Les Bords du Sacramento


Traduction par Louis Postif.
Gringoire du 29 juin 1939 (p. 3-30).

Les bords du Sacramento

Nouvelle inédite de Jack LONDON
Traduite de l’anglais par Louis POSTIF


Soufflez, ô vents, soufflez, aï, ho !
Vers la Californie, ho !
Car il y a de l’or à boisseaux
Sur les bords du Sacramento.



Ce n’était qu’un petit garçon ; il entonnait d’une voix suraiguë la chanson dont s’accompagnent tous les matelots du monde en virant au cabestan quand ils lèvent l’ancre pour le port de « Frisco ».

Ce n’était qu’un petit garçon : il n’avait jamais vu la mer, mais à soixante-cinq mètres au-dessous de lui roulait le Sacramento. On l’appelait le « petit » Jerry pour le distinguer de son père, le « vieux » Jerry, qui lui avait appris la chanson et dont il avait hérité la tignasse rousse, les yeux bleus et la peau claire couverte de taches de rousseur.

Le vieux Jerry, ancien marin, avait bourlingué sur mer durant toute sa jeunesse, toujours hanté par les paroles du fameux refrain. Puis un beau jour il l’avait chanté avec entrain dans un port d’Asie en s’arc-boutant avec vingt camarades autour de la couronne d’un cabestan.

Arrivé à San Francisco, il avait tourné le dos à son bateau et à la mer et s’en était allé voir de ses propres yeux les bords du Sacramento.

Il vit aussi l’or, car il trouva à s’employer dans la mine « Rêve d’or » et montra une extrême adresse à manœuvrer les câbles du transbordeur qui portait le minerai d’une rive à l’autre du fleuve, à soixante-cinq mètres au-dessus de la surface des eaux.

On lui confia la manœuvre et l’entretien des câbles : cette tâche lui plaisait et lui-même devint bientôt un rouage indispensable de la mine.

Puis il avait aimé la jolie Margaret Kelly : mais elle l’avait quitté pour aller dormir son ultime sommeil dans le petit cimetière, sous les grands pins immobiles, alors que le jeune Jerry trottinait à peine.

Le vieux Jerry ne reprit jamais la mer. Il resta auprès de ses machines, prodiguant à ses câbles et au petit Jerry toute l’affection dont il était capable. Quand les mauvais jours se levèrent pour le « Rêve d’or », il demeura au service de la compagnie comme gardien des installations, pour ainsi dire abandonnées.

Mais ce matin-là, il était invisible. On n’apercevait que le petit Jerry, assis sur le seuil de la cabane et fredonnant le vieux refrain.

Il avait préparé seul son petit déjeuner, l’avait pris, et venait de sortir pour jeter un coup d’œil sur le vaste monde. À six mètres de lui se dressait le tambour d’acier autour duquel s’enroulait le câble sans fin ; auprès du tambour gisait la benne à minerai. En suivant de l’œil la fuite vertigineuse des câbles, Jerry distinguait sur l’autre rive l’autre tambour et l’autre wagonnet.

Le fonctionnement de l’appareil était des plus simples : la benne chargée traversait le fleuve en vertu de son propre poids, ramenant en sens inverse la benne vide. Cette opération avait eu lieu des dizaines de milliers de fois depuis que le vieux Jerry s’occupait des câbles.

L’enfant interrompit sa chanson en entendant un bruit de pas. Un homme de haute taille, portant une chemise bleue, un fusil au pli du coude, sortit de l’ombre des pins. Petit Jerry reconnut Hall, gardien de la mine du « Dragon doré », dont les câbles transbordeurs enjambaient le Sacramento, à quinze cents mètres en amont.

— Bonjour, gamin ! Qu’est-ce que tu fabriques ici, tout seul ? lui demanda le gardien.

— Je fais la popote, répondit Jerry d’un ton détaché, comme si c’eût été son occupation habituelle. Papa n’est pas là, alors…

— Où est-il allé ?

