Les Aventures de Til Ulespiègle/XCVII

Anonyme
Traduction par Pierre Jannet.
À l’enseigne du pot cassécoll. Scripta Manent, n°44 (p. 226-227).

APPENDICE.

CHAPITRE XCVII.


Comment Til Ulespiègle répondit à un cavalier qui
lui demandait son chemin.



Un jour, pendant qu’il était encore enfant, Ulespiègle était resté seul à la maison. Survint un cavalier qui s’arrêta à la porte pour demander son chemin, et qui, ne voyant personne, cria : « N’y a-t-il personne ici ? – Si, répondit Ulespiègle ; il y a un homme et demi et une tête de cheval ; car tu es à moitié dans la maison, avec la tête de ton cheval, et moi je suis un homme. » Alors le cavalier lui demanda où étaient son père et sa mère ; il répondit : « Mon père est occupé à faire de mauvais pire, et ma mère est allée chercher dommage ou honte. – Comment cela ? » demanda le cavalier. L’enfant répondit : « Mon père est occupé à faire un mauvais chemin encore plus mauvais, car il fait des fossés sur les deux côtés pour qu’on ne passe plus dans ses champs. Ma mère est allée emprunter du pain ; si elle en rend de moins, ce sera honte ; si elle en rend de plus, il y aura dommage. » Le cavalier lui dit : « Par où dois-je passer ? – Par où vont les oies, » répondit l’enfant. Le cavalier se mit à suivre les oies, qui s’envolèrent dans l’eau. Il se trouva embarrassé ; il revint vers l’enfant et lui dit : « Les oies ont volé dans l’eau ; je ne peux les y suivre avec mon cheval. – Je vous ai dit d’aller par où vont les oies, dit Ulespiègle, et non par où elles nagent. » Le cavalier continua son chemin, émerveillé des réponses de l’enfant.