Librairie de L. Hachette et Cie (p. 20-24).

V

PREMIÈRE PRÉDICATION DE S. PIERRE.



Grand’mère. Il y avait à Jérusalem des Juifs de tous les pays.

Le bruit extraordinaire qui avait ébranlé le Cénacle au moment de la descente du Saint-Esprit attira aussitôt une grande foule de peuple ; et en entendant parler ainsi toutes les langues, ils étaient dans la stupéfaction.

Tous s’étonnaient et admiraient, disant :

Ces hommes qui parlent ici, ne sont-ils pas tous Galiléens ? Et comment se fait-il que nous les entendons parler chacun la langue du pays où nous sommes nés ? Parthes, Mèdes, Arabes, Égyptiens, Grecs, Romains, etc. ? Nous les entendons chacun parler en notre langue des merveilles de Dieu.

Louis. Mais comment cela se faisait-il, Grand’mère ?

Grand’mère. C’était un grand miracle, cher enfant ; le premier miracle public des Apôtres depuis qu’ils avaient reçu le Saint-Esprit.

C’était le premier grand miracle par lequel le bon Dieu voulait montrer aux hommes que l’Église est Divine et que sa puissance ne vient pas des hommes.

Élisabeth. Comment les Apôtres avaient-ils le courage de
St Pierre
parler en public à Jérusalem où Notre-Seigneur avait tant d’ennemis ?

Grand’mère. Nouveau miracle du Saint-Esprit. Ces hommes si timides, si craintifs, qui se sauvèrent tous quand ils virent leur divin Maître arrêté par les soldats, et qui restèrent cachés pendant sa Passion et même après sa mort, ces hommes qui s’obstinaient à ne pas croire à la Résurrection, cessèrent tout à coup d’avoir peur. Malgré Pilate et les Romains, malgré Caïphe et les Princes des prêtres, malgré les Scribes et les Pharisiens, ils parlèrent hardiment sur les places publiques et proclamèrent la Divinité de Jésus-Christ.

Les hommes qui les écoutaient parler, s’étonnaient, admiraient et se demandaient les uns aux autres : Qu’est-ce que ce peut être ?

Mais d’autres se moquaient d’eux et disaient : Ils sont ivres.

Alors saint Pierre se levant, entouré des onze Apôtres, éleva la voix et leur parla.

Jacques. Je remarque que c’est toujours saint Pierre qui parle ; pourquoi ne laisse-t-il pas parler les autres ?

Grand’mère. Parce que c’est lui comme chef de l’Église qui doit parler, commander et défendre les siens quand on les attaque. On accusait les Apôtres d’être ivres ; il se leva pour défendre les siens, qu’il devait diriger et protéger par l’ordre de son Divin Maître. C’est ce que fait encore dans l’Église notre Saint-Père le Pape, successeur de saint Pierre et chef des Évêques.

Voici donc ce que dit saint Pierre :

« Hommes de Judée, et vous tous habitants de Jérusalem, sachez ceci et que vos oreilles reçoivent mes paroles. »

Louis. Qu’est-ce que ça veut dire ?

Grand’mère. Cela veut dire : Écoutez et croyez ce que je vais vous dire. « Ceux-ci ne sont pas ivres comme vous le pensez ; car il n’est que la troisième heure du jour. »

Louis. Qu’est-ce que cela prouve ? Est-ce qu’on n’a pas le temps de s’enivrer jusqu’à trois heures de l’après-midi ?

Grand’mère. La troisième heure dont parle saint Pierre veut dire neuf heures du matin ; comme je vous l’ai expliqué dans l’Évangile, les Romains et les Juifs avaient différentes manières de compter les heures.

Louis. Mais, Grand’mère, même avant neuf heures, on a bien le temps de s’enivrer.

Grand’mère. Certainement. Mais, chez les Juifs, l’usage général était de ne rien boire ni manger avant midi ; c’est à cela que saint Pierre veut faire allusion.

