Librairie Hachette (p. 235-236).
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ous les peuples de la Terre attendaient l’arrivée du Stellarium avec un enthousiasme trépidant. D’un pôle à l’autre, sur le flanc des montagnes, sur la plaine et dans la profondeur des forêts, les îles perdues au fond de l’étendue, la grande nouvelle était connue : on allait voir ces êtres étranges sans ressemblance avec notre espèce et qui pourtant remplissaient sur Mars un rôle comparable à celui des hommes sur la Terre.

La communication interplanétaire, assurée par des appareils plus puissants, plus subtils aussi, que lors du premier voyage, avait été étroite, précise et fréquente. Les logophones, les périodiques, racontaient des péripéties de l’invraisemblable séjour ! On savait, en somme, mais on voulait voir. D’innombrables écrans firmamentaires allaient montrer à toute la Terre le Chef Implicite et Grâce, aussi nettement que s’ils avaient vécu sous les yeux des spectateurs.

Grâce et le Chef Implicite avaient vu grandir la Terre. Avec ou sans lunettes, ils discernaient mieux que nous, leur vision dépassant de beacoup la nôtre par l’acuité, la délicatesse et les moyens d’accommodation. Grâce attendait avec un ravissement mêlé de crainte le moment de l’atterrissage. Elle avait bien supporté le voyage : les organes respiratoires des Tripèdes, je le répète, ont un pouvoir d’adaptation incomparable : d’une part, ils règlent automatiquement la quantité d’air aspiré, ils supportent sans dommage des différences considérables de pression… Par suite, nos hôtes ne souffriraient pas du changement d’atmosphère, mais supporteraient-ils également le climat ? C’était probable. Sur Mars, au sortir de leurs demeures souterraines bien chauffées, ils résistent à des températures très basses. En général, les Martiens sont plus endurants que les Terriens, ce qui tient sans doute aux évolutions mêmes de leur Planète.