Les Amours de Tristan/La fausse persuasion


LA FAVSSE PERSVASION.

SONNET.



OLINDE, vos appas ont enchanté mes ſens,
Vos beaux yeux ont versé du poiſon dans mon Ame,
Et vos honteux regards ſont des traicts innocens
Contre qui la Raiſon ne ſçait point de Dictame.

Les Dieux qui ſont ialoux des peines que ie ſens
Bruſlent pour vous là haut d’vne ſecrete flame,
Et comme eux vous auriez des vœux & de l’encens
Si vous n’eſtiez point ſourde alors qu’on vous reclame.

Perdez pour voſtre honneur ces inhumanitez,
Ayez ceſte douceur qu’ont les Diuinitez
Qui ne s’offencent point voyant qu’on les adore.

Que ie n’implore point en vain voſtre ſecours,
Et qu’il ne ſoit pas dit qu’vne nouuelle Aurore
Ait voulu preſider à la fin de mes iours.