Les Callipyges/Tome 2/Chap. 2

(Émile Desjardins)
Au dépens de la Compagnie (p. 24-43).

CONFÉRENCE ANECDOTIQUE.
Séparateur

FIVE O’CLOCK
chez
Lady SPLENDIDORB.

Séparateur


Lady RICHBUTTOCK.

Je veux vous raconter les amusantes péripéties d’une vengeance féminine, dont le récit m’a été fait par le principal acteur mâle. J’appellerai l’héroïne lady Flashington, et le héros Sir Evrard, ne voulant pas nommer les personnages qui vous sont parfaitement connus, à cause des détails scabreux qui terminent l’aventure. Seulement, je prends la précaution de vous avertir, que je répéterai les expressions un peu raides de Sir Evrard, ne voulant pas gâter, en y changeant ses expressions, son pittoresque récit. Celles d’entre vous qui ne voudraient pas les entendre, n’auront qu’à fermer les yeux aux passages trop crus.

Lady Flashington est au su de toutes ses connaissances très-vindicative, et ne le cède en rien, pour poursuivre une vengeance, à une Corse d’origine. Elle accusait, à tort ou à raison, Sir Evrard de lui avoir fait une injure mortelle, qu’une femme ne saurait pardonner. Sir Evrard de son côté prétend, qu’il ne s’était jamais occupé de lady Flashington, ni en bien, ni en mal, et ceux qui connaissent sa réserve et sa délicatesse ordinaires, n’auront pas de peine à le croire. Par exemple, si l’injure mortelle n’avait pas précédé la vengeance, elle l’a assurément suivie, et vous allez entendre comment.

Résolue à se venger terriblement, lady Flashington, déguisant sa haine sous le miel de la plus tendre amitié, convie Sir Evrard à venir la visiter dans sa maison de campagne, distante de quelques milles de Londres, où elle était pour deux ou trois jours, pour une affaire qui ne manquerait pas de l’intéresser. Sir Evrard, qui ne se doutait de rien, promit de se rendre à l’invitation, qui était pour le lendemain.

Comme il achevait de dîner, la veille de son départ, on lui annonce une visite. J’abrège les détails sans importance, pour aller droit au fait. La visiteuse, car c’était une femme, était l’institutrice de lady Flashington, congédiée le matin même par sa maîtresse. Elle avait saisi à plusieurs reprises des menaces à l’adresse de Sir Evrard ; elle avait compris qu’elle partait aujourd’hui pour perpétrer sa vengeance à la campagne, et comme il n’y avait pas de temps à perdre, elle se hâtait de prévenir Sir Evrard, pour qu’il se tint sur ses gardes.

Sir Evrard remercia la visiteuse de sa sollicitude, tout en l’assurant qu’il ne redoutait rien de lady Flashington, et il se mit à la disposition de l’institutrice, au cas où elle aurait besoin de ses services.

Néanmoins, après le départ de celle-ci, réfléchissant sur ce qu’il savait du caractère vindicatif de la dame en question, il ne tarda pas à se convaincre que l’institutrice lui avait donné un bon avis. Au lieu de s’embarquer seul, comme il en avait l’intention, il résolut de se faire suivre de son valet de chambre John, un solide gaillard, aux muscles d’acier, qui n’aurait pas boudé devant les plus renommés boxeurs de profession.

Le lendemain, à midi, le maître et le valet partaient ensemble pour la maison de campagne, et, chemin faisant, Sir Evrard donnait à John ses instructions pour le plan qu’il projetait.

Arrivés à destination, ils se séparaient devant la maison, Sir Evrard entre tout seul dans l’habitation, John reste caché derrière des massifs, attendant l’appel de son maître. Celui-ci, sans avoir rencontré personne, étonné de la solitude inaccoutumée de la maison, entre dans le vestibule, et pousse un bouton pour annoncer sa visite. Aussitôt une femme de chambre paraît, et, après avoir pris la carte du visiteur, elle le conduit dans un boudoir attenant au vestibule. À peine est-il introduit, que lady Flashington paraît dans une fort élégante toilette, ravissante avec ses grands yeux bleus, ses opulents cheveux blond-cendré, et la fraîcheur liliale de son teint. Après un « shake-hands » cordial, elle dit à Sir Evrard, avec tout le miel de sa jolie bouche :

— Que c’est aimable à vous, Sir Evrard, de vous être rendu à mon invitation. Vous ne vous doutez pas du plaisir que vous me faites, et que vous allez vite partager, quand vous connaîtrez la cause de mon invitation.