— À San Francisco. Parti hier soir. Son frère vient de mourir au pays et il est descendu voir le notaire. Il ne sera pas de retour avant demain soir.

Ainsi parla Jerry, tout fier de la responsabilité qui lui incombait de veiller sur les propriétés du « Rêve d’or ». Seul sur la falaise au bord du fleuve, faisant lui-même sa cuisine, il vivait en pleine aventure.

— Eh bien ! sois sage, conseilla Hall, et surtout ne touche pas aux câbles. Je vais voir si je peux dégoter un daim dans le canyon de la Vache boiteuse.

— Il va pleuvoir, je crois, fit Jerry, après mûre réflexion.

— Je me moque bien d’une saucée ! répliqua Hall en s’éloignant parmi les arbres.

La prévision de Jerry se confirma amplement. À dix heures, les sapins se balançaient et gémissaient sous les rafales de pluie, qui secouaient les fenêtres de la cabane. Jerry alluma son feu et, à midi juste, il s’asseyait devant son déjeuner. Sa vaisselle nettoyée et proprement rangée, Jerry décida de ne point sortir. Il se demanda à quel point Hall devait être trempé, s’il réussissait à ramener du gibier.

Vers une heure, on frappa à la porte et il alla ouvrir : un homme et une femme entrèrent en trébuchant, poussés par une violente rafale. Il reconnut M.  et Mme Spillane, propriétaires d’un ranch situé dans une vallée solitaire à une quinzaine de kilomètres du fleuve.

— Où est Hall ? interrogea aussitôt Spillane d’un ton sec et rapide.

Jerry remarqua sa nervosité et la brusquerie de ses gestes ; de son côté, Mme Spillane semblait en proie à une vive inquiétude. C’était une femme maigre, usée par le travail ; les tristesses de l’existence et le labeur incessant avaient durement buriné ses traits et voûté les épaules de son mari.

— Hall est allé chasser à la Vache boiteuse, répondit Jerry. Vous auriez voulu passer ?

La femme se mit à sangloter, tandis que Spillane proférait une exclamation de contrariété et se précipitait vers la fenêtre. Jerry l’y suivit et tous deux essayaient de voir les câbles à peine distincts sous l’averse.

Les gens qui vivaient à l’intérieur de la forêt avaient coutume de traverser le Sacramento au moyen des câbles du Dragon doré. Ils payaient, en échange de ce service, un léger péage que l’administration du Dragon employait à parfaire les appointements de Hall.

— Il faut absolument que nous passions, Jerry, déclara Spillane, et, de son pouce, par-dessus son épaule, désignant sa femme, il expliqua : son père vient d’être blessé à la « Feuille de Trèfle » dans une explosion. On ne croit pas qu’il s’en tire. Nous venons de l’apprendre à l’instant.

Jerry hésitait, Spillane voulait passer sur le câble du Rêve d’or, et, en l’absence de son père, le gamin n’osait prendre sur lui une telle responsabilité, car on n’avait jamais utilisé ce câble-là pour transborder des passagers : en fait, on ne s’en était même pas servi depuis fort longtemps.

— Hall ne tardera peut-être pas à revenir, dit-il.

Spillane hocha la tête et demanda :

— Où est ton père ?

— À San Francisco.

Spillane poussa un soupir et frappa violemment du poing la paume de son autre main. Sa femme sanglota de plus belle et Jerry l’entendit murmurer :

— Et dire que papa se meurt, se meurt !

Les yeux de l’enfant se remplirent de larmes : il restait là, indécis, ne sachant quel parti prendre. Mais l’homme décida pour lui.

— Écoute, petit, dit-il d’une voix ferme. Ma femme et moi allons passer sur ton câble. Veux-tu le faire manœuvrer ?

Inconsciemment, Jerry esquissa un mouvement de recul. Son instinct se révoltait devant cette proposition scabreuse.

— Il vaudrait mieux voir si Hall est de retour, avança-t-il.

