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FÉLIX TRAITE BIEN SAINT PAUL, RECONNAÎT SON INNOCENCE, MAIS N’OSE LE RELÂCHER.



Grand’mère. Cinq jours après, le méchant Ananie, Prince des prêtres, accompagné d’un orateur éloquent nommé Pertullas et de quelques anciens, arriva à Césarée ; ils comparurent devant le gouverneur Félix pour accuser Paul.

Saint Paul, ayant été appelé à son tour, écouta les calomnies que débitèrent contre lui ses accusateurs. Ils prétendirent qu’il était chef d’une secte de Nazaréens, qu’il excitait les peuples à la révolte dans le monde entier ; qu’il avait profané le temple des Juifs à Jérusalem, qu’il y avait causé des séditions et un grand tumulte ; qu’ils l’avaient saisi, mais que le tribun Lysias l’avait arraché de force de leurs mains.

Le gouverneur ayant fait signe à Paul de se justifier, le saint Apôtre répondit avec calme, avec dignité et avec force ; il raconta ce qui s’était passé à Jérusalem et fit voir clairement son innocence.

Le gouverneur Félix, après avoir entendu saint Paul, ne le trouvant pas coupable, renvoya Ananie et ceux qui l’accompagnaient, disant : « Quand le tribun Lysias sera venu, je vous écouterai. »

Valentine. À la bonne heure ! Le pauvre saint Paul va s’en aller bien vite, j’espère.

Grand’mère. Non ; il fut retenu en prison.

Jeanne. Comment, en prison ! Puisque le gouverneur le trouve innocent !

Grand’mère. Il aurait certainement dû le relâcher, mais il fit un peu comme Pilate ; il avait peur des Juifs, qui se révoltaient pour un rien ; et quoiqu’il ne voulût pas, comme Pilate, leur livrer un innocent, il n’osa pas non plus lui rendre une entière justice en le laissant en liberté. Mais il commanda au centurion qui devait garder saint Paul, de lui donner une prison meilleure, de le bien traiter et de n’empêcher aucun de ses compagnons de le voir et de le servir.

Quelques jours après, Félix et sa femme Drusille vinrent visiter saint Paul en sa prison et ils l’entendirent parler de tout ce que la loi de Jésus-Christ enseigne. Quand il leur parla de la justice, de la pureté, de la charité et du jugement dernier, ils eurent peur et s’en allèrent.

Valentine. Pourquoi eurent-ils peur ?

Grand’mère. Parce qu’ils entrevoyaient la vérité sans l’aimer. Ils eurent peur d’une religion qui condamnait leur vie. C’est pour cette même raison qu’une quantité de prétendus honnêtes gens ne veulent pas, maintenant encore, mettre les pieds à l’Église, lire des livres religieux, ni se rencontrer avec des prêtres. Félix continua pourtant à faire souvent venir Paul pour s’entretenir avec lui, mais il le garda en prison avec ses compagnons pendant deux ans.

Louis. Pendant deux ans ! pauvres gens ! Comme ils ont dû s’ennuyer !

Grand’mère. Ils ne s’amusaient certainement pas ; mais c’était pour la foi et pour l’amour de Jésus-Christ qu’ils souffraient les ennuis de la prison. Et cela leur suffisait pour garder la paix et pour être heureux de ce grand bonheur que Dieu donne à ses généreux serviteurs, même au milieu de leurs peines. Au bout de ces deux années, Félix fut remplacé par un autre gouverneur nommé Faustus.