Traduction par William Little Hughes.
Hennuyer (p. 183-193).


Deux ou trois heures plus tard, je sentis que le moment du déjeuner approchait et je descendis. En passant, devant la chambre des orphelines je vis la porte ouverte. Marie-Jeanne se tenait assise près d’une vieille malle où elle venait de ranger des effets ; elle s’était arrêtée au milieu de son emballage et elle pleurait. Mon premier mouvement fut d’entrer pour essayer de la consoler.

Je me figurais qu’elle se désolait encore de la mort de son oncle. Pas du tout ; elle ne pensait qu’aux nègres et à leur mère.

— Ah ! comment ne pas pleurer en songeant à ces pauvres gens qui ne se reverront plus ! dit-elle.

Je fus sur le point de m’écrier que les nègres reviendraient bientôt, comme s’ils n’avaient jamais été vendus. Mais alors il aurait fallu lui tout raconter. Marie-Jeanne, pour me remercier du service que je lui rendais, me ferait peut-être écharper. Elle ameuterait toute la ville. À force de réfléchir, j’avais compris que maintenant je courais deux dangers au lieu d’un. On m’avait vu arriver avec ces faux oncles et on croirait que j’appartenais à la bande. Mon intention était donc d’emprunter un canot à la tombée de la nuit et de rejoindre Jim sur le radeau. Quant au reste, rien ne pressait. Le roi et son ami ne voulaient pas partir les poches vides et ils ne toucheraient le prix de la vente que le lendemain au plus tôt. Je comptais laisser pour le docteur une lettre où je lui dirais : « Écrivez au juge de Bricksville : Nous tenons le caméléopard et son associé. Vous verrez bientôt arriver des témoins qui vous donneront des renseignements sur M. Harvey et son frère. En attendant, faites-les coffrer. » De cette façon, je ne risquerais pas d’être étranglé par le duc ou écharpé par les gens de la ville. Aussi jugeai-je prudent de ne pas consoler trop tôt Marie-Jeanne et me contentai-je de lui dire :

— J’ai rêvé hier au soir que vous n’iriez pas en Angleterre et que vous reverriez vos nègres.

La vente eut lieu sur la place publique, assez tard dans l’après-midi. Le commissaire-priseur avait en vain conseillé aux héritiers de ne pas tant se hâter ; le révérend Harvey Wilks était trop pressé. Il aimait mieux, disait-il, sacrifier quelques centaines de livres sterling que de retarder son départ pour Sheffield, où sa chaire restait vide.

Enfin, tout fut vendu, sauf un champ situé près du cimetière, et on se dirigea de ce côté. À peine y fut-on, que la moitié de la bande — il y avait là plus de badauds que d’enchérisseurs — retourna sur ses pas. Un steamer qui s’était arrêté en face de la ville attirait les curieux. Au bout de cinq à six minutes nous les vîmes revenir, accompagnés de beaucoup d’autres, riant, gesticulant, poussant des cris confus. À mesure qu’ils se rapprochaient, on distinguait ce qu’ils disaient.

— Vive la concurrence !… Voilà un autre révérend Harvey Wilks et un autre sourd-muet !… Les paris sont ouverts, faites votre choix !

Tout en criant, ils entraînaient, sans trop les bousculer, un vieux monsieur que l’on aurait plutôt pris pour un riche fermier que pour un clergyman, et un jeune homme, également bien mis, qui portait un bras en écharpe. Ils paraissaient ahuris, mais j’aurais parié pour eux et je n’avais pas envie de rire, car leur arrivée dérangeait mon plan. À voir le duc, vous auriez juré qu’il n’avait rien entendu. Quant au roi, il ne perdit pas non plus son sang-froid. Il contemplait les vrais héritiers d’un air attristé. Son visage disait clairement : « Se peut-il qu’il y ait au monde de tels fourbes ! » Ah ! il jouait bien son rôle. Les gens qu’il avait réussi à enjôler se groupèrent autour de lui pour montrer qu’ils prenaient son parti. Le vieux gentleman ne sembla pas s’inquiéter de cette démonstration.