— Et si nous ne le trouvons point ?

Jerry hésitait encore.

— Je prends sur moi toute la responsabilité, ajouta Spillane. Il faut que nous traversions à tout prix.

Jerry hochait la tête.

— Inutile d’attendre Hall, poursuivit Spillane. Tu sais comme moi qu’il ne saurait être de retour à cette heure ! Alors, décide-toi et allons-y !

Rien de surprenant que Mme Spillane parût terrifiée, quand ils l’aidèrent à s’installer dans la benne à minerai. Au-dessous d’elle béait un gouffre insondable. La pluie et la brume agitées et brassées par de violentes bourrasques couvraient le fleuve au point que l’autre rive, à deux cent vingt mètres de distance, demeurait invisible : à leurs pieds la falaise tombait à pic pour se perdre dans les tourbillons de vapeur d’eau.

— Vous y êtes ? demanda Jerry.

— Vas-y ! hurla Spillane, pour dominer de la voix le tumulte de l’ouragan.

Monté près de sa femme, il la tenait par la main ; Jerry remarqua cette attitude et la désapprouva.

— De la manière dont chasse le vent, vous n’aurez pas trop de vos deux mains pour vous cramponner ! cria-t-il.

L’homme et la femme se lâchèrent la main d’un même mouvement et empoignèrent les côtés de la benne. Lentement et avec précaution, Jerry commença de desserrer le frein. Le tambour s’ébranla sous le passage du câble et la benne s’enfonça doucement dans le vide, ses galets de suspension se déplaçant sur le guide fixe supérieur qui la supportait.

Jerry avait déjà manœuvré le câble auparavant mais, pour la première fois, il s’y risquait hors de la surveillance paternelle. À l’aide du frein, il réglait la vitesse de la benne ; précaution indispensable car, par instants, entraînée par des rafales plus puissantes, elle oscillait violemment en avant et en arrière ! même au moment précis où elle s’engouffrait dans un rideau de pluie, elle parut sur le point de se vider de ses occupants.

Ensuite, Jerry ne possédait plus aucun moyen de savoir où elle se trouvait, sauf en se repérant sur le câble. Il la regardait avec attention glisser sur le tambour.

— Cent mètres… murmura-t-il en suivant du regard la flèche indicatrice, puis cent quinze, cent trente, cent trente-deux…

Le câble venait de s’arrêter net. Jerry relâcha le frein, empoigna le câble et le hala de toutes ses forces, sans plus de résultat. Quelque chose venait de se dérégler. Quoi ? Hors de toute visibilité, il ne pouvait le deviner. Cependant, il distinguait vaguement la benne vide venue de la falaise opposée. Elle se trouvait à quatre-vingts mètres environ. Cela signifiait, il ne l’ignorait pas, que là-bas, dans la demi-obscurité, à soixante-cinq mètres au-dessus de l’eau et à quatre-vingts mètres de l’autre rive, Spillane et sa femme, suspendus, demeuraient bloqués.

À trois reprises, Jerry appela de toute la force de sa voix aiguë, mais, au sein de la tourmente, aucune réponse ne lui parvint. Impossible de se faire entendre. Il attendit un instant, les pensées se pressant dans sa tête : alors les nuages semblèrent s’éclaircir et se dissoudre et il aperçut, durant quelques secondes, le cours tumultueux du Sacramento et la benne avec l’homme et la femme. Puis la brume redescendit, plus opaque que jamais.

Il vérifia de près le tambour, sans y déceler rien d’anormal. De toute évidence, c’était l’autre qui fonctionnait mal. Il frémit en songeant à l’homme et la femme suspendus, tout là-bas, en plein orage, au-dessus de l’abîme, secoués dans leur nacelle précaire et ignorant ce qui se passait. À tout prix il fallait les tirer de là. Il résolut de recourir au câble du Dragon doré pour se rendre au tambour de la rive en face.

