Librairie de L. Hachette et Cie (p. 93-96).

XXIV

DISPERSION DES APÔTRES.



Grand’mère. Saint Matthias, saint Jude, saint Simon et saint Matthieu prêchèrent dans différents pays en Asie.

Saint Matthieu alla en Arabie et en Éthiopie ; mais, avant de quitter la Judée, il écrivit, à la prière des Chrétiens de Jérusalem, son Évangile en hébreu : c’était la langue savante des Juifs. L’Évangile de saint Matthieu est celui des quatre Évangiles qui a été écrit le premier.

Saint Barnabé, qui, sans être des douze, est considéré comme Apôtre, alla en Asie, dans la Grande-Arménie.

Saint Thomas alla chez les Parthes et jusque dans les Indes, en Asie.

Saint Philippe prêcha dans la haute Asie, au delà des Indes, et mourut en Phrygie.

Saint André alla chez les Scythes, d’où il passa en Grèce.

Saint Jacques le Mineur, fils d’Alphée et cousin germain de Notre-Seigneur, resta à Jérusalem, dont il avait été nommé Évêque.

Saint Jean prêcha dans l’Asie-Mineure. Quelques auteurs ont pensé qu’il avait emmené avec lui la très-sainte Vierge dans toutes ses courses apostoliques ; mais il paraît plus probable que, ne voulant pas exposer cette sainte Mère aux fatigues de si longs voyages, il la laissa longtemps à Jérusalem. Elle-même aimait à y rester, afin de ne pas s’éloigner du lieu où avait souffert, où était mort son Divin Fils. Elle parcourait souvent, dit-on, la Voie douloureuse qu’avait suivie Notre-Seigneur en portant sa croix et en montant au Calvaire, où devait s’achever l’œuvre de la Rédemption ou salut des hommes.

Madeleine. Je croyais que la Sainte-Vierge était morte à Éphèse.

Grand’mère. Il paraît tout à fait certain que la Sainte-Vierge est allée à Éphèse, et y a même séjourné assez longtemps. Une tradition, également certaine et fort ancienne, dit que la Sainte-Vierge mourut à Jérusalem, entourée des douze Apôtres, qui avaient été miraculeusement avertis de sa mort prochaine. Il est de foi dans l’Église, qu’après avoir été mise dans un sépulcre au jardin de Gethsémani, appelé jardin ou montagne des Oliviers, la Sainte-Vierge fut ressuscitée par son Divin Fils et transportée au Ciel en corps et en âme. Et c’est ce qui fait que personne n’a jamais trouvé de trace de son corps, et que son tombeau fut trouvé vide quand on l’ouvrit deux ou trois jours après sa mort.

Quant à saint Pierre, dont je vous raconterai la vie après avoir fini les Actes des Apôtres, il établit d’abord, cinq ans après la mort de Notre-Seigneur, l’Église d’Antioche, dont il fut le premier Évêque. Ensuite il vint à Rome, l’an 42 de Jésus-Christ, y prêcha l’Évangile, douze ans après la mort de Notre-Seigneur, et en fut le premier Évêque.

Ces deux Épiscopats ou Évêchés de saint Pierre sont restés célèbres dès les premiers temps de l’Église ; on les fête encore sous le nom de Chaire de saint Pierre à Antioche, et Chaire de saint Pierre à Rome.

Pierre. Combien de temps saint Pierre est-il resté Évêque d’Antioche ?

Grand’mère. On croit généralement qu’il resta sept ans Évêque d’Antioche et vingt-cinq ans Évêque de Rome. Il fut martyrisé à Rome, trente-sept ans après la Résurrection de Notre-Seigneur. Cela ne veut pas dire qu’il resta à Antioche sept ans et à Rome vingt-cinq ans sans en sortir. On voit par ses Épîtres…

Armand. Qu’est-ce que c’est : Épître ?

Grand’mère. Une Épître, c’est une lettre. On voit donc par ses Épîtres que saint Pierre a quitté Antioche et Rome plusieurs fois pour aller prêcher dans des pays éloignés jusqu’en Asie-Mineure et jusqu’à Jérusalem, comme nous le verrons un peu plus loin.

Louis. Grand’mère, qu’est-ce que c’est que tous ces pays dont vous parlez ? Je ne les connais pas.

Grand’mère. Tu les connaîtras, cher petit, quand tu seras un peu plus grand, quand tu apprendras la géographie ancienne.

Louis. Qu’est-ce que c’est : la Géographie ?

Grand’mère. C’est l’étude de tous les pays de la terre.

Quand nous aurons fini les Actes des Apôtres et l’histoire de saint Pierre, je vous raconterai aussi l’histoire de saint Paul.

Jeanne. Qui est-ce, saint Paul ?

Grand’mère. J’allais vous le dire. Saint Paul était ce même Saül, ce disciple si zélé et si particulièrement protégé de Dieu ; il fut nommé Paul depuis la conversion d’un consul romain nommé Paulius. Ce consul aimait tendrement saint Paul, et selon un usage romain, il changea de nom avec lui en signe d’amitié. Saint Paul fut le principal aide et ami de saint Pierre pour répandre la foi et faire connaître Notre-Seigneur. Saint Luc, celui qui a écrit l’Évangile et les Actes des Apôtres, le suivit dans tous ses voyages et fut son compagnon fidèle jusqu’à la fin ; c’est pourquoi, dans la dernière partie des Actes des Apôtres, il parle de saint Paul beaucoup plus que de saint Pierre. »