— Messieurs, dit-il — et je vis tout de suite qu’il ne parlait pas comme un Yankee — j’étais loin de m’attendre à un pareil accueil. Je ne vous ai pas trompés, et je le prouverai demain ou après-demain, dès que j’aurai reçu mes bagages qui ont été mis à terre par erreur à quelques milles de Nantuck. D’ici là, il est inutile de discuter. Mon frère William, qui s’est cassé le bras durant ce triste voyage, et moi, qui ai été fort secoué, nous avons grand besoin de repos. Veuillez nous indiquer un hôtel où vous nous garderez à vue, si cela vous plaît.

Mon frère William s’est cassé le bras.
Mon frère William s’est cassé le bras.

Ils partirent avec une escorte qui ne savait trop que penser de la mine hébétée du second sourd-muet, mais que l’allure pleine de franchise du second Harvey Wilks semblait disposer en sa faveur. Tandis qu’ils s’éloignaient, le roi, qui aurait bien voulu s’éloigner aussi — sans escorte — se mit à ricaner.

— Un clergyman qui consent à se laisser garder à vue, qui ne pleure même pas la mort de son frère !… Et ils ont perdu leurs bagages !… C’est très commode et très ingénieux…

Il se tut en apercevant le docteur, qui venait d’arriver et qui l’écoutait tout en causant avec deux autres messieurs que je voyais pour la première fois.

— Quand êtes-vous débarqué à Nantuck ? demanda un de ces derniers au roi.

— Le jour de l’enterrement, monsieur.

— Je le sais ; mais à quelle heure ?

— Dans la soirée — une heure ou deux avant le coucher du soleil.

— Comment êtes-vous arrivé ici ? Par quelle voie ?

— À bord du Franklin qui venait de Cincinnati.

— Alors comment vous trouviez-vous à la pointe le matin, dans un canot ?

— Je n’étais pas à la pointe. Vous vous trompez.

— Oh ! j’ai de bons yeux. C’est bien vous que j’ai vu passer dans un canot avec Tim Collins et un gamin.

— Reconnaîtriez-vous ce gamin, Hines ? demanda le docteur.

— Je crois que oui… Justement le voilà !

C’est moi qu’il désignait.

— Mes amis, dit le docteur, il se peut que les derniers venus soient les vrais héritiers ; mais si ces deux gaillards-là ne sont pas des fourbes, je consens à passer pour un idiot. Il est de notre devoir de les empêcher de s’échapper. Emmenons-les à l’hôtel. Une confrontation suffira peut-être pour tout éclaircir.

La révélation de M. Hines avait produit son effet ; les amis du roi commençaient à penser que l’on n’avait pas eu trop tort de les traiter de niais. On ne se contenta pas de garder à vue les deux frères, on les saisit au collet. Le jour baissait et maintenant que j’étais à peu près sûr qu’ils seraient coffrés, je n’aurais pas mieux demandé que de leur fausser compagnie afin de mettre mon projet à exécution. Pas moyen. Le docteur me tenait par la main et il ne me lâcha pas. Tout le monde entra pêle-mêle dans le grand salon de l’hôtel. On alluma des chandelles et l’on fit venir les nouveaux prétendants à l’héritage.

— Je dois songer avant tout, dit le docteur, aux intérêts de ces orphelines que je connais depuis leur enfance. Si cet homme (il désignait du geste le roi) n’est pas un fourbe, il ne refusera pas de remettre en mains sûres les 6 000 dollars qu’on lui a confiés.

— Hélas ! répliqua le roi d’un ton vraiment navré, je regrette plus que personne que mes nièces n’aient pas gardé cet argent dont mon frère et moi leur avions cédé notre part. Cet argent, je ne l’ai plus — il a disparu.

— Disparu ? Allons donc !

— Oui ; je l’avais caché dans ma paillasse, jugeant inutile de le déposer dans une banque pendant les quelques jours que nous avions à rester ici. On nous l’a volé.