Soudain, il se rappela que le hangar aux outils renfermait un palan et alla le chercher : il le fixa au câble sans fin et se mit à haler, à haler au point qu’il sentit ses épaules prêtes à se déboîter. Mais le câble ne bougeait pas davantage. Il fallait absolument passer sur l’autre rive.

Il était déjà complètement trempé et insouciant de la pluie ; il courut sur le sentier du Dragon doré. La direction du vent le favorisait et l’entreprise se montra relativement aisée, bien que Hall ne fût pas là pour freiner et régler la course du wagonnet. Il s’en tira au moyen d’une forte corde à laquelle il fit faire un tour sur le câble fixe.

Lorsque toute la force de l’ouragan l’atteignit dans le vide, agitant le câble, hurlant et sifflant, secouant et inclinant la benne, il comprit mieux encore quel devait être l’état d’esprit de Spillane et de sa femme. Cette pensée décupla son courage tandis qu’au plus fort de la bourrasque, il revenait sur l’autre rive vers le câble du Rêve d’or.

À sa consternation, il trouva le tambour en parfait ordre de marche. Puisque aux deux extrémités tout fonctionnait bien, d’où provenait l’anicroche ? Du milieu, sans aucun doute.

De ce côté, la benne contenant Spillane et sa femme n’était distante de lui que de quatre-vingts mètres. Il pouvait, à travers les tourbillons de vapeur d’eau, distinguer ses passagers, blottis au fond, exposés à la pluie cinglante et à toute la fureur du vent. Profitant d’une accalmie, il cria à Spillane de vérifier le trolley.

L’homme l’entendit ; Jerry le vit, en effet, se redresser avec précaution sur les genoux, passer les mains sur les deux roulettes, puis se tourner vers la rive.

— Hé, petit : tout va bien !

Jerry saisit les mots faibles et étouffés comme s’ils arrivaient de très loin. Alors d’où provenait l’arrêt ? Restait à vérifier la benne vide, invisible, mais qu’il savait là-bas, quelque part dans cet abîme effrayant à quarante mètres derrière la benne occupée par Spillane et sa femme.

Il prit aussitôt une décision. Jerry n’avait que quatorze ans, il était maigre et nerveux, mais toute sa vie s’était passée dans les montagnes et il ne craignait pas le vertige.

Dans la boîte à outils, auprès du tambour, il trouva une vieille clé à molette, une courte barre de fer et un rouleau de corde de Manille presque neuve. Mais il chercha en vain un bout de planche pour faire une « chaise de mâture ».

Il ne disposait que de madriers, sans rien pour les scier.

Il établit donc un siège des plus sommaires en fixant simplement une large boucle de la corde autour du câble de suspension de la benne vide. Assis dans la boucle, ses mains pouvaient le tirer le long du câble d’acier ; au point où la corde risquait de se couper, il attacha son paletot, pour remplacer le vieux sac qu’il ne possédait point.

Ces dispositions prises, il se laissa glisser au-dessus du fleuve, se halant à la force des poignets. Il emportait sa clé à molette, sa barre de fer et le reste de la corde. La pente du câble montait légèrement, mais il s’en souciait moins que du vent. Quand les furieuses rafales le balançaient d’avant en arrière, le faisant parfois presque tourner sur lui-même, et qu’il baissait les yeux vers la grisaille profonde, il frémissait de terreur. Le câble était bien vieux. Qu’arriverait-il s’il se rompait, sous son poids, joint aux assauts du vent ?

La peur le tenaillait ; il ressentait une impression de vide au creux de l’estomac et malgré lui ses genoux s’entrechoquaient.

Cependant, il s’obstinait vaillamment à sa tâche. Le câble, vieux et usé, se hérissait de pointes de fil d’acier et quand il fit sa première halte pour échanger avec Spillane quelques paroles à tue-tête, ses mains, toutes meurtries, saignaient. La benne se trouvait juste au-dessous de lui et il put expliquer aux deux occupants ses allées et venues.

