Les Aventures de Til Ulespiègle/LXXV

Anonyme
Traduction par Pierre Jannet.
À l’enseigne du pot cassécoll. Scripta Manent, n°44 (p. 181-182).

CHAPITRE LXXV.


Comment Ulespiègle fut invité à dîner par une femme
qui avait la roupie au bout du nez.



Une fois il devait y avoir une fête. Ulespiègle voulut y aller, et comme son cheval se trouvait boiteux, il s’en alla à pied. Il faisait très chaud, et Ulespiègle commençait à avoir faim lorsqu’il rencontra un petit village qui était sur le chemin, et dans lequel il était bien connu. Il n’y avait pas d’auberge dans ce village, et il était midi lorsqu’Ulespiègle y arriva. Il entra dans une maison et trouva la femme en train de faire du beurre. La bonne femme avait une grosse roupie au bout du nez et ne pouvait pas se moucher, parce qu’elle avait les mains mouillées de lait. Ulespiègle lui dit bonjour et remarqua bien qu’elle avait la roupie au nez. Elle lui dit : « Mon cher Ulespiègle, asseyez-vous et attendez un peu, je vous donnerai de bon beurre frais. » Ulespiègle se tourna vers la porte et sortit. La femme lui cria : « Attendez donc ! vous mangerez quelque chose. – Chère dame, dit Ulespiègle, quand cela sera tombé. » Et il s’en alla dans une autre maison en pensant en lui-même : « Tu ne mangeras pas de ce beurre. Celui qui aurait un peu de pâte n’aurait pas besoin d’œufs. La roupie suffirait. » Il avait peur que la roupie ne tombât dans le lait.