Édition Aérienne (p. 459-460).

HIATUS


Je désirerais élucider un point dans lequel on m’a convaincu que j’ai été tout-à-fait insuffisant. Dans cette étude et dans la précédente, je laisse flotter un brouillard sur un point sérieux du vol à la voile : c’est cette partie de l’orbe dans lequel l’oiseau va avec le vent.

La frayeur que semble m’inspirer ce pas difficile à expliquer est simplement un acte d’imitation, de soumission à l’effroi des autres. Il semble d’après mes réflexions sur ce cas, que, dans l’instant de ce parcours, l’aéroplane n’étant soutenu par rien, doit choir perpendiculairement comme un corps qui tombe.

J’ai eu tort de sacrifier au dire général, de ne pas avoir complètement abandonné le vieil homme et ses frayeurs aussi fausses qu’exagérées.

Ce cas bien analysé peut s’expliquer ainsi :

L’aéroplane, dans cette partie du cercle où il va avec le vent, a pour le soutenir, d’abord un excès d’élancé dont j’ai parlé, et surtout, ce à quoi on ne réfléchit pas, la faculté excessive de glissement que possède l’aéroplane bien construit qui ne choit, par le calme absolu, que d’une quantité de 5 degrés et souvent infiniment moins.

Qu’est cette chute minime dans cette fraction minime de parcours, en comparaison des efforts de soutènement et même d’enlèvement que produit l’activité du courant, quand on lui présente un angle parfaitement pondéré et précis ?

Oui, dans l’orbe, il y a un hiatus d’un instant ; l’aéroplane tombe, c’est vrai, mais c’est d’une quantité si faible qu’elle est négligeable.

On s’est affolé de ce manque de support, on a exagéré son importance, cependant le raisonnement qui s’égarait aurait pu être ramené dans la bonne voie par la démonstration du planeur qui, lui, vous dit : je néglige l’hiatus.