Librairie Ch. Delagrave (p. 283-297).


Dans la Sierra


« Comme tu reviens tard, père, il est midi passé.

— Oui, j’ai fait un détour pour aller payer le vieux Nünez.

— Tu dois être bien las !

— Bah ! la montagne, ça me connaît, et j’ai le cœur si à l’aise que je ne sens pas la fatigue.

— Alors cet étranger a été généreux ?

— Juges-en, fillette, notre dette acquittée, voilà ce qui nous reste, plus de dix douros ! »

Et il jeta une bourse sur la table.

« Ce doit être quelque carliste déguisé…

— C’est probable ; peu importe, au reste, je ne suis pas un alguazil, mais un honnête guide de la Sierra. Dieu soit en aide au voyageur d’où qu’il vienne et où qu’il aille !

— Ainsi soit-il !

— Où donc sont les enfants ?

— Ils dorment encore, ils avaient été réveillés avant le jour par la Maladetta qui leur faisait peur à gronder après son petit-fils.

— Hou ! la vieille sorcière, j’ai des démangeaisons de lui tordre le cou quand je la vois rudoyer si fort cet innocent.

— Le fait est qu’il reçoit plus de coups de béquille que de caresses ; mais aussi c’est bien triste d’être seule, vieille, infirme, avec un pauvre garçon à demi privé de raison,

— Bonne Mercédès, tu es indulgente pour tous et, pourtant, Dieu sait la haine que te porte cette mégère.

— Parce que ma mère t’avait préféré à son vilain maugrabin de fils.

— Elle t’en veut surtout de ton heureuse influence sur Pedro…

— Oh ! père…

— Sans toi, le pauvre orphelin devenait un voleur comme tous les siens. Tu as été son bon ange et lui, qui n’écoute et ne comprend guère, obéit docilement à ta douce voix.

— Tu me rendrais vaniteuse, père.

— Non, mignonne ; si tu voulais t’en donner la peine, tu charmerais les ours de la montagne… »

Rougissant sous sa peau dorée, la jeune fille se leva pour cacher son embarras et revint un instant après, traînant à sa jupe une fillette à moitié endormie et portant un bambin qui se frottait les yeux.

« Dites bonjour à papa », fit-elle en les déposant sur les genoux de Diego.

C’était un gracieux tableau :

Le père, aux traits énergiques et caractérisés de cette forte race espagnole, caressait doucement les petits tout ensommeillés qui se serraient contre lui et jouaient avec sa barbe d’un noir de jais, tandis que la grande sœur, toute heureuse, contemplait ce groupe charmant avec un sourire qui montrait ses dents blanches.

« Oh ! Mercédès, si ta pauvre mère te voyait ! » soupira Diego…


✽ ✽

« Au nom de la loi ! »

La porte s’était ouverte brusquement : les gardes civils (c’est la gendarmerie de l’Espagne) faisaient irruption dans la pièce.

Mercédès poussa un cri ; Diego se leva et, avec cette dignité que l’on trouve chez tous les compatriotes du Cid, depuis le plus fier hidalgo jusqu’au dernier mendiant :

« Que demandez-vous ? dit-il.

— Diego Montezunez, tu es accusé d’avoir assassiné cette nuit un voyageur dans la Sierra.

— Moi !

— Et voilà la bourse de la victime, dit un petit homme noir à mine rusée, qui n’était autre que l’escribano, sorte de greffier.

— Cet argent m’appartient ; je l’ai honnêtement gagné et il m’a été librement donné par l’étranger auquel j’ai servi de guide, hier soir.

— Il avoue…

— Pourquoi nierais-je, c’est la vérité ; j’avais promis le secret, mais puisque le pauvre homme est mort (Dieu ait son âme !), je ne peux plus lui faire de tort.

— Alors tu reconnais l’avoir conduit à la grotte des Gitanos !

— Oui, señor.

