Les Beaux nuages (Verhaeren)

Œuvres de Émile VerhaerenMercure de FranceIX. Toute la Flandre, II. Les Villes à pignons. Les Plaines (p. 225-226).


LES BEAUX NUAGES


Avec ton ciel de nacre et d’ambre

Tu rehausses les champs, les prés et les villages,
Ô mois des beaux nuages,
Septembre !

La croupe des chevaux et le soc des charrues,
Et le gars lent qui les conduit, par les labours,
Sous la haute splendeur de la lumière accrue,
Groupent l’accord plus clair de leurs mouvements lourds.

L’air vibre ; et l’on entend la cadence des ailes
Passer, en vols nombreux, sur les blanches maisons ;
Et près du bois, là-bas, les cueilleuses d’airelles

Vers leur rouge récolte inclinent leur chanson.


Entre l’azur et la terre la paix est faite :

Un bonheur se précise, égal et continu ;
L’été s’attarde encore en de calmes retraites
Et les petits enfants courent encor pieds nus.

Et septembre, là-haut,
Avec son ciel de nacre et d’or voyage,
Et suspend sur les prés, les champs et les hameaux,

Les blocs étincelants de ses plus beaux nuages.