VI

IL FAUT PRIER POUR LES MÉCHANTS ET AVOIR DE LA CHARITÉ POUR TOUS.



Grand’mère. Les Apôtres faisaient beaucoup de prodiges et de miracles dans Jérusalem et toute la ville était dans la crainte.

Jacques. Mais pourquoi ont-ils toujours peur ces méchants Juifs ? De quoi ont-ils peur ?

Grand’mère. Ils avaient peur, précisément parce qu’ils étaient méchants, comme tu le dis très-bien. Les miracles annonçaient la puissance de Dieu à laquelle ces méchants sentaient ne pas pouvoir échapper. Et ils avaient peur d’être punis, car ils sentaient aussi qu’ils étaient coupables et qu’ils méritaient une punition.

Jeanne. Mais pourquoi ne se corrigeaient-ils pas ?

Grand’mère. Par la même raison qui fait qu’un voleur continue à voler, quoiqu’il ait peur des gendarmes et qu’il sache très-bien que si les gendarmes le prennent, ils le mèneront en prison pour être jugé et condamné. Tous les méchants font de même ; ils savent qu’ils font mal, qu’ils seront punis, et ils continuent à mal faire.

Henriette. C’est bien bête.

Grand’mère. Oui, c’est bête et triste de préférer Le démon au bon Dieu, d’écouter les conseils du démon qui mènent à l’enfer, au lieu de suivre les conseils de notre bon Sauveur qui mènent au paradis.

Élisabeth. Mais comment faire, Grand’mère, pour leur démontrer combien ils sont bêtes ?

Grand’mère. Il n’y a qu’un moyen, chère enfant ; c’est de prier beaucoup pour eux et leur donner de bons exemples.

Jeanne. Je prierai tous les jours, Grand’mère, pour ces pauvres méchants ; ils me font pitié.

Grand’mère. C’est un très-bon sentiment, chère petite ; la charité est la vertu qui plaît le plus au bon Dieu.

Valentine. Alors le bon Dieu doit détester la méchanceté.

Grand’mère. Certainement ; aussi la foi nous apprend que le bon Dieu punit très-sévèrement dans l’autre monde les gens qui ont été durs, qui ont fait pleurer ceux auxquels ils avaient droit décommander.

Valentine. Vois-tu, Loulou, qu’il ne faut pas me faire pleurer ; hier, tu n’as pas voulu me prêter ton couteau et tu m’as donné un coup de poing. Tu sais comme j’ai pleuré.

Louis. Et toi, donc, tu m’as griffé ; j’ai pleuré aussi, moi !

Grand’mère, souriant. Ce n’est pas ce genre de méchanceté, mes chers petits, qui déplaît tant au bon Dieu. Vous vous disputez, vous vous mettez en colère et vous avez grand tort ; mais après, vous vous embrassez et vous vous aimez beaucoup. Ce n’est pas là la méchanceté et la dureté d’un chef, d’un maître, qui a tout pouvoir sur ses subordonnés.

Armand. Qu’est-ce que c’est : subordonnés ?

Grand’mère. Subordonné est celui qui est obligé d’obéir, ou comme soldat, ou comme ouvrier, ou comme serviteur. Continuons nos Actes des Apôtres.

Tous ces Chrétiens ne faisaient qu’un par le cœur ; tout ce qu’ils avaient était en commun. Les riches vendaient volontairement ce qu’ils avaient et partageaient leurs biens avec les pauvres, selon les besoins de chacun. Tous les jours aussi ils persévéraient dans la prière, se réunissant dans le Temple…

Henri. Comment ? le temple des Juifs ? Ils devaient avoir peur des Pharisiens et des méchants qui avaient fait mourir Notre-Seigneur.

Grand’mère. Depuis qu’ils avaient reçu le Saint-Esprit, ils n’avaient plus peur de rien ni de personne ; leur devoir était de faire connaître et aimer Notre-Seigneur ; ils remplissaient ce devoir en toutes occasions et de toutes manières, ne craignant plus les moqueries ni les persécutions. D’ailleurs le Temple, dont le parvis était immense, était le lieu de prière pour tout le monde.

Ils priaient et ils prenaient leurs repas en commun, vivant comme des frères, avec la joie et la charité au fond de leurs cœurs, louant Dieu, admirés et aimés du peuple. Aussi chaque jour le nombre des Chrétiens augmentait.