Librairie de L. Hachette et Cie (p. 252-254).

LXVI

SAINT PHILIPPE, APÔTRE ET MARTYR.



Après l’Ascension de Notre-Seigneur et après la descente du Saint-Esprit sur les Apôtres, saint Philippe alla prêcher l’Évangile dans l’Asie Mineure.

Valentine. Mais pourquoi les Apôtres vont-ils toujours en Asie Mineure ?

Grand’mère. Ils ne commencent pas tous, mais presque tous par l’Asie Mineure, pour aller ensuite dans d’autres pays, comme a fait saint Thomas, par exemple. L’Asie Mineure était un pays riche et peuplé, voisin de la Judée, et de plus, c’était le passage le plus fréquenté pour aller en Grèce, en Italie et dans tout l’Empire romain.

Saint Philippe, après avoir converti beaucoup d’âmes en Asie Mineure, passa en Scythie, où il resta plusieurs années et convertit un grand nombre de païens. Puis il revint en Phrygie.

Étant entré dans un temple, à Hierapolis, il y trouva une vipère monstrueuse que le peuple adorait. Le saint Apôtre se jeta à genoux et pria le Seigneur d’ouvrir les yeux de ce pauvre peuple et de le délivrer de la puissance du démon.

Sa prière fut exaucée, car la vipère poussa un sifflement horrible et mourut aussitôt. Le peuple, frappé de ce miracle, écouta la parole de Philippe et demanda le baptême.

Les prêtres et les magistrats de la ville, ne pouvant souffrir un pareil changement, qui les privait des riches offrandes qu’on offrait à la vipère, se saisirent de Philippe ; ils le fouettèrent cruellement, le crucifièrent, et, pendant qu’il était sur la croix, ils l’assommèrent à coups de pierres, craignant que ses paroles ne convertissent la foule qui assistait à ce sanglant spectacle.

Mais Dieu fit voir combien ce crime lui faisait horreur. Un tremblement de terre épouvantable fit tomber les plus beaux et les plus importants monuments de la ville. La terre s’entr’ouvrit sous les pieds des prêtres et des magistrats et les engloutit dans un abîme qui se referma immédiatement après.

Les idolâtres, effrayés de ce prodige, permirent aux nouveaux convertis de détacher le saint Apôtre. Mais lui, voulant mourir sur la croix comme son Divin Maître, leur défendit de le faire ; et après avoir prié pour ce pauvre peuple aveuglé par ses prêtres, il expira. C’était le 1er  mai, en l’année 54. Quelques auteurs croient que c’était en l’année 87, et que saint Philippe avait 87 ans.

Le corps du Saint fut enlevé et enseveli par les Chrétiens. Une partie de ses ossements est à Rome, dans l’église des Saints-Apôtres, comme je vous l’ai déjà dit, le reste est à Toulouse, dans l’église de Saint-Sernin, à Troyes, à Florence. Sa tête était à Paris, à Notre-Dame, l’autre portion est à l’église de Saint-Jacques et Saint-Philippe-du-Haut-Pas.

Voilà tout ce qu’on sait sur saint Philippe. Maintenant, passons à saint Barthélémy.

Henriette. C’est bien court cette vie de saint Philippe.

Grand’mère. Celle de saint Barthélémy sera plus longue.

Armand. Comment est-il mort saint Barthélémy ?

Grand’mère. D’une mort horrible ; mais tu vas le voir bientôt.

Jacques. Grand’mère, comment se fait-il qu’on sache si peu de choses sur d’aussi grands Saints que les Apôtres ?

Grand’mère. Cher enfant, il y a dix-huit cents ans entre les Apôtres et nous. Dans les premiers siècles, le souvenir des saints Apôtres était vivant dans toutes les Églises qu’ils avaient fondées. Mais ces souvenirs ont été effacés comme tant d’autres par le temps, et surtout par les désordres, les guerres et les troubles de toute espèce qui ont tant de fois bouleversé le monde, depuis la fondation de l’Église. Il faut nous trouver heureux du peu qui nous a été conservé de la vie et du martyre des Apôtres.