— Par quel chemin ? La montagne était gardée et l’on n’a vu passer personne…

— Le voyageur craignait d’être vu, c’est pourquoi il s’est adressé à moi ; et je l’ai mené par le sentier des bohémiens, où il n’y avait jadis qu’eux et le diable pour passer et que je suis seul à connaître aujourd’hui. Nous sommes arrivés sans accident.

— À quelle heure ?

— Il pouvait être minuit, señor.

— Et, deux heures après, en pénétrant à leur tour dans la caverne, les soldats trouvaient l’individu en question frappé de deux coups de navaja.

— Je suis innocent, señor.

— Mais nul autre que toi n’a pu suivre le même chemin, tu l’as dit, et tous les autres étaient gardés.

— D’ailleurs a-t-on l’habitude de payer si généreusement un simple guide ? dit l’escribano.

— L’étranger était porteur d’une sacoche pleine d’or, il me la confia même aux passages difficiles ; si j’avais voulu mal faire, j’aurais pu la garder et le pousser dans l’abîme…

— On n’a rien retrouvé près de lui, mais cette bourse était un appât suffisant ; tu es pauvre, Diego ?

— Pauvre, mais honnête, señor.

— Jusqu’ici oui ; mais il y a commencement à tout…

— Mais, j’y pense, señor, dit vivement le malheureux se débattant contre l’effroyable accusation, comment a-t-on pu pénétrer dans la grotte ? Lorsque je l’ai quitté, le voyageur, pour assurer sa sûreté, avait retiré à lui la pièce de bois qui sert de pont… Il faudrait donc que l’assassin fût entré avec nous inaperçu ; c’est incroyable…

— Oui, c’est incroyable en effet, Diego, et si tu n’as rien de plus à dire pour ta défense…

— Je suis innocent, señor, répéta le guide sur le front duquel perlaient de grosses gouttes de sueur.

— Alors, d’après la déposition de la Maladetta et tes propres aveux, je suis forcé de t’envoyer en prison, dit l’alcade d’un ton de regret.

— La Maladetta ! c’est sur la dénonciation de cette misérable vieille.

— Elle est mieux placée que personne pour entendre ce qui se dit chez toi… ; d’ailleurs son récit a été conforme au tien, sauf l’histoire de la sacoche… »

Les gardes s’emparèrent du prisonnier.

Mercédès se cramponnait à lui avec des cris déchirants…

« Aie confiance, ma fille, Dieu ne permettra pas une si grande injustice. Sainte Madone, je vous confie mes pauvres enfants… »

Baisant les cheveux noirs de Mercédès, il la détacha doucement de lui, embrassa les petits qui pleuraient et s’adressant à la foule partagée entre la pitié et l’indignation :

« Par le sang du Christ, dit-il en levant la main vers le crucifix placé au-dessus de la porte, je jure que je suis innocent… Dieu fera connaître le vrai coupable. »


✽ ✽

« Eh bien, il ira donc aussi aux galères, l’honnête Diego » chevrota une voix aigre à l’oreille de Mercédès anéantie.

Une hideuse vieille, appuyée sur une béquille, sortait de la maison voisine.

Mercédès releva brusquement le front et reconnut la Maladetta, dont le visage respirait une joie féroce. Son fils était mort au bagne et elle se réjouissait de voir ceux qu’elle haïssait frappés à leur tour.

« Si mon père est condamné, ce sera par votre faute et vous aurez fait souffrir un innocent…

— Bah ! tous les criminels en disent autant », ricana la mégère, dont les cheveux gris se tordaient comme des vipères.

La jeune fille ne répondit pas, et, prenant son petit frère et sa sœur par la main, elle rentra dans sa pauvre maison, poursuivie par le rire insultant de la vieille sorcière, qui allait de groupe en groupe, déblatérant et accablant les malheureux sous les méchants propos de sa langue venimeuse.

Quelle journée passa Mercédès, courant de l’un à l’autre, s’adressant à tous, repoussée de tous, tant la culpabilité de Diego semblait évidente…

La victime était bien un agent de don Carlos et, pour ces chevaleresques Espagnols, le crime semblait plus grand encore vis-à-vis d’un proscrit.

