Les Avadânas, contes et apologues indiens/34

Traduction par Stanislas Julien.
Paris B. Duprat (1p. 139-140).


XXXIV

LES GRAINS ET LES ÉPIS.

(Examinez le droit et la raison.)


Un homme avait volé des épis dans un champ. Le propriétaire ayant saisi le voleur, lui demanda pourquoi il lui avait dérobé ses épis. Le voleur lui dit : « Je n’ai point volé d’épis à Votre Seigneurie. Vous avez semé des grains, et moi j’ai pris des épis ; pourquoi me traitez-vous de voleur ? »

Ces deux hommes s’étant présentés devant le roi, lui dirent : « Qui est-ce qui a raison et qui est-ce qui a tort ?

— C’est celui qui a semé des grains qui a raison, dit le roi ; celui qui n’a pas semé de grains est dans son tort. La semence est l’origine des épis ; comment celui qui n’a point semé pourrait-il obtenir des épis[1] ? »

(Extrait de l’ouvrage intitulé : Na-si-pi-khieou-king, livre II.)
  1. L’ouvrage d’où est tirée cette histoire, en offre une autre absolument semblable, seulement le voleur a pris des fruits au lieu d’épis.