Les Aventures de Til Ulespiègle/XCVIII
CHAPITRE XCVIII.
lespiègle avait un cheval rétif dont il voulait
se défaire. Quelqu’un qui en avait envie
lui dit, après l’avoir examiné : « Mon cher
garçon, si tu lui connais quelque défaut caché, dis-le-moi
franchement. Je te le payerai convenablement. »
Ulespiègle répondit : « Je ne lui connais aucun défaut,
si ce n’est qu’il ne va pas sur les arbres. – Je ne veux
pas le faire aller sur les arbres, dit le marchand. Si tu
veux me le donner pour un bon denier, je le prends. – Je ne le donnerai pas pour un denier, dit Ulespiègle,
mais bien pour quinze florins. » Ils tombèrent
d’accord. Quand l’acheteur voulut rentrer en ville,
il ne put décider son cheval à traverser le pont, qui
était en bois, car il n’allait pas sur les arbres. Mais
l’acheteur avait compris qu’il s’agissait d’arbres
encore debout ; il fit appeler Ulespiègle en justice.
Là il fut reconnu qu’on l’avait trompé ; Ulespiègle
fut condamné à lui rendre son argent. Mais il appela
de la sentence, et ne revint jamais pour faire juger
l’appel.