Les Boucaniers/Tome V/V

L. de Potter, libraire-éditeur (Tome Vp. 103-141).


V

L’Arrestation.


L’abbé Duboi avait agi fort sagement en remettant au surlendemain l’arrestation de de Morvan et de Legoff, car les derniers mots que prononça le secrétaire d’État furent :

« Ainsi, baron, voilà qui est chose convenue, vous passerez la nuit à Versailles, et vous viendrez me parler demain à sept heures, sans faute. »

Quelque absorbé que fût de Morvan par son amour il ne pût s’empêcher de remarquer la vive sensation et l’extrême étonnement que l’entretien en public du secrétaire d’État et du boucanier produisit parmi les courtisans présents.

— Quel est donc cet homme si affreusement laid, que chacun salue si humblement et qui a causé si longtemps avec vous, baron ? demanda-t-il à Legoff.

— Monsegneur de Pontchartrain ! répondit le boucanier.

— Monseigncur de Pontchartrain, le puissant ministre ?

— Lui-même, cher chevalier !

— Et pendant un quart d’heure, vous l’avez retenu debout, lui parlant avec un air de parfaite familarité ou pour mieux dire d’égalité…

— Pourquoi pas ? M. de Pontchartrain est tout bonnement un ancien premier président au parlement de Bretagne, et moi je suis gentilhomme. M. de Pontchartrain a besoin de moi ; je pourrais à la rigueur me passer de lui. L’avantage, vous le voyez, reste de mon côté, et en traitant le secrétaire d’État sur le pied de l’égalité, j’ai fait un acte non pas d’impudence, mais bien de condescendance.

— Savez-vous, baron Legoff, que vous êtes l’énigme la plus extraordinaire qu’il soit possible d’imaginer. Quand je me rappelle l’arrivée du maquignon Mathurin dans ma masure de Penmark et que je vois aujourd’hui, à la cour, le baron Legoff traiter d’égal à égal avec le ministre favori de Louis XIV, je suis tenté de croire que je rêve. N’avez-vous donc pas vous l’ami de mon père confiance en ma loyauté et en ma discrétion, que vous restez enveloppé vis à vis de moi de mystère ?

— Cher enfant, j’ai confiance en vous comme en moi-même, mais une indiscrétion est vite commise ; or, un secret connu par trois personnes ne tarde pas à devenir public. Au reste, soyez persuadé qu’avant peu je n’aurai plus rien de caché pour vous.

— Vous dites, un secret connu par trois personnes : vous avez donc déjà un confident ?

— Oui, l’armateur Cointo de Brest ; mais Cointo est un homme d’une probité à toute épreuve ; il me doit sa fortune, j’ai le droit de compter sur lui.

Le reste de cette journée se passa d’une façon fort agréable pour les deux amis ; de Morvan pensait au doux aveu de Nativa et Legoff à sa victoire sur Pontchartrain, car le secrétaire d’État acceptait ses conditions et l’attendait le lendemain pour lui remettre la commission de Ducasse au commandement des forces de la flibusterie.

Louis XIV et madame de Maintenon, séduits par ces dix millions que Legoff s’offrait à payer à vue, et dont ils avaient un si urgent besoin pour le moment, consentaient à l’expédition de Carthagène !

En effet, le lendemain matin, le boucanier sortait du cabinet du secrétaire d’État, emportant avec lui le traité secret qu’il avait demandé, et qui contenait trois clauses : la première, que les officiers du boucanier marcharaient de pair avec ceux de la marine royale ; la seconde, que l’amiral nommé par le roi pour commander en chef l’expédition serait tenu, à un moment donné, d’obéir implicitement aux ordres de Montbars ; enfin que les flibustiers recevraient un tiers du butin.

À ces trois clauses, la marquise de Maintenon avait fait ajouter une quatrième : qu’un aumônier serait mis à bord de chaque navire.

À peine de Montbars eut-il son traité, — en double, — qu’il s’empressa de l’expédier par un courrier à l’armateur Cointo.

— Eh bien ! baron, êtes-vous satisfait de votre entrevue avec monseigneur de Pontchartrain ? lui demanda de Morvan qui ayant passé la nuit entière à penser à Nativa, achevait de se lever lorsque Legoff revint de chez le ministre.

— J’ai obtenu tout ce que j’exigeais, répondit le boucanier, mais je ne suis pas satisfait.

— Et pourquoi donc cela, baron ?

— J’ai réussi trop facilement. La victoire n’a pour moi de prix qu’autant que la lutte a été acharnée. Retournons-nous à Paris ?