Le soir, la pauvre enfant, brisée de fatigue, s’enferma chez elle, et, après avoir couché les petits, succombant au désespoir, elle se laissa tomber aux pieds de la Madone, sanglotant :

« Ô sainte mère de Dieu, gémissait-elle, à travers ses larmes, ayez pitié de nous, tout le monde nous abandonne…

— Pas moi », dit une voix.

Un jeune garçon, de seize ans environ, était devant elle, la regardant tristement…

« Oh ! mon pauvre Pedro, je ne doute ni de ton affection, ni de ta bonne volonté, mais… »

Elle secoua la tête…

« Tu n’as pas confiance en moi ; Mercédès, tu as tort, j’ai peu d’esprit et mes idées s’embrouillent parfois ; mais je t’aime si fort que je ferais l’impossible pour t’empêcher de pleurer.

— Hélas ! ce serait réellement l’impossible.

— Ma grand’mère est méchante, c’est elle qui a dénoncé ton père, veux-tu que je la pende à sa fenêtre pour la punir ?

— Que dis-tu là, Pedro, ce serait un crime affreux !

— Tu crois. Pourtant elle dit que Diego a assassiné le voyageur, et ça n’est pas vrai, je le sais bien moi, puisque Diego est ton père !

— Ce ne serait pas une preuve suffisante… mon pauvre ami.

— Bon ! que faudrait-il alors ?…

— Il faudrait trouver le coupable.

— Je le trouverai, Mercédès.

— Toi ?

— Oui et pas plus tard que cette nuit, j’ai un moyen…

— Lequel ? dit la jeune fille se raccrochant à cette frêle espérance.

Nous autres gitanos, nous avons des privilèges surnaturels, vois-tu, nous pouvons évoquer les esprits de ceux qui sont morts de mort violente, je sais la formule pour cela. On va à minuit à l’endroit où est tombée la victime, on prononce une conjuration, le mort apparaît, il est forcé de répondre à vos questions… Je vais aller à la grotte des Gitanos, je vais appeler l’homme assassiné et lui demander le nom de son assassin. »

Mercédès frissonna.

« Ne fais pas cela, Pedro, ce n’est pas d’un bon chrétien…

— Si, si, je n’ai pas peur et cela réussira, sois tranquille.

— Non, je t’en prie, Pedro.

— C’est le seul moyen de sauver ton père.

— Tu crois, dit à son tour la jeune fille, gagnée par cette conviction et superstitieuse, du reste, comme toutes les Espagnoles.

— Et puis j’ai une amulette très précieuse, regarde. »

Il lui montra un sachet couvert de signes cabalistiques.

« Oh non, jette cela, Pedro, c’est une œuvre du Diable, vois-tu, mets à la place cette médaille bénie. »

La détachant de son cou, elle la passa à celui du jeune homme tout joyeux.

« Je pars, dit-il résolument, ma grand’mère dort, elle ne s’apercevra de rien…

— Moi, je vais prier jusqu’à ton retour ; et si tu réussis, Pedro, je t’aimerai comme un frère, plus même que Nina et Luïs. »

Les deux enfants s’embrassèrent, et, avec la foi naïve et la piété singulière de sa nation, Mercédès invoqua pieusement la Madone pour l’entreprise assez peu chrétienne de son compagnon, qui s’enfonçait hardiment dans la nuit sombre.


✽ ✽

Quelques heures passèrent.

Mercédès, toujours agenouillée, égrenait machinalement son chapelet, mais sa pensée était ailleurs…

Elle songeait aux jours écoulés, à son enfance si heureuse quand sa mère était là ; puis la maladie, la misère, la mort étaient venues de compagnie.

Ce n’était rien encore quand elle avait son père, son père si bon, si tendre pour ses enfants et pour elle qu’il appelait la petite mère…

Hélas ! reviendrait-il jamais ?

