Comtesse Mathieu de Noailles ()
Calmann-Lévy, éditeurs (p. 162).

AZUR


Comme un sublime fruit qu’on a de loin lancé,
La matinée avec son ineffable extase
Sur mon cœur enivré tombe, s’abat, s’écrase,
Et mon plaisir jaillit comme un lac insensé !

– Ô pulpe lumineuse et moite du ciel tendre,
Espace où mon regard se meurt de volupté,
Ô gisement sans fin et sans bord de l’été,
Azur qui sur l’azur vient reluire et s’étendre,

Coulez, roulez en moi, détournez dans mon corps
Tout ce qui n’est pas vous, prenez toute la place,
Déjà ce flot d’argent m’étoune, me terrasse,
Je meurs, venez encor, azur venez encor…