— Ma foi ! répondit de Morvan avec embarras, je vous avouerai franchement qu’en ma qualité de provincial, je ne serais pas fâché de rester encore un jour à Versailles. Tout ce que je vois ici me semble si magnifique, si merveilleux…

— Mon cher Louis, interrompit Legoff, avec douceur, avez-vous donc si peu de confiance en moi, que vous croyiez devoir, pour me donner le change sur vos intentions, descendre jusqu’au mensonge ! De toutes les merveilles de Versailles, dont vous vous souciez fort peu en ce moment vous n’en avez vu qu’une seule, Nativa ! L’Espagnole reste aujourd’hui à la cour, donc, vous ne voulez partir que demain ! Cela est clair, et ne demande pas, pour être deviné, une grande perspicacité ! Soit. Rien ne m’appelle à Paris ; restons !

Pendant cette journée qu’ils passèrent ensemble, Legoff se révéla à de Morvan sous un nouveau jour, c’est-à-dire comme un marin extrêmement distingué.

Il interrogea le jeune homme sur ses deux voyages en Islande, et montra dans la conversation une connaissance approfondie de l’art nautique.

De son côté, le boucanier parut enchanté des dispositions naturelles que de Morvan paraissait avoir pour la marine.

— Mon cher Louis, lui dit-il, ce n’est que sur le pont d’un navire que vous trouverez la fortune et l’indépendance ! Mettez donc tous vos soins à devenir au plus vite un homme de mer ! Je ne crois pas me tromper en ajoutant que vous êtes déjà, à en juger par vos réponses en état de commander un bâtiment. Au reste, j’espbre bientôt savoir à quoi m’en tenir à ce sujet.

En vain de Morvan questionna à son tour son nouvel ami sur sa vie passée et sur sa position présente : Legoff le pria si sérieusement de ne pas insister sur ce sujet, qu’il dut renoncer à satisfaire sa curiosité.

Le surlendemain matin de leur arrivée à Versailles, un brillant carrosse, attelé de quatre chevaux et conduit à grandes guides reconduisait de Morvan et Legoff à Paris.

— Voulez-vous me permettre de vous accompagner chez vous mon cher Louis, dit Legoff ? J’ai une lettre à écrire, et je vous demandera l’hospitalité.

Le chevalier, en arrivant devant la porte du modeste appartement qu’il occupait à l’hôtel du Cheval-Blanc, frappa plusieurs fois sans obtenir de réponse.

Enfin, il entendit comme le bruit sec produit par un pistolet que l’on armait, puis peu après la voix d’Alain qui criait :

— Qui est là ? que me veut-on ?

— C’est moi, Alain ! ouvre donc ! répondit le jeune homme.

Une clé tourna deux fois dans la serrure et le Bas-Breton entre-baillant la porte avec précaution :

— Ah ! c’est bien vous, mon maître ? dit-il : j’avais peur que quelqu’un n’imitât votre voix : ils sont si rusés ces Français !…

Alain se retira alors de derrière la porte, et s’en fut déposer contre le mur un mousqueton dont il s’était armé.

— Parbleu ! s’écria Legoff en riant aux éclats voilà un serviteur qui n’a pas son pareil et qui vaut son poids d’or.

— Qu’as-tu donc mon garçon ? demanda de Morvan à son serviteur ; je te trouve tout pâle et tout changé ?

— J’ai faim ! répondit laconiquement Alain.

— Comment cela, tu as faim ?

— Dame ! ça m’est bien permis, depuis deux jours que je n’ai pas mangé !

— Tu n’as pas mangé depuis deux jours ! As-tu été malade ?

— D’appétit, oui, et je le suis encore ! Est-ce que j’avais de l’argent, donc, pour acheter de la nourriture !

— Que le diable m’emporte si je comprends un mot à tout ce que tu me dis ! Quoi ! tu te plains d’avoir manqué d’argent, lorsque dans mon coffre, dont je l’ai remis la clé, se trouve près de neuf mille livres…

— Eh bien, est-ce que vous m’aviez dit de toucher à cet argent ? Du tout ! vous me l’avez confié : c’était donc comme si je ne l’avais pas. Ça n’empêche pas que vous me devez toujours les cinq écus que je vous ai prêtés lorsque vous avez été dévalisé. Si vous m’aviez au moins rendu ces cinq écus, je n’aurais pas manqué mourir de faim !

— Pauvre garçon ! s’écria de Morvan, moitié riant, moitié attendri, ta fidélité mérite récompense. Il est juste aussi que tu te ressentes de ma nouvelle fortune : je vais te donner trente écus.

— Me donner trente écus ! à moi ! et de suite ! demanda Alain en rougissant jusque dans le blanc des yeux, est-ce possible ?

— Tellement possible que les voici dit de Morvan en se dirigeant vers le coffre qui renfermait ses fonds.

— Attendez, maître, attendez ! s’écria Alain. Laissez-moi d’abord fermer la porte, quelqu’un n’aurait qu’à venir. Il ne faut pas que l’on sache que vous avez de l’or chez vous, sans cela les Français sont si enragés pour le mal, qu’avant demain votre coffre serait vide.

