Les Amours (1553)/Poème 159


Les amours de P. de Ronsard Vandomois, nouvellement augmentées par lui, & commentées par Marc Antoine de Muret. Plus quelques odes de l'auteur, non encor imprimées
chez la veuve Maurice de la Porte (p. 192).

Voici le bois, que ma sainte Angelette
Sus le printans anime de son chant,
Voici les fleurs que son pie va marchant
Lors que pensive elle s’esbat seulette.

Iö voici la prée verdelette,
Qui prend vigueur de sa main la touchant,
Quand pas à pas pillarde va cherchant
Le bel émail de l’herbe nouvelette.

Ici chanter, là pleurer je la vi,
Ici sourrire, & là je fu ravi
De ses beaus yeus, par lesquels je desvie:

Ici s’asseoir, là je la vi dancer:
Sus le mestier d’un si vague penser
Amour ourdit les trames de ma vie.