— Je voudrais bien pouvoir t’aider ! lui cria Spillane quand il repartit, mais la femme est à bout de forces ! En tout cas, petit, fais attention à toi ! C’est moi qui me suis fourré dans le pétrin… à toi de m’en tirer !

— J’y réussirai ! fit Jerry. Dites à Mme Spillane qu’elle sera bientôt à terre.

Dans la pluie battante qui l’aveuglait à demi et le balançait de-ci, de-là, comme un capricieux pendule, hors d’haleine, les mains déchirées et cuisantes, le souffle haletant, il finit par atteindre la benne vide.

Du premier coup d’œil, il se rendit compte que son dangereux voyage n’avait pas été inutile. La roue avant du trolley, rongée par un long usage, avait sauté du câble, le maintenant coincé entre elle et le support de son pivot.

De toute nécessité, il fallait dégager la roue et pendant cette opération, fixer la benne au câble au moyen de la corde dont il s’était muni. Au bout d’un quart d’heure d’efforts il n’était encore parvenu qu’à attacher la benne. La goupille qui reliait la roue à son axe était rouillée et écrasée. D’une main, il cognait dessus, en se retenant de son mieux de l’autre ; mais le vent continuait de le balancer et de le faire tourner et ses coups frappaient presque toujours à faux. Il déployait les neuf dixièmes de sa force à essayer de conserver son équilibre. De crainte de lâcher sa clé, il dut l’attacher à son poignet à l’aide de son mouchoir.

Au bout d’une demi-heure, il était arrivé à ébranler la goupille, mais ne pouvait la sortir ; à une dizaine de reprises, désespéré, il fut sur le point d’abandonner la partie. Tout à coup une idée lui vint. Fouillant ses poches avec une hâte fébrile, il y trouva ce qu’il désirait : un clou de charpentier.

À défaut de ce clou, fourré dans sa poche, il ne savait plus trop ni quand ni pourquoi, il aurait dû faire sur le câble un autre voyage aller et retour. Enfin, il passa son clou dans l’œil de la goupille, obtenant ainsi une prise solide, et l’arracha sans difficulté.

Ensuite, il frappa avec la barre de fer pour libérer la roue. En fin de compte, il parvint à la remettre en place et, au moyen de la corde, souleva la benne jusqu’à ce que le trolley reposât normalement sur le câble.

Tout cela avait demandé du temps : plus d’une heure et demie s’était écoulée. Alors, seulement, il lui fut possible de quitter son siège et de descendre dans la benne. Il dénoua sa corde et le trolley commença lentement à se déplacer : la benne avança et il songea que là-bas, hors de portée de ses yeux, la benne de Spillane avançait d’autant dans la direction opposée.

Il était inutile de freiner, car son poids contrebalançait suffisamment celui de la benne descendante et bientôt lui apparurent, émergeant de la brume, la falaise et le vieux tambour familier déroulant son câble.

Il sauta de sa benne et l’amarra solidement avec le plus grand soin puis, en un geste qui n’avait plus rien d’héroïque, il s’affaissa près du tambour, sans se soucier de l’orage, et fondit en sanglots.

Il ne manquait pas de raisons pour pleurer ; la torture de ses mains écorchées et son extrême fatigue, son soulagement et sa détente nerveuse, mais surtout la satisfaction d’avoir sauvé du danger l’homme et la femme.

Ils ne pouvaient le remercier ; par-delà l’abîme grondant, balayé par l’orage, ils se hâtaient sur le sentier de la Feuille de Trèfle.

Jerry se dirigea d’un pas incertain à la cabane et sa main laissa sur le bouton blanc de la porte une empreinte sanglante, mais il ne s’en aperçut même pas.

Il débordait d’orgueil et de contentement, car il était certain d’avoir bien agi et il était suffisamment sincère avec lui-même pour en convenir.

Seulement, une ombre de regret passait et repassait dans ses pensées : si au moins son père avait pu le voir !

Jack LONDON.
Traduit de l’anglais par Louis POSTIF.