Les Aventures de Til Ulespiègle/XCVII
APPENDICE.
CHAPITRE XCVII.
lui demandait son chemin.
n jour, pendant qu’il était encore enfant,
Ulespiègle était resté seul à la maison.
Survint un cavalier qui s’arrêta à la porte
pour demander son chemin, et qui, ne voyant personne,
cria : « N’y a-t-il personne ici ? – Si, répondit
Ulespiègle ; il y a un homme et demi et une tête de
cheval ; car tu es à moitié dans la maison, avec la
tête de ton cheval, et moi je suis un homme. » Alors
le cavalier lui demanda où étaient son père et sa
mère ; il répondit : « Mon père est occupé à faire de
mauvais pire, et ma mère est allée chercher dommage
ou honte. – Comment cela ? » demanda le cavalier. L’enfant répondit : « Mon père est occupé à faire
un mauvais chemin encore plus mauvais, car il fait
des fossés sur les deux côtés pour qu’on ne passe
plus dans ses champs. Ma mère est allée emprunter
du pain ; si elle en rend de moins, ce sera honte ; si
elle en rend de plus, il y aura dommage. » Le cavalier
lui dit : « Par où dois-je passer ? – Par où vont les
oies, » répondit l’enfant. Le cavalier se mit à suivre
les oies, qui s’envolèrent dans l’eau. Il se trouva
embarrassé ; il revint vers l’enfant et lui dit : « Les
oies ont volé dans l’eau ; je ne peux les y suivre avec
mon cheval. – Je vous ai dit d’aller par où vont les
oies, dit Ulespiègle, et non par où elles nagent. »
Le cavalier continua son chemin, émerveillé des
réponses de l’enfant.