Comme il devait souffrir, seul, désespéré au fond de sa prison ! loin de ses petits orphelins.

Non, Dieu ne les abandonnerait pas, il leur rendrait leur père.

Mais comment ?

Elle s’attachait à l’espoir insensé que Pedro réussirait…

Quelle folie ! pourtant !

Hélas ! n’avait-il pas plus de chance pour se briser contre les roches ou glisser au fond de quelque précipice !…

Et elle suppliait la lune, dont la pâle clarté entrait par la fenêtre, de ne pas se cacher pour éclairer les pas de son ami.

 

On gratte à la porte.

« C’est moi, Mercédès, ouvre vite. »

Elle bondit vers le jeune homme.

« Eh bien ?

— Eh bien, il y a quelqu’un dans la grotte, j’ai vu une ombre noire, j’ai entendu compter de l’or…

— C’est l’assassin, bien sûr…

— Je l’ai pensé et je suis descendu en courant pour t’avertir.

— Malheureux ! il se sera échappé !

— Pas de danger, j’ai retiré doucement la pièce de bois qui sert de pont et, à moins qu’il n’ait des ailes…

— Oh ! mon cher Pedro…

— Je ne suis pas si bête qu’on dit, vois-tu.

Non, et tu vaux mieux que tous, va.

— Voyons, que faut-il faire ? »

Mercédès réfléchit un moment.

« Va chez l’alcade,… non, il ne te recevrait pas… ; chez le guide Lopez, c’était un ami de mon père…, non, il ne te croirait pas…, je vais avec toi… »

Sans perdre un instant la jeune fille alla réveiller, les uns après les autres, les guides de la Sierra et les mit au courant.

D’abord ils ne voulaient pas la croire, bientôt entraînés par sa conviction ils se décidèrent.

Bientôt tout le village fut en rumeur, les portes et les fenêtres s’ouvraient, seules celles de la Maladetta restaient closes…

Cédant aux ardentes prières de la fille du prisonnier, une troupe nombreuse, armée de torches, se dirigea vers la montagne.

Mercédès, dans son impatience, marchait en tête avec Pedro, tremblant que ce ne fût une illusion, partagée entre la hâte d’arriver et la crainte d’une déception.


✽ ✽

Cette nuit-là, pendant que Pedro était chez son amie, la Maladetta, se levant sans bruit, était sortie avec précaution et s’était dirigée vers la montagne.

Chose étrange, la paralytique n’avait ni canne, ni béquille et marchait d’un pas assuré.

Le chemin des bohémiens qu’elle suivait n’était pourtant pas facile. C’était un dédale de sentiers tortueux accrochés au flanc de la Sierra ; tantôt il fallait se cramponner aux roches croulantes, tantôt se laisser glisser dans des crevasses profondes… Mais la vieille franchissait hardiment tous les obstacles, elle allait, elle allait songeant à cette fortune qu’elle guettait depuis si longtemps et qu’elle ne croyait pas acheter si cher, même par un crime…

Elle allait heureuse du succès, sans crainte, sans remords, songeant seulement à ce qu’il lui avait fallu de ruse pour tromper le monde par son infirmité feinte, de patience pour attendre l’occasion, d’adresse pour suivre, sans donner l’éveil, le voyageur et son guide, pour se glisser derrière eux dans la caverne, pour se tapir dans l’ombre jusqu’au moment propice…

Et elle riait en regardant cette main ridée, cette main débile qui avait si bien frappé.

Maintenant elle touchait au but, elle allait saisir cette richesse tant convoitée.

Nul soupçon ne pesait sur elle, elle allait emporter son or, puis elle partirait avec son petit-fils, elle lui ferait une vie douce, heureuse, brillante comme celle d’un roi.

À elle, elle ne songeait pas. Toute son ambition, toute sa soif de luxe, de jouissance, c’était pour son petit-fils, pour cet enfant qu’elle rudoyait, maltraitait, lui reprochant sa faiblesse d’esprit et de corps… mais qu’elle aimait d’un amour étrange, sauvage et si jaloux qu’elle ne pouvait pardonner à Mercédès de lui avoir pris une part du cœur de Pedro.

