Le vol sans battement/Démonstration de l’expérimentation
DÉMONSTRATION
DE L’EXPÉRIMENTATION
Après avoir beaucoup vu, ce qu’il faut faire pour s’instruire, c’est expérimenter beaucoup. Quand on a vu une manœuvre et qu’on s’en est donné une explication, il est sage de voir si cette explication est juste. Pour cela faire, rien n’est meilleur que de la faire passer au creuset de la pratique. Quand une théorie résiste à cette expérience, on peut être certain qu’elle est vraie.
Ainsi, exemple, vérifions cette affirmation que la direction horizontale se produit activement au moyen d’une relevée de l’annulaire.
Pour cela faire, prenons un aéroplane en papier de 0,75 à 1 mètre d’envergure. Collons à chaque extrémité des ailes, à la place des plumes annulaires, un morceau de papier nerveux de 0,06 sur 0,03. Nous mettons de la colle sur 0,01 de largeur du côté long et nous les plaçons, la longueur dans le sens de l’envergure. Il y a donc un centimètre qui est collé et deux centimètres qui sont restés libres. Quand ils sont secs, faites voler l’aéroplane, sa marche ne sera pas troublée ; s’il est bien construit pour filer droit, s’il allait d’une manière rectiligne avant cette opération, il ira de même après, les deux surfaces du papier étant en contact, il n’y aura aucun effet de traînement produit : rien n’est changé.
Si, maintenant, nous voulons le faire tourner d’un côté, mais là rapidement, énergiquement, nous n’avons qu’à relever ces deux centimètres de papier de ce côté, nous présenterons maintenant à l’action de l’air une surface perpendiculaire à la marche de l’aéroplane, surface qui aura 2x6, soit 12 centimètres carrés, qui produiront un arrêt forcé de marche de ce côté et feront pivoter l’appareil presque sur ce point.
Pour démontrer la direction verticale avec ces petits appareils, l’expérience est un peu délicate. Pour se persuader absolument de la justesse et de l’efficacité de cette manœuvre, opérez de la manière suivante. C’est ce que j’ai trouvé de plus simple.
Construisez un aéroplane en papier et en carton Bristol en trois morceaux : le premier fait le corps et les deux bras, le second et le troisième font-chacun une extrémité d’aile : une main. Faites les charnières ainsi : prenez deux œillets de cordonnier. Enlevez à l’emporte-pièce les deux trous dans lesquels vous les écraserez ensuite, tout comme on pose un œillet à un soulier pour y passer un cordon. Les deux pointes des ailes seront donc fixées aux deux bras d’une manière assez énergique pour ne pas varier pendant le vol, mais cependant elles pourront, sous une pression des doigts, varier de position.
Nous plaçons ensuite les deux ailes dans la position dans laquelle vous avez vu qu’elles sont chez les planeurs en acte de vol, et nous obtenons le vol rectiligne après quelques tâtonnements. Si, alors, nous avançons les ailes de manière à ce qu’elles soient sensiblement en avant, l’appareil ne vole plus de la même manière, sa marche est changée. Abandonné de quelques mètres de hauteur, il se relève plusieurs fois avant d’avoir atteint le sol. Cet avancement des pointes étant augmenté fait faire à l’aéroplane le tour sur lui-même.
Si, maintenant, nous produisons la manœuvre contraire, c’est-à-dire si nous portons les pointes à l’arrière, nous voyons que le relèvement de l’aéroplane pour atteindre la course horizontale ne se fait plus comme dans le premier cas ; la courbe de redressement devient de plus en plus allongée à mesure que les pointes sont plus portées à l’arrière, et cela jusqu’à arriver à la chute perpendiculaire.
Nous reproduisons donc à la main les deux directions qui sont nécessaires pour voler, pourrons-nous douter maintenant de leur justesse ?