Les Cantilènes/Sous la rouille des temps
Premières Poésies : 1883-1886, Société du Mercure de France, , Les Syrtes. Les Cantilènes (p. 207-208).
Sous la rouille des temps je suis un vieux blason.
— Chère galère avec ta riche cargaison,
Es-tu prise à jamais dans les glaces du pôle ?
— Voici l’heure qui tinte et la chanson du saule.
Mon regard fatigué contemple l’horizon
Monotone, à travers les barreaux d’une geôle.
— Je suis l’herbe fauchée et l’arbre que l’on gaule.
— Voici l’heure, male heure, et la male saison.
Mais que me font ces fleurs qui meurent sur la tige,
Et ces parfums remémorés, et le vertige
Des royales splendeurs et des épiscopats ;
Car mieux que dans la nuit close des sépultures,
Daimôn auguste du concept, oh ! N’ai-je pas
Trouvé l’oubli sacré, dans tes prunelles dures !