— Gracieuse seigneurie, cela me sera facile, car je vous revois toujours avec un nouveau plaisir.

— Voici sans préambule ce dont il s’agit. Je connais votre goût pour la verge, et j’ai à corriger sévèrement trois de mes femmes de chambre, qui ont gravement délinqué. Dans ma maison de Londres, les cris des victimes nous auraient gênés ; ici, nous sommes isolés, pas de voisins importuns, car, à part mes trois femmes de chambre, vous et moi, il n’y a personne dans la maison ; je n’ai pas voulu amener de serviteur. Vous allez m’aider dans ma besogne, et mes délinquantes, qui auraient pu se révolter contre une femme seule, ne résisteront pas à un homme.

Cette étrange proposition, faite à brûle-pourpoint, finit d’ouvrir l’esprit à Sir Evrard, qui s’empresse néanmoins d’accepter, l’air tout réjoui d’une pareille aubaine. Puis, il demande à son hôtesse la permission de visiter le joli parc anglais qui entoure la maison, pendant les préparatifs nécessaires.

Il sort en effet, examine un moment l’ordonnance des plates-bandes, puis, s’avançant vers les massifs, derrière lesquels s’abrite le fidèle John, il lui renouvelle ses instructions précises. Il revient ensuite d’un pas assuré et tranquille vers la maison, et regagne le boudoir.

Les quatre femmes étaient réunies, les filles de chambre l’air contrit et embarrassé.

— Voici justement Sir Evrard, dit lady Flashington, qui va me prêter main-forte ; et si vous faites les récalcitrantes, on vous traitera avec une extrême sévérité. Voyons, tendez-lui vos mains et les cordes pour vous faire attacher, afin de vous ôter jusqu’à la tentation de résister.

Pendant que les trois filles s’avancent ensemble, comme pour lui tendre les poignets et les menottes, lady Flashington s’est levée, et s’en est venue derrière Sir Evrard. En même temps les trois filles de chambre, toutes trois de vigoureuses gaillardes, l’empoignent à bras-le-corps par devant, tandis que la maîtresse par derrière cherche à lui prendre les poignets et les jambes dans des nœuds coulants.

— À moi, John ! crie Sir Evrard d’une voix tonnante.

La porte, qu’on n’avait pas fermée au verrou, s’ouvre aussitôt, livrant passage à John, qui n’eut pas ainsi la peine de l’enfoncer, et qui accourt au secours de son maître ; celui-ci s’était déjà dégagé, et tenait lady Flashington étroitement embrassée, maintenant sous son genou une des gaillardes, tandis que les deux autres s’étalent par terre. John a vite fait de les ficeler ensemble par les poignets et les jambes avec les cordes apprêtées pour son maître.

Puis, c’est la troisième fille, qu’on met hors d’état de se défendre. Ensuite le maître passe lady Flashington à son valet de chambre, en lui disant de la mettre nue comme un ver.

John prend délicatement la noble dame, dont les yeux étincelants, s’ils étaient chargés à balle les fusilleraient, et se met en devoir de la déshabiller, en s’excusant de sa maladresse comme femme de chambre ; que c’était la première fois qu’il avait l’honneur de préparer une noble dame pour le bain, car c’est bien pour le bain, sans doute, ricane John, devenant goguenard.

— Oui, oui, pour un bain de siège, mais un bain de verges, et de verges de plusieurs espèces.

Le vigoureux larbin, peu entendu aux chiffons des femmes, arrache le corsage, tire sur les jupes et les jupons, retire le pantalon en lambeaux, et dénoue la chemise. Puis, sans s’inquiéter de rien, comme s’il tenait sur ses genoux Morton ou Lisette, il plonge dans l’échancrure, pelote la gorge de la main et des lèvres, suce les boutons, et fait claquer sa langue comme un gourmet, qui apprécie un mets savoureux, tout cela sous l’œil complaisant du maître, qui l’encourage.

