la voûte architecturale. La musique et l’architecture se rencontrent, s’entre-croisent, s’unissent en élégantes mélodies.


Enfin, la Majesté suprême vient d’entrer.

Trinité. Mystère.


Le prêtre parle, maintenant, d’une voix plus sévère, et tout le temple lui répond.


Un nouveau chant s’élève, balancement plus fort : l’amour s’exprime plus haut. Tout m’arrive régulièrement, comme un lointain mouvement de la mer. Les antiennes ouvrent et soulignent le mystère. L’orgue, avec des accents enveloppés, soutient les voix.


Les triangles de feu de l’autel disent : Alléluia !


La scène s’ouvre. Ah ! quelle naïve grandeur !


Les ombres, les creux passent devant moi, sombres encore ; mais l’église n’est plus terrible comme elle était avant que ne commençât l’office. C’est la domination de la prière, dans une sévérité superbe. Mon âme ne va plus par bonds. Elle se régularise, comme un centaure qui se contient et se gouverne lui-même.

Les voix se meurent de piété. Syllabes latines, langue aimée.


De loin me parvient la Voix de l’Évangile, la voix même des colonnes. Ondes pures des voix féminines, enfantines : les voix des enfants de chœur.


Et la messe se poursuit en silence. Puis, le prêtre reprend la parole et je reconnais avec joie la langue sonore de Rome.


L’orgue produit un court bouleversement. Foule de voix encloses sous de grandes vagues qui montent. — Ah ! Mozart, voilà tes maîtres !

Art adorable, cher à mon âme ! L’orgue assemble, relie nos pensées éparses ; puis il perce et domine tout. Et des voix encore s’élèvent et se dispersent. Délire religieux.


Foi nouvelle : Amen ! In sæcula sæculorum !


Surhommes modelés par la prière : ils implorent avec les mélodies d’Adonis. Le monstre Géryon, qui mugit dans l’orgue, répond à leurs questions.


Grand moment. Des anges de Byzance encensent.

L’amour répond encore : Credo. Ah ! Tout est amour ici ! L’orgue semble jeter des fleurs sur la route. Quelle pureté vivante !


Les dernières syllabes sont tombées. De petites cloches s’agitent. Et le monstre rugit encore. Par intervalles, entre des clameurs, retentit la douce voix des chantres.

Quelle soumission dans cet Amen qui se prolonge !


La voûte est encore plus haute maintenant : immense.

Crescendo. Voix pure, ultra-céleste.

Ah ! oui, quelle gloire de soumettre notre esprit à la règle qui peut le remodeler ! Face émouvante du passé…

L’église maintenant enveloppe, cerne l’assistance.

La messe est finie. Il ne reste plus que les vases précieux et cette architecture profonde où s’est accompli le fait immortel, l’acte de foi.


Pendant que les fidèles sortent, l’orgue les accompagne de toute la protestation des grands siècles. C’est à ce moment qu’on intercale Bach, Beethoven.


Bottes liées après la moisson. Le silence. Le Mystère est accompli, le Dieu est sacrifié — comme le sont à son exemple, journellement, les hommes de génie qui procèdent de son inspiration.




Les œuvres supérieures sont restées dans nos villes de province, qui ne sont pas encore internationalisées.


Je propose qu’on institue des pèlerinages à toutes les œuvres de plein air épargnées encore par la restauration : églises, châteaux, fontaines, etc.


Les gens qui se mêlent de restaurations, ne comprenant pas le sourire français, le figent et l’altèrent.


Pourquoi ces moulures restaurées, qui sont en pierre si douce, ont-elles la dureté du fer ? Pourquoi la tendresse ne s’y mélange-t-elle plus à la force, comme jadis ?


Le simple est la perfection, le froid est l’impuissance.

On a outragé nos croyances.

Notre siècle est le cimetière des beaux siècles qui ont fait la France, l’épitaphe de ce qui fut. Pour produire ces chefs-d’œuvre, il fallait avoir l’âme douce : la France l’avait…