Et c’était avec la joie féroce d’une vengeance satisfaite qu’elle pensait à Diego innocent envoyé au bagne, à ses enfants mourant de faim.

Elle arrivait…

À cet endroit, la montagne semblait osciller sur sa base et se pencher en avant, prise de vertige, au-dessus d’un gouffre béant que l’on traversait par une sorte de pont mobile pour s’enfoncer dans une caverne profonde.

La bohémienne s’y engagea sans hésiter, marcha droit à un coin de la muraille de granit éclairé par un rayon de lune, fit tourner une pierre d’apparence semblable aux autres, et démasqua une cachette renfermant la fameuse sacoche pleine d’or…

Elle la vidait avec soin dans des poches de grosse toile dont elle s’était munie, quand un léger bruit lui fit dresser l’oreille.

Elle écouta…

Rien…

C’était sans doute quelque pierre roulant au fond du précipice, quelque oiseau de nuit agitant ses grandes ailes…

Elle acheva de remplir ses sacs et regagna l’entrée.

Mais alors elle eut un rugissement de bête fauve…

Le pont avait disparu !…

D’abord elle resta écrasée, sans mouvement, sans voix, elle se sentait perdue.

Puis son énergie farouche prit le dessus, elle voulut lutter, chercher quelque chose…

Pendant des heures, elle tourna dans son antre comme un tigre pris au piège s’usant les ongles contre le roc, essayant une descente impossible, risquant vingt fois de se précipiter dans l’abîme…

Soudain ; une grande lueur rouge au bas de la montagne la fit tressaillir.

Est-ce que le village brûlait ?

Non, c’était un feu mouvant qui montait vers elle…

On la cherchait !…

Elle voyait les flammes rougeâtres se balancer au-dessus des précipices, avancer lentement, mais enfin avancer…

Bientôt le jour naissant les éteignit peu à peu. Il n’en resta que deux en tête des autres,… mais elle ne pouvait distinguer ceux qui les portaient.

Une idée lui vint, elle rentra dans la caverne, se terra dans le coin le plus obscur.

Le premier qui entrerait, elle se jetterait sur lui et, en faisant peur aux autres, elle tâcherait de passer.

Il y eut silence,… des appels.

« Veux-tu sortir ? »

Elle ne bougea pas…

« Nous irons bien te chercher, va ! »

Mais ils ne semblaient pas pressés d’entrer dans ce trou noir et se disputaient à qui ne passerait pas…

« Il n’y a personne, il a rêvé », dit une voix.

Elle eut une seconde d’espoir…

Mais au même instant la lueur éclatante d’une torche l’éblouit, une ombre se dressa devant elle…

Alors sans rien voir, elle se jeta sur l’imprudent, la terrible navaja brilla, disparut avec la rapidité de l’éclair et l’homme tomba en s’écriant : « Mercédès ! »

La Maladetta recula en poussant une sorte de rugissement. À la clarté fumeuse de la torche, elle venait de reconnaître Pedro, frappé par elle, alors qu’en sa tendresse sauvage elle n’avait pas hésité à commettre un crime pour l’enrichir et le rendre heureux. Comme un chêne foudroyé, la grand’mère s’abattit inanimée sur le sol, au moment où l’on faisait irruption dans la grotte des Gitanos.


✽ ✽

Pedro ne mourut pas.

Diego, rendu à la liberté, le recueillit et l’adopta ; Mercédès le soigna comme un frère ;… il guérit.

Sa raison chancelante s’affermit à la suite de cette terrible secousse, mais on lui laissa toujours ignorer le nom de l’assassin, de celle qui l’avait frappé, et la triste fin de son aïeule.

Il vécut parfaitement heureux, et un jour vint où Mercédès, tenant parole, lui prouva qu’elle l’aimait même plus qu’un frère en devenant sa femme.