Les 120 Journées de Sodome/Vingt-deuxième journée

Vingt-deuxième journée.


Il résulta de ces bacchanales nocturnes, qu’on fit très peu de choses ce jour-là ; on oublia la moitié des cérémonies, on dîna en l’air, et ce ne fut guère qu’au café, que l’on commença à se reconnaître, il était servi par Rosette, et Sophie, Zélamir et Giton ; Curval, pour se remettre, fit chier Giton, et le duc avala l’étron de Rosette, l’évêque se fit sucer par Sophie, et Durcet par Zélamir, mais personne ne déchargea. On passa au salon, la belle Duclos, très malade des excès de la veille, ne s’y offrit qu’en battant l’œil, et ses récits furent si courts, elle y mêla si peu d’épisodes que nous avons pris le parti de les suppléer, et d’extraire au lecteur ce qu’elle dit aux amis ; suivant l’usage, elle raconta cinq passions. [106]La première fut celle d’un homme, qui se faisait branler le cul avec un godmiché d’étain, que l’on remplissait d’eau chaude et qu’on lui seringuait dans le cul fondement à l’instant de son éjaculation, à laquelle il procédait de lui-même et sans qu’on le touchât. [107]Le second avait la même manie, mais on y procédait avec un bien plus grand nombre d’instruments, on débutait par un très petit et augmentant peu-à-peu et de ligne à ligne, on arrivait jusqu’à un dernier dont la taille était énorme. Et il ne déchargeait qu’à celui-là. [108]Il fallait beaucoup plus de mystères au 3e, il s’en faisait d’entrée déjà mettre un énorme dans le cul, ensuite on le retirait, il chiait, mangeait ce qu’il venait de rendre, et alors on le fouettait. Cela fait, on remettait l’instrument dans son derrière, on le retirait encore, à cette fois c’était la putain, qui chiait et qui le fouettait, pendant qu’il mangeait ce qu’elle venait de faire, on renfonça pour la 3e fois l’instrument, pour cette fois il lâchait son foutre sans qu’on le touchât, et en achevant de manger l’étron de la fille. — Duclos parla dans le [109]4e récit d’un homme qui se faisait lier toutes les articulations avec des ficelles, pour rendre sa décharge plus délicieuse, on lui serrait même le cou et en cet état il lâchait son foutre en face du cul de la putain — et [110]dans son 5e, d’un autre qui se faisait fortement lier le gland avec une corde, à l’autre bout de la chambre, une fille nue passait entre ses cuisses le bout de la corde, et le tirait devant elle en présentant les fesses au patient, qui déchargeait ainsi. L’historienne véritablement exédée, après sa tâche remplie, demanda permission de se retirer, elle lui fut accordée. On poliçonna quelques instants, après quoi on fut se mettre à table. Mais tout se sentait encore du désordre de nos deux acteurs principaux, on fut également aussi sage aux orgies, qu’il était possible, que de tels libertins le fussent, et tout le monde fut au lit assez tranquille.