Le venin des vipères françaises/Avant-Propos

Librarie J. B. Baillière et Fils (p. 5-7).

AVANT-PROPOS


Au mois de mai 1905, M. le professeur Février nous proposa d’étudier dans notre thèse la pathologie de l’envenimation consécutive aux morsures des vipères françaises et il nous confia l’observation d’un cas de morsure de vipère recueillie par lui et concernant un malade de l’hôpital militaire (obs. XVII de notre thèse).

Le sujet en lui-même n’est pas nouveau : l’ouvrage de J.–L. Soubeiran « De la vipère, de son venin et de sa morsure » (Paris, Masson, 1855) renferme déjà 259 index bibliographiques. Toutefois depuis cette époque le mémoire de Kaufmann « Du venin de la vipère » (mém. Acad. de méd. Paris 1889) et le livre du même auteur « Les vipères de France » (Paris 1893) constituent les seuls ouvrages d’ensemble écrits sur ce sujet.

Et cependant depuis, de nombreux travaux de laboratoire sont venus modifier la question. Phisalix et Bertrand ont décomposé le venin de vipère en plusieurs éléments constitutifs. En même temps que Calmette et suivant un autre procédé ils ont découvert la sérothérapie antivenimeuse.

Nous avons voulu voir si l’ensemble de tous ces travaux ne permettrait pas de remanier la pathologie de l’envenimation vipérique ou tout au moins ne faciliterait pas l’intelligence de certains phénomènes. C’est pourquoi si l’étude de la pathologie constitue le centre de notre travail, l’exposé de toutes les découvertes relatives aux venins et plus particulièrement au venin des vipères en constitue le cadre. Mais ce cadre est plus intéressant que le sujet lui-même qu’il arrive à effacer à cause de l’ampleur que nous avons cru devoir lui donner.

Ainsi présentée notre thèse est avant tout un travail de mise au point ; c’est une page d’histoire de la médecine.

Que M. Calmette, qui voulut bien nous envoyer quelques brochures relatant les derniers travaux effectués sur les venins dans son laboratoire de l’Institut Pasteur de Lille, veuille bien accepter l’humble hommage de notre reconnaissance.

Nous devons beaucoup à M. le professeur Février, qui nous aida de ses conseils pendant la rédaction de ce travail, à M. Dumont, bibliothécaire de l’Université de