Enfin la chemise vole par dessus la tête, et lady Flashington reste toute nue, frissonnante d’épouvante et d’horreur, entre les bras d’un valet lubrique, qui fouille brutalement tous les coins et les recoins, sans que son maître songe jamais à l’arrêter. Il retire les souliers, puis les bas de soie gris-perle, et quand la noble dame est nue comme un ver, suivant la recommandation du maître, rouge de honte, éperdue de frayeur, John l’étend sur ses genoux, le cul en amont, et s’exerce de sa main musclée à rougir la blanche mappemonde qui saute furieusement à chaque gifle.

Puis, la retournant encore, il la renverse sur le dos, les reins dans son bras gauche, caresse la toison dorée, arrache un poil, se le met entre les dents, la caresse entre les cuisses, glissant sur la fente, empoigne le chat à pleine main, le secoue, tripote tout. Il plante ses grosses lèvres sur celles de la dame, et pendant qu’il tient sa bouche clouée sous la sienne de son gros médius, enfoncé jusqu’à la dernière phalange dans les profondeurs de l’abîme, il branle vigoureusement l’étui, obligeant lady Flashington à se tortiller sous la rude secouée. Grand contentement de Sir Evrard, qui rit dans sa barbe, de voir se tordre la noble lady, se pâmant malgré elle, sous le doigt brutal.

Quand il a fini l’opération, John considère la noble épouse de lord Flashington, qui est cramoisie, et qui semble avoir perdu ses sens. Pour la réveiller, il lui pince les chairs, il la cingle vertement sur les cuisses, amenant le sang à la peau, froissant le satin, et la dame revient à la vie, en poussant des cris déchirants.

— C’est assez s’amuser aux bagatelles, maître John, dit Sir Evrard ; passons maintenant aux choses sérieuses. Nous allons déchirer un peu les beaux culs de ces quatre belles personnes, mon garçon ; tu vas mettre l’une sur l’autre ces deux femelles ; moi, je prendrai les deux autres, dont la dame, pour leur donner une petite leçon méritée. Mais, auparavant, tu vas me violer proprement le noble con de cette noble dame, qui en temps ordinaire est réservé au noble prépuce du noble lord Flashington, lequel en est le légitime propriétaire, mais qui aujourd’hui sera l’apanage de la pique roturière du larbin John.

Noble dame, je vous laisse la liberté de vos mouvements, pour vous permettre de vous défendre contre les entreprises de ce sacripant de valet. Je crains bien par exemple, que vos bras et vos jambes, en eussiez-vous quatre paires, ne vous servent pas à grand chose, et mon avis, noble dame, est que vous allez être aussi proprement violée, que vous avez été branlée par ce solide gaillard, que rien n’arrêtera.

— Allons, maître John, à l’œuvre, là, sur ce lit.

Lady Flashington passe par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel ; elle tremble de tout son corps, le sentiment qui domine dans ses yeux, c’est l’expression d’une haine féroce ; elle veut parler, mais sa voix étranglée ne peut la servir, et John, allumé par cette aubaine inespérée, emporte la dame sur le lit, la renverse sur le bord comme un paquet, lui écarte brutalement les cuisses, et, malgré la défense désespérée de la violentée, il entre enfin dans le sanctuaire forcé, malgré l’étroitesse du contenant et la superbe dimension de l’envahisseur, qui la déchire comme s’il la dévirginisait. En un rien de temps, il usurpa deux fois la propriété de lord Flashington, et il allait bravement recommencer sans coup férir, sans l’ordre de son maître qui veut passer à un autre genre d’exercice.

On ficelle lady Flashington ; on délie les deux femmes de chambre, ficelées ensemble, et le maître et le valet les mettent toutes nues, arrachant ce qui ne suit pas facilement. On attache l’une à un pied du lit, on hisse l’autre sur la croupe de la première ; quand les deux plantureuses gaillardes sont ficelées de façon à ne plus pouvoir bouger, on passe aux deux autres. John déshabille la fille par les mêmes procédés, déchirant ce qui ne cède pas, et quand elle est toute nue, on attache lady Flashington sur une ottomane, les cuisses écartées, puis on étend sur elle la femme de chambre à plat ventre, le cul au-dessus de celui de sa maîtresse, les jambes à droite et à gauche, exhibant leurs deux superbes fessiers bien en évidence.

