Les Avadânas, contes et apologues indiens/57

Traduction par Stanislas Julien.
Paris B. Duprat (1p. 201-203).


LVII

LE SAUVAGE VÊTU DES HABITS DU ROI.

(De ceux qui ne connaissent pas la vraie nature des choses.)


Il y avait un sauvage habitant des montagnes qui avait dérobé divers objets dans le trésor du roi, et s’était enfui. Le roi envoya de tous côtés à sa poursuite. Ou le prit et on l’interrogea : « Mes habits, dit-il, sont des objets qui me viennent de mon aïeul. » Or, les vêtements du roi n’étaient point de ceux que portait habituellement le sauvage des montagnes ; il avait mis à ses pieds ce qui convenait aux mains, et sur sa tête ce qui allait à la ceinture. On peut tirer de là plusieurs similitudes : le roi figure le Bouddha ; le trésor du roi représente la loi. Ce sauvage stupide ressemble aux hérétiques qui, après avoir écouté clandestinement la loi du Bouddha, la mettent dans leur loi et s’imaginent qu’elle leur appartient. Mais ils ne la comprennent point, c’est pourquoi, égarés par l’erreur, ils mettent la loi du Bouddha sens dessus dessous, et ne connaissent pas la vraie nature de la loi. Ils ressemblent à ce sauvage des montagnes, qui, s’étant emparé des précieux vêtements du roi, n’en connaissait ni la place ni l’usage et les mettait sens dessus dessous.

(Extrait de l’ouvrage intitulé : Pe-yu-king, ou Livre des cent comparaisons, partie I.)