Au moment où Alain tournait la clé dans la serrure, un bruit de pas mêlés d’un cliquetis d’armes se fit entendre dans l’escalier, puis presque au même instant un coup violemment frappé retentit sur la porte, et une voix grave et impérieuse cria :

— Au nom du roi, ouvrez !

Legoff, de Morvan et Alain se regardèrent avec étonnement.

— C’est d’Aubigné qui veut un second placement, pensa le boucanier.

— C’est Dubois qui se venge, — murmura le jeune homme.

— Chevalier dit vivement Legoff, mais, sans rien perdre de son sang-froid et sans que son visage décelât aucune émotion, ordonnez à Alain de se blottir dans la ruelle de votre lit, de rester immobile comme s’il était mort.

— Tu entends, Alain, dépêche-toi, dit le chevalier à voix basse.

Alain passa aussitôt dans la chambre à coucher ; de nouveaux coups ébranlèrent la porte, qui sembla sur le point de tomber et la voix grave et impérieuse répéta de nouveau : « Au nom du roi, ouvrez ! »

Le boucanier obéit à cet appel.

— Soyez le bienvenu, monsieur, puisque vous vous annoncez au nom de Sa Majesté, dit-il en saluant un officier qui se présenta. Qu’ordonne le roi ?

— Que vous me rendiez votre épée, et que vous me suiviez, monsieur, répondit l’officier.

— Au moins est-il convenable que vous me montriez en vertu de quel ordre vous agissez, monsieur, répondit tranquillement Legoff, sans cela je me verrai dans la dure nécessité de vous brûler la cervelle.

L’officier, sans paraître attacher la moindre importance à cette menace, présenta deux lettres de cachet ; l’une concernait Legoff, l’autre de Morvan.

— Vous êtes parfaitement en règle, monsieur, reprit le boucanier ; tenez, voici mon épée — une épée de parade achetée avant-hier, et qui n’est jamais sortie du fourreau, — si c’était celle qui m’a souvent aidé à soutenir l’honneur de la France, je ne vous l’aurais pas donnée… Je l’aurais brisée !…

Voici encore une paire de pistolets doubles, continua le boucanier en retirant ces armes de sa poche ; on ne saurait montrer trop de soumission aux ordres de Sa Majesté, quand bien même ces ordres lui auraient été arrachés par la ruse. Me permettez-vous à présent, monsieur, de prendre quelques effets de toilette ?

— Faites, monsieur, répondit l’officier, mes instructions ne s’opposent pas à cela.

Legoff passa avec de Morvan dans la chambre à coucher ; l’officier les suivit.

— Oh ! ne craignez rien, monsieur, reprit le boucanier en souriant, notre soumission passée vous est garante de notre docilité à venir ! Et puis voyez ! cette pièce n’est guère favorable à une évasion : elle n’a pour toute issue qu’une fenêtre grillée, et cette fenêtre donne justement dans la cour, qui, je le crois, est gardée par vos hommes !

Le boucanier se retourna alors vers de Morvan, et lui adressant la parole en dialecte bas-breton :

— Chevalier, lui dit-il, n’ayez pas l’air étonné de m’entendre parler votre langue, et toi, Alain, écoute, et surtout retiens bien ce qui va se dire. De ta mémoire dépend notre salut !

Legoff fit alors semblant d’examiner quelques vêtements, puis tout à coup, et comme s’il eût été frappé par une idée subite, il s’avança vers l’officier :

— Monsieur, lui dit-il, en souriant gracieusement, votre bonne mine m’apprend que vous êtes gentilhomme. Or, comme entre gens de qualité on se doit certains égards, pouvez-vous m’apprendre quelles sont vos instructions concernant mon ami et moi ?

— De ne vous laisser communiquer ni de vive voix, ni par écrit avec personne, répondit l’officier.

— Et de nous accompagner sans doute jusqu’à notre destination ?

— Oui, baron, jusqu’à votre destination.

— Croyez, monsieur, que si une chose est capable d’adoucir à mes yeux la rigueur dont je suis victime, c’est de penser que j’aurai le plaisir et l’honneur de votre compagnie. Mais permettez-moi une question ?

— Faites, baron, répondit l’officier, charmé de la douceur que montrait son prisonnier qu’on lui avait représenté comme un homme terrible et dangereux au possible.

— On vous a chargé de prendre mon épée, mais non pas, je le suppose, la torsade de perles attachée à sa garde ? Eh bien ! laissez-moi vous offrir cette torsade en souvenir de la reconnaissance que m’inspire la conduite si pleine de tact et d’amabilité que avez tenue à notre endroit.

Pendant que l’officier surpris cherchait une réponse, Legoff détacha le collier de perles et le lui présenta.

