XXVIII

LE PEUPLE VEUT SACRIFIER DES TAUREAUX À PAUL ET À BARNABÉ, COMME À DES DIEUX.



Grand’mère. Il y avait à Lystra un homme perclus des pieds, boiteux dès sa naissance, et qui n’avait jamais pu marcher ; il se tenait accroupi par terre. Il entendit prêcher saint Paul. Paul, le regardant, et voyant qu’il avait la foi, lui dit d’une voix forte :

« Lève-toi droit sur tes pieds ! »

Aussitôt l’estropié se leva, et il marchait comme les autres hommes.

La foule, ayant vu ce qu’avait fait saint Paul, se mit à dire : « Des dieux, sous la figure d’hommes, sont descendus parmi nous. » Ils appelaient Barnabé, Jupiter, et Paul, Mercure, parce que c’était lui qui parlait.

Armand. Qu’est-ce que c’est : Jupiter et Mercure ?

Grand’mère. Jupiter était le Roi des dieux des païens ; le dieu le plus puissant de tous leurs dieux. Mercure était un autre dieu, moins puissant ; il portait les messages, c’est-à-dire les commissions des dieux ; c’est pourquoi on le représente toujours avec des ailes aux pieds, pour se transporter plus vite d’un endroit à l’autre.

Henriette. Est-ce que c’est vrai, Grand’mère, qu’il y avait des dieux comme cela ?

Grand’mère. Non, mon enfant. Les faux dieux qu’adoraient les païens étaient des démons plus ou moins puissants, qui trompaient les hommes, qui se faisaient rendre un culte comme s’ils étaient le vrai Dieu ; ils avaient partout des temples, des autels, des prêtres et des adorateurs. Il ne faut pas s’étonner que des dieux pareils fussent méchants, voleurs, querelleurs, mauvais sujets, comme l’étaient tous les dieux du monde païen. Mais ces pauvres païens ne connaissaient pas le vrai Dieu, notre Dieu infiniment bon, infiniment juste, infiniment puissant, infiniment parfait.

Et pourtant ils sentaient qu’il devait y en avoir un. C’est pourquoi ils furent si contents d’entendre saint Paul et saint Barnabé leur expliquer si bien le vrai Dieu, qu’ils cherchaient sans l’avoir encore trouvé.

Un de leurs prêtres, qui était près de la ville, amena des taureaux à saint Paul et à saint Barnabé, pour les leur offrir en sacrifice. Ce que voyant, Paul et Barnabé s’élancèrent dans la foule, criant :

« Mes frères, que faites-vous là ? Nous sommes des hommes, mortels comme vous, des hommes semblables à vous ; nous sommes venus vous faire connaître le vrai, le seul Dieu, qui a créé le ciel et la terre et tout ce qui est dans le monde. C’est lui qui fait mûrir vos moissons, pousser vos arbres, qui vous donne tous les biens de la terre. »

Malgré tout ce que disaient Paul et Barnabé, ils avaient bien de la peine à empêcher le peuple de leur sacrifier comme à des dieux.
St Paul guérissant les malades

Pendant ce temps, quelques Juifs d’Antioche et d’Iconium arrivèrent à Lystra ; ils ameutèrent le peuple contre les Apôtres ; ils saisirent le pauvre saint Paul, le lapidèrent et le traînèrent hors de la ville, le croyant mort.

Les Disciples entourèrent son corps. Aussitôt Paul se leva et rentra avec eux dans la ville.

Élisabeth. Est-ce que saint Paul est ressuscité, ou bien n’était-il pas mort tout de bon ?

Grand’mère. On n’en dit rien. Il est probable que saint Paul n’était qu’évanoui. Saint Luc, écrivant ce livre, n’aurait pas gardé le silence sur la résurrection du grand Apôtre. Un si grand miracle eût été aussi surprenant que la résurrection de Lazare par Notre-Seigneur.

Mais ce qui est surnaturel et tout à fait miraculeux, c’est que saint Paul se trouva subitement guéri après un supplice si affreux.