Le maître et le valet s’arment de verges, John se dirige à regret vers les deux servantes ; il aurait volontiers changé d’objectif avec son maître, mais celui-ci, qui s’est réservé lady Flashington, s’installe devant le groupe formé de la dame et de la soubrette, et tous deux commencent à fouetter vigoureusement les deux culs superposés. Sir Evrard donne la mesure, et l’on entend de formidables cinglées, lui résonnent bruyamment sur les chairs résistantes, s’unissant aux cris des victimes, qui hurlent à l’unisson deux par deux, d’un étage à l’autre. On entend un clic clac incessant, continu ; les culs bondissent et se tordent sous les cuisantes piqûres des flexibles baguettes, qui soulèvent des claques sur la peau meurtrie. Les pointes s’égarent parfois entre les cuisses, froissant et meurtrissant les lèvres sensibles de la fente. Chaque fois que lady Flashington reçoit ce piquant baiser, son cul s’élève brusquement, secouant la croupe qu’elle supporte, et un cri perçant témoigne de la souffrance qu’elle endure sous les atteintes du cruel l’instrument.

Sir Evrard se retourne pour voir comment se comporte son serviteur ; chaque coup de verges, appliqué par John, soulève des sillons sur les globes entamés, la croupe d’en haut saute sur celle d’en bas, qui se secoue chaque fois que la verge sillonne la peau, amenant le sang à la surface. Il travaille avec une ardeur concentrée sur le double champ de chair, allant de l’une à l’autre, sans en ménager aucune, dirigeant lui aussi les pointes cinglantes entre les cuisses de la porteuse, que chaque baiser de ce genre fait hurler et bondir.

— John, viens ici pour un intermède. Tu vois ce beau cul là ; avant qu’il soit hors de service, il faut que tu lui livres un assaut, mais pas avec ces verges-ci. Je me suis aperçu que tu es architecturé de façon à voyager difficilement dans les sentiers étroits, tu n’en auras que plus de mérite à te tailler une boutonnière dans ce cuir serré. Tu dois être prêt à te distinguer. À l’œuvre donc tout de suite, et souviens-toi, John, que tu as l’honneur d’enculer une noble dame, qui a du sang royal dans les veines.

John, pour être plus à l’aise, descend sa culotte, et s’agenouille entre les cuisses de lady Flashington, derrière la croupe palpitante, qui tremble de douleur et d’effroi. Il exhibe l’effrayant bouton, qui a déjà torturé la noble dame, en élargissant une boutonnière déjà pratiquée et qui est superbement développé par l’émesurément, à la pensée du travail ardu qu’on lui demande.

Lady Flashington essaie d’intercéder en bégayant une prière, au milieu des sanglots que lui arrachent la honte et la souffrance, mais Sir Evrard est inflexible, et il ordonne à John de donner l’assaut. La résistance étant difficile, le valet de chambre attaque la redoute à son aise. Il sent cependant aux difficultés qui l’arrêtent, que cette fois il n’usurpe la place de personne, et que c’est une boutonnière neuve qu’il se taille. Après quelques assauts vigoureusement menés, il pénètre d’un pouce entre les bords distendus de l’asile vierge, puis de deux, et enfin de dix, qui est la longueur franche du visiteur, en laissant à la porte du réduit les témoins de sa victoire. Dès qu’il est dans la place, il s’y comporte vaillamment, sans se soucier des hurlements de douleur qu’arrache à l’empalée la dimension dilatante du brutal visiteur. Après quelques allées et venues, couronnées de succès. John qui n’est pas démonté pour si peu, recommence les passes dans le réduit, en mordant à belles dents les fesses palpitantes qu’il a devant lui, arrachant à la mordue des cris épouvantables. Enfin, après avoir inondé de nouveau le réduit d’abondantes faveurs, il se retire satisfait, et, ramassant les verges sur l’ordre que lui en donne son maître, il va reprendre, sur le double stage de postérieurs cramoisis son piquant exercice. Sir Evrard, de son côté, reprend le cruel instrument.