— Mais, monsieur, dit l’officier en balbutiant, car ne comprenait plus rien à la conduite du boucanier, mais monsieur, cet objet me semble être de prix, et je ne puis…

— Cette torsade, interrompit Legoff, vaudrait en effet, pour un croquant qui n’hésiterait pas à s’en défaire, une vingtaine de mille livres… Pour vous, monsieur, homme bien né qui garderez cet objet comme souvenir, ce collier représente seulement un ajustement… Vous ne voudriez pas me faire l’affront de refuser une pareille bagatelle, lorsque, de mon côté, je vous montre tant de soumission… Que diable, faisons-nous quelques concessions mutuelles ! Je vous ai remis mes pistolets que vous ne me demandiez pas…

L’officier choisi par Dubois pour opérer l’arreslation de Legoff et de Morvan était un homme déterminé, résolu, de devoir, mais de peu de délicatesse. Ses instructons ne comportaient pas qu’il refuserait un objet d’une valeur si énorme pour lui. Aussi ne sut-il pas résister : les mots magiques de vingt mille livres l’éblouissaient.

— Je pense, monsieur, reprit Legoff, sans lui donner le temps de placer un remercîment, je pense, monsieur, que vos instructions ne s’opposent pas à ce que vous nous appreniez, à M. le chevalier et à moi, quel est le lieu ou la forteresse désigné pour notre prison !…

— Mais, baron, dit l’officier en hésitant…

— Permettez, s’écria Legoff en l’interrompant de nouveau, puisqu’il est bien convenu que nous ne devons communiquer ni de vive voix ni par écrit avec personne, et qu’en outre, nous nous engageons, mon ami et moi, à ne pas essayer d’enfreindre cette défense, il ne peut y avoir aucun inconvenient à ce que nous connaissions la destination qui nous est assignée.

— Au fait, c’est juste, répondit l’officier, effrayé à l’idée qu’un refus de sa part pourrait exaspérer le baron Legoff, donner naissance à une querelle et compromettre la possession de cette torsade de vingt mille livres qui pour lui, bas-officier, représentait une véritable fortune. Votre observation est juste, baron. Eh bien ! j’ai ordre de vous conduire au fort Saint-Michel.

— Merci mille fois de votre complaisance, dit Legoff ; à présent que nous savons où nous allons nous pouvons composer notre garde-robe en conséquence… Dame ! vous comprenez, le climat du Nord et celui du Midi ne se ressemblent pas.

Legoff se retourna vers de Morvan, et affectant un air dégagé reprit en bas-breton :

— Alain ? écoute, et ne perds pas un mot de ce que je vais dire, il s’agit du salut de ton maître ! Une fois que nous serons partis, tu prendras tout l’argent du chevalier, tu t’habilleras en bourgeois, tu achèteras une voiture, et, payant chevaux et postillons au double du prix convenu, tu te rendras en voyageant nuit et jour à Brest. À Brest, tu demanderas l’armateur Cointo, et tu lui apprendras ce qui m’est arrivé. Retiens bien ce nom de Cointo ! À présent, chevalier, ajouta Legoff, dites à votre serviteur qu’il ait à m’obéir !

Legoff, tout en parlant ainsi, avait fait semblant d’examiner plusieurs vêtements ; de Morvan imita son manège, et, prenant la parole à son tour :

— Alain, au nom de ton attachement à ma personne, remplis bien exactement les instructions de M. Legoff, dit-il : ne regarde pas à dépenser mon or ; plus tu le prodigueras et mieux cela vaudra. Pars ce soir même. Au revoir.

Legoff et de Morvan déclarèrent alors à l’officier qu’ils étaient prêts à le suivre.

Un carrosse hermétiquement fermé les attendait à la porte de l’hôtel ; tous les trois y montèrent, et la voiture, escortée par une dizaine de cavaliers partit au galop, laissant la rue de l’Arbrec-Sec dans un grand émoi.

Quant à Alain, à peine son maître eut-il suivi l’officier, qu’il sortit de la ruelle du lit où il s’était tenu caché.

— Ah ! ma bonne Sainte-Anne-d’Auray, s’écria-t-il avec ferveur, donnez-moi l’intelligence nécessaire pour accomplir les ordres de M. le chevalier !

Alain, les yeux pleins de larmes, retira alors les neuf mille livres environ en or, qui se trouvaient dans le coffre de son maître.

Toutefois, quelque sincère et profonde que fût la douleur du Bas-Breton, un sourire joyeux passa sur son visage au moment où il mit de côté les trente écus que lui avait donné son maître.

La veille de l’arrestation des deux amis, un capitaine avait été demander, à la nuit tombante, l’abbé Dubois, au Pa-lais-Royal.

Ce capitaine, envoyé par d’Aubigné, et qui se nommait de Chaveignac, était parti le soir même, en chaise de poste, pour aller prendre possession du commandement du fort Saint-Michel.