Saint Pierre continua en leur citant les Prophètes et en leur rappelant que Dieu avait prédit par ses Prophètes qu’au temps du Messie, le Saint-Esprit serait donné à tous les hommes, sans distinction de Juifs ni de Païens. Que les envoyés du Messie prêcheraient et enseigneraient la vraie religion à tous les peuples, qu’il se ferait alors de grands miracles et que quiconque croirait et adorerait le Messie, le Christ, le Seigneur Dieu serait sauvé.

Henri. Grand’mère, je ne comprends pas bien pourquoi saint Pierre dit tout cela et pourquoi il parle des prophéties ?

Grand’mère. Parce qu’il veut montrer à ceux qui écoutaient, que les disciples qu’ils accusaient d’être ivres, n’inventaient rien, mais expliquaient les prophéties que le Saint-Esprit leur avait fait connaître et comprendre ; et qu’en expliquant ces prophéties, il leur ferait voir que ce Jésus que les Juifs avaient fait mourir, était le Messie, le Sauveur du monde, le Dieu qu’ils devaient adorer.

Hommes d’Israël, continua saint Pierre, écoutez ces paroles : Jésus de Nazareth, qui a fait les miracles et les prodiges, dont vous avez tous eu connaissance, ce Jésus que vous avez mis à mort, le crucifiant par les mains de Pilate, Dieu l’a ressuscité et l’a fait son égal. Et nous sommes tous témoins de sa Résurrection.

Pierre leur parla longtemps de toutes ces choses que je vous ai redites en partie…

Jeanne. Pourquoi pas tout, Grand’mère ?

Grand’mère. Parce que vous n’auriez pas compris, mes chers enfants, du moins les petits.

Camille. Moi aussi, Grand’mère, quoique je sois la plus grande, je suis bien aise d’entendre vos explications ; elles me font bien mieux comprendre ce que je ne comprenais qu’à moitié.

Grand’mère. Et tu liras les livres saints avec plus de profit à l’avenir, chère enfant.

Quand Pierre eut fini de parler, ceux qui l’avaient entendu, touchés par le Saint-Esprit, se sentirent tout émus et repentants, et ils dirent à Pierre et aux autres Apôtres :

« Que devons-nous faire ? »

Faites pénitence de vos péchés, leur répondit Pierre ; et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, en rémission de ses péchés. Et vous recevrez le don de l’Esprit-Saint.

Louis. Qu’est-ce que c’est : Rémission ?

Grand’mère. Rémission des péchés veut dire pardon ; ainsi, quand on dit : remettre une dette, cela veut dire effacer une dette comme si elle était payée. Notre-Seigneur a payé nos dettes par sa Passion et par sa mort, mais à la condition que nous nous repentirions de nos péchés et que nous serions baptisés.

Valentine. Pourquoi faut-il être baptisé ?

Grand’mère. Notre-Seigneur Jésus-Christ l’a ordonné. Le baptême est le signe du Chrétien ; l’eau du baptême accompagné du Saint-Esprit efface les péchés et nous permet de profiter de la Rédemption de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Saint Pierre continua à les exhorter et à leur commander de sauver leurs âmes au milieu des méchants qui les entouraient. Et il y eut ce jour-là environ trois mille hommes qui crurent à sa parole et qui reçurent le baptême.

Remarquez, mes enfants, que ce fut là le premier sermon qui ait été prêché dans l’Église catholique. Il est prêché par le premier Pape, en présence de tous les Apôtres qui représentaient là les Évêques ; en présence de soixante-douze disciples qui étaient les premiers prêtres ; en présence de la très-sainte Vierge, Mère et Reine de l’Église.

Les nouveaux Chrétiens se mirent tous à vivre très-saintement ; ils communiaient tous les jours, et persévéraient dans la prière. Ils ne faisaient tous qu’un cœur et qu’une âme, et ils obéissaient à saint Pierre et aux Apôtres.