Le vol sans battement/Soupape de ballon

Édition Aérienne (p. 393-395).

SOUPAPE DE BALLON


C’est bien la partie du ballon qui est la plus délicate et qui a fait le moins de progrès.

Depuis les ballons de guerre de la Première République, il y a eu beaucoup de formes nouvelles de soupapes présentées, mais on en reste, malgré ces nouveautés, à la vieille soupape à emplâtre de farine de lin. Malgré tous ses défauts, les aéronautes ne se servent que d’elle ; on dirait qu’ils n’ont pas confiance dans les autres systèmes. Cependant elle est bien peu propre ! Cet énorme cataplasme est d’une confection peu ragoûtante. Puis, une fois un coup de soupape donné, il faut à peu près songer à la descente, car elle ne se referme plus hermétiquement, il y a donc une déperdition de gaz rapide qui fait qu’il faut songer à atterrir.

Je propose, pour parer à ce défaut, d’expérimenter l’idée suivante, que je n’ai jamais essayée, ni en grand ni en petit, mais qui me semble être bonne et simple.

Remplacer l’ancienne soupape par un tuyau en étoffe de cinquante centimètres de diamètre pour un ballon de 500 mètres cubes et long de quatre mètres. Un bout de ce tube est cousu au sommet du ballon, à la place où se met la soupape, l’autre extrémité, qui pend au milieu de l’aérostat, est garnie d’un cercle léger en jonc. Quatre ou cinq ficelles fortes, longues d’un mètre environ, sont attachées à égale distance sur ce cercle. On les réunit à leurs extrémités libres, et on attache ce faisceau de ficelles à une cordelette qui est la corde de cette soupape.

Le gaz cherchant à sortir doit comprimer ce tube souple en étoffe et l’appliquer contre la paroi du ballon. On peut, au reste, l’aider à prendre cette position en l’attachant par quelques fils de caoutchouc.

Le tube étant bouché par la pression qui l’aplatit contre l’aérostat, n’est plus un tube, par conséquent la déperdition du gaz doit être impossible. Pour se servir de cet appareil, pour rendre possible la sortie du gaz, il faut reconstituer le tuyau. On y parvient en tirant la corde qui passe par la manche du ballon. Sous l’action de cette traction le tube d’étoffe reprend sa forme et la position perpendiculaire. Son ouverture, tenue béante par le cercle de jonc, se trouve être juste au centre du ballon ; le gaz passera donc d’autant plus facilement que cette manche, sous l’action de la traction plus ou moins forte, sera redevenue tube.

Il y a certainement à craindre les déchirures en tirant trop fort ; mais si on a eu soin de mettre dans cette longueur de tuyau un ou plusieurs petits cercles encore plus légers que celui de l’ouverture, cet engin doit pouvoir, sous une faible traction, reprendre la forme utile au passage du gaz. Au reste, pour donner de la solidité, il sera facile de doubler le premier mètre de tube et son point d’attache au ballon, partie où une rupture serait dangereuse.

Cette soupape devrait, pour plus de sécurité, et pour éviter la déperdition du gaz, être construite en velours ou en peluche dont l’envers serait imperméabilisé.

Le principal avantage qu’offre cet appareil est de, précisément, parer le défaut de l’ancien système, c’est-à-dire de permettre de donner autant de coups de soupape que l’on voudra, et de régler la déperdition du gaz comme temps d’ouverture et même comme largeur d’ouverture, car avec un peu d’adresse et de pratique, on arrivera facilement à ne laisser passer qu’un filet de gaz.