John fait siffler les verges, qui retombent furieusement, striant les globes de raies rouges ; les deux filles crient comme des brûlées, implorant la pitié de leur bourreau ; mais John ne connaît que son devoir, son maître a commandé de hacher les derrières coupables, il hache les fessiers qui se tordent sous les cruelles morsures. Sir Evrard de son côté manie les verges rudement, mais il réserve au cul de lady Flashington une péroraison digne d’elle et de lui, et il comble de préférence la façade d’en haut, sans cependant ménager celui d’en bas, qui est empourpré comme un soleil couchant, strié de raies livides, et celui d’en haut saigne quand il jette les verges, et commande halte à John, qui, lui, commençait à mettre en marmelade les deux objets confiés à ses soins. Sir Evrard avait aperçu sur un meuble une élégante cravache de dame, et comme il ne connaissait pas à lady Flashington des goûts d’amazone, il se douta qu’elle n’était pas destinée aux flancs d’un cheval.

— John, passe-moi cette jolie petite cravache qui devait servir pour ton maître, et qui, hélas ! va servir pour ta pauvre maîtresse. Je dis la maîtresse, John, non pas que je te donne à elle comme serviteur, mais parce qu’elle s’est donnée à toi, un peu forcée peut-être ; mais enfin de gré ou de force, qu’elle le veuille ou non, elle est aujourd’hui ta maîtresse. C’est donc pour ce superbe cul que ce joli bijou va servir. Tu remarques que je l’ai un peu ménagé, cet opulent coupable, que le voisin d’en haut est plus maltraité, et tu ris, John, de ma mansuétude. Tu ne vas pas en rire longtemps, non plus que ta charmante maîtresse.

Mais, au fait, si tu veux lui prouver de nouveau ta tendresse à ce beau derrière, et lui faire tes adieux, avant qu’il ne soit endommagé, et hors d’usage, il est à tes ordres ; tu vois bien qu’il t’attend.

John se précipite sur l’objet condamné à toutes les humiliations, et, malgré la résistance désespérée de la dame, qui serre étroitement les fesses, contractées par la terreur, il pousse brutalement, déchire l’huis qui résiste, et pénètre brusquement jusqu’au fond, poursuivant ensuite paisiblement sa besogne jusqu’à l’issue heureuse pour lui, qui ne se fit guère attendre, tandis que la victime gémit affreusement, souffrant le supplice du pal.

Dès que John s’est retiré du champ de bataille, Sir Evrard s’avance, fait siffler l’air de sa cravache, menaçant le postérieur tremblant. Il lève l’instrument, ajuste les deux globes dans le haut, cingle furieusement la chair qui se fendille, entaillée en un mince sillon, d’où le sang jaillit ; la victime pousse des cris déchirants ; la cravache se relève, et s’abat juste au milieu du fessier, hachant les deux hémisphères, la victime rugit ; l’affreux instrument se relève encore et retombe pour la troisième fois, fendant l’air d’un sinistre sifflement, découpant au bas des fesses un sillon profond dans les chairs palpitantes, au milieu d’épouvantables hurlements que pousse la noble dame ensanglantée. Un dernier coup pique cruellement entre les cuisses le pauvre minet entamé.

Sir Evrard jette la cravache, sa vengeance est consommée ; lady Flashington est marquée pour quelques jours. On délie un poignet à l’une des deux femmes de chambre, qui sont l’une sur l’autre, pour qu’elle puisse se délivrer en y mettant le temps, et délivrer ensuite les enchaînées. Puis, Sir Evrard, sans ajouter un mot, entraîne John, qui s’éloigne à regret, jetant un regard d’ardente convoitise sur les croupes, vierges de ses assauts.

— On n’offre pas quelques consolations à ces pauvres affligées, maître, dit-il, en consultant Sir Evrard.

Sir Evrard regarda en souriant l’insatiable larbin, mais ne répondit pas.

— Et lady Flashington, demanda lady Lovebirch, n’a pas cherché à tirer vengeance de cette sanglante injure ?

— Lady Flashington ne paraît avoir rien tenté, depuis six mois que la chose s’est passée, contre Sir Evrard ; mais avec le caractère que je connais à la noble dame, si j’étais Sir Evrard, je serais moins tranquille que lui ; et je ne serais pas surprise d’apprendre un jour ou l’autre qu’il a disparu subitement.

Demain, jeudi, séance chez Mrs. Switch.


Séparateur