— Qui donc l’a volé ?

— Les nègres.

— Quels nègres ?

— Ceux que j’ai vendus. Je ne me suis aperçu du vol que le lendemain de leur départ. Mon domestique est là, vous pouvez l’interroger.

Le docteur haussa les épaules.

— Vous avez vu les nègres emporter cet argent ? me demanda-t-il.

— Non, répliquai-je. J’ai seulement dit à M. Harvey qu’ils sont sortis de sa chambre en ayant l’air de se cacher. Je n’en sais pas davantage.

— Et vous, reprit le docteur en s’adressant au roi, vous n’avez pas songé tout d’abord à prévenir vos nièces, à porter plainte contre ceux que vous soupçonniez ?

— Si, j’y ai si bien songé que j’ai écrit au shérif ; mais vous n’ignorez sans doute pas qu’il est absent. À quoi bon, du reste ? Ceux qui ont acheté les nègres devaient déjà être loin, chacun de leur côté, et mon intention était de dédommager amplement mes nièces.

On avait beau lui adresser question sur question, il trouvait réponse à tout. Quant à l’autre Harvey Wilks, il prenait la chose très tranquillement. Il déclara qu’il ne refuserait pas de répondre à un magistrat, mais qu’il regardait comme au-dessous de sa dignité de subir un interrogatoire extra-judiciaire — d’autant plus que l’on pourrait se dispenser de l’interroger ; dès que le messager auquel il avait donné des instructions reviendrait avec ses bagages tout s’éclaircirait.

— Soit, dit le docteur ; mon opinion est déjà à peu près faite, et nous en serons quittes pour patienter jusqu’à… Ah ! mon cher Bell, vous voilà enfin ! Pourquoi nous avez-vous plantés là ? Nous avions grand besoin de vous.

— Et moi, j’avais faim, répliqua M. Levi Bell, qui avait l’air plus éveillé qu’une potée de souris.

Le roi se rappelait ce nom-là ; aussi recommença-t-il le manège qui lui avait réussi tout d’abord.

— Quoi ! vous êtes M. Levi Bell, l’éminent avocat dont mon pauvre frère se plaisait, dans ses lettres, à vanter l’éloquence et qu’il regrettait de ne pas voir siéger sur les bancs du Sénat ? Permettez-moi de vous serrer la main.

L’avocat parut flatté et pressa avec effusion la main qu’on lui tendait.

— Bell, s’écria le docteur, je vous croyais assez de bon sens pour ne pas vous laisser prendre à ces flagorneries ! Ce vieil intrigant a appris par Tim Collins les noms et les professions de la moitié des gens de la ville.

— C’est possible, répliqua M. Levi Bell ; mais il n’a pu apprendre de Tim que Pierre Wilks me reprochait d’être trop modeste pour me lancer dans la politique.

Là-dessus il se mit à causer à voix basse et d’un ton amical avec le roi.

— Oui, dit-il enfin, tout le monde admettra que la façon généreuse dont vous avez agi prouve que vous n’aviez aucun intérêt à faire disparaître les 6 000 dollars. Néanmoins, en votre qualité d’exécuteur testamentaire, vous auriez dû… Il faut retrouver ces nègres, et je me flatte que ce ne sera pas long, si je m’en mêle. M’autorisez-vous à prendre les mesures nécessaires ?

— Très volontiers, répliqua le roi, enchanté de trouver un défenseur.

— Eh bien, asseyez-vous là et donnez-moi une autorisation écrite qui me permettra au besoin de réclamer…

— Vos honoraires ? Oh ! rien de plus juste !

Et il s’empressa de tracer quelques lignes que lui dicta M. Bell.

— Vous voyez, reprit l’avocat, que cela ne vous engage à rien. Veuillez prier votre frère d’ajouter simplement : « Approuvé l’écriture ci-dessus », et de signer.

Donnez-moi une autorisation écrite.
Donnez-moi une autorisation écrite.

Le duc, qui avait tout entendu, ne semblait pas trop à son aise, mais il n’osa pas feindre de ne pas comprendre les signes de son frère. M. Bell s’empara de la feuille de papier, puis il dit, en s’adressant au second Harvey Wilks :

— Maintenant, je voudrais une ligne ou deux de votre écriture. Peut-être n’en faudra-t-il pas davantage pour nous éclairer.

— Donnez ! répondit d’un ton impatienté le vieux gentleman, qui prit la plume à son tour.

— Allons, c’est la bouteille à l’encre, s’écria l’avocat après avoir examiné des lettres qu’il venait de tirer de sa poche. Ces lettres portent le timbre de Sheffield, et tout le monde reconnaîtra au premier coup d’œil qu’elles ne viennent pas de ces messieurs-là (il désignait le roi et le duc qui, je vous en réponds, étaient dans leurs petits souliers). Je m’y attendais et j’espérais que le troisième autographe donnerait raison au nouveau venu ; mais non, son griffonnage illisible ne ressemble en rien à l’écriture de Harvey Wilks.

— L’explication est des plus simples, dit le vieux gentleman. Personne ne peut lire mon écriture, excepté mon frère William, et c’est lui qui a copié mes lettres.

— Voyons un peu, fit l’avocat. J’ai là des lettres de William Wilks. Priez donc votre frère d’écrire quelques lignes et nous verrons bien.

— Il ne peut pas écrire avec sa main gauche ; mais vous n’avez qu’à comparer ses lettres avec les miennes, l’écriture est la même.

— Le fait est qu’il y a une grande ressemblance, répliqua M. Bell après un court examen. N’importe, je ne tiens pas encore ma solution. Une seule chose est prouvée. Ceux qui m’ont remis cette autorisation sont des faussaires, et je leur conseille de ne pas chercher à s’évader, car ils n’en seraient pas quittes pour être logés pendant une année ou deux aux frais de l’État.

Le duc devint blême ; mais le roi fit bonne contenance.

— Ah ! monsieur, dit-il en levant les yeux au plafond, voilà des paroles que vous regretterez d’avoir prononcées. Puisse le ciel vous les pardonner comme je vous les pardonne !

— C’est trop d’hypocrisie ! s’écria le vieux gentleman qui se leva tout à coup. Vous auriez dû comprendre que, par charité, je voulais vous laisser l’occasion de vous repentir ailleurs qu’en prison. Ma patience est à bout… Y a-t-il ici quelqu’un qui ait aidé à ensevelir mon frère ?

— Oui, répliqua un ouvrier de la tannerie, il y a Ab Turner et moi. Alors le vieux monsieur se tourna vers le roi et lui dit :

— Puisque vous êtes le frère aîné de Pierre Wilks, vous savez sans doute quel genre de tatouage il portait sur la poitrine ?

Si vous vous figurez que le roi s’avoua battu, c’est que vous ne le connaissez pas. Je crois qu’il voulait simplement gagner du temps afin de profiter de la première éclaircie pour prendre ses jambes à son cou. Toujours est-il qu’après avoir pâli un peu, il ébaucha un sourire et répliqua effrontément :

— Oui, monsieur, je le sais. Mon frère, avant son départ pour l’Amérique, s’était tatoué une petite flèche sur la poitrine.

— Vous entendez ? dit le vieux gentleman à Ab Turner. Avez-vous vu cette flèche ?

Ab Turner et son camarade secouèrent la tête.

— Non, n’est-ce pas ? Mais vous avez dû voir les initiales de son nom, un P et un W ?

Les deux témoins déclarèrent qu’ils n’avaient pas remarqué la moindre initiale sur la poitrine du défunt. On commençait à se fâcher et à crier : « Ce sont tous des voleurs ! Ils ne valent pas mieux les uns que les autres ! Jetons-les à l’eau », lorsque l’avocat sauta sur la table.

— Messieurs, messieurs, dit-il de façon à se faire entendre au-dessus du vacarme, veuillez m’écouter un instant, s’il vous plaît. Il y a un moyen fort simple de tirer la chose au clair. Au cimetière !

— C’est cela ! hourra ! en avant !

— Pas si vite, mes amis, dit le docteur. Emmenons ces hommes.

— Oui, oui, et nous lyncherons toute la bande, s’il n’y a pas de tatouage.

— En attendant, contentez-vous de les surveiller de près, sans les maltraiter. Je me charge du gamin.

On se dirigea tout droit vers le cimetière, qui se trouvait à un mille de l’hôtel. Il était neuf heures du soir et le temps tournait à l’orage, ce qui n’empêcha pas la foule de grossir à mesure que nous avancions. Je tremblais dans ma peau. Évidemment, on verrait que le roi avait menti et je passerais pour son complice. Je n’aimais pas à songer à ces tatouages et pourtant je ne pouvais penser qu’à cela. Le ciel s’assombrissait, c’eût été un bon moment pour m’éclipser, si le docteur ne m’avait pas tenu par le poignet.

Arrivée dans le cimetière, la foule cessa un peu de crier. Quand on eut atteint la tombe de Pierre Wilks, on s’aperçut que l’on avait plus de pelles qu’il n’en fallait ; mais personne ne s’était avisé d’apporter une lanterne. Cependant on voyait assez clair pour creuser et on se mit à l’œuvre, tandis que Ab Turner courait chercher un falot.

Les fossoyeurs improvisés n’y allèrent point de main morte, car avant son retour ils avaient tiré le cercueil de la fosse, autour de laquelle les curieux se pressaient. Le docteur, craignant peut-être de me perdre dans la foule, restait un peu à l’écart, de sorte que, sans les exclamations que j’entendais, je n’aurais pas su ce qui se passait.

— Il nous faudrait un tourne-vis, dit quelqu’un.

— Bah ! répliqua un autre, un levier suffira et nous avons des pioches.

Un léger craquement m’apprit que l’on faisait sauter le couvercle du cercueil. Au même instant un formidable éclair illumina le ciel et l’avocat, dont je reconnus la voix, s’écria :

— En voici bien d’une autre ! On a enterré son sac d’or avec lui !

Alors ce fut une bousculade comme vous n’en avez jamais vu. Le docteur poussa à son tour un cri de surprise, me lâcha le poignet, et pendant qu’il cherchait à percer la foule, je profitai de l’occasion pour lui fausser compagnie. Deux minutes plus tard, j’étais hors du cimetière et je descendais au galop la colline qui conduisait à la ville. Il pleuvait maintenant et les éclairs se suivaient à de courts intervalles. Je ne m’en plaignis pas, car les rues étaient désertes. Je pus donc gagner sans encombre un canot que j’avais choisi d’avance, parce qu’il n’était retenu que par une corde, et aussi parce qu’il se trouvait juste en face de l’île où Jim devait fièrement s’ennuyer. Seulement les propriétaires de la barque avaient enlevé les rames, ils oubliaient qu’il y a souvent des gens pressés et leur oubli me fit perdre un bon quart d’heure. Lorsque j’arrivai enfin au radeau, Jim accourut vers moi, les bras ouverts.

— Pas maintenant, Jim, pas maintenant. Garde les embrassades pour demain. Nous sommes débarrassés du vieux caméléopard et de son ami ; mais si on me rattrapait, on serait capable de me traiter comme eux. Filons !

Bon gré, mal gré, je dus donner quelques explications au nègre avant de sortir le radeau de la petite anse où nous l’avions caché. Lorsque tout fut prêt pour le départ, j’entendis un bruit qui me coupa la respiration. Je prêtai l’oreille. Oui, c’était bien un bruit de rames. Le prochain éclair me montra le roi et le duc qui avaient aussi emprunté un canot, plus léger que le mien, et qui maniaient leurs avirons comme s’ils n’avaient jamais fait autre chose de leur vie.