Les épisLa Cie J.-Alfred Guay (p. 55-56).

J’ai vu...


J’ai vu dans les vallons, au pied des monts superbes
Le ruisseau tapageur s’endormir murmurant ;
J’ai vu dans les vallons couverts de fleurs et d’herbes,
La source qui dormait au pied des monts superbes
S’élancer de son lit comme un fougueux torrent.

J’ai vu le froment d’or sur la terre qui fume
De toute part tomber. Et puis, les lendemains,
J’ai vu le froment d’or au soleil qui s’allume
Se dérouler au loin sur la terre qui fume,
Comme un tapis tissé par de divines mains.

J’ai vu plus d’un foyer,—serait-ce des chimères ?
Muets comme le nid en nos hivers si longs,
J’ai vu plus d’un foyer, au chant des jeunes mères
Tressaillir tout à coup, serait-ce des chimères ?
Et se peupler gaîment de petits anges blonds.


J’ai vu, dans les jours chauds, au gré de la tempête
Le navire affolé courir vers le récif ;
J’ai vu, dans les jours chauds de ma jeunesse en fête,
Des vertus s’en aller au gré de la tempête,
Des cœurs se consumer au feu d’un œil lascif.

J’ai vu dans le ciel bleu s’ouvrir, comme une voile,
Un nuage léger qu’empourprait le couchant ;
J’ai vu, dans le ciel bleu que l’espérance étoile,
Mon rêve le plus doux s’ouvrir comme une voile
Quand celle que j’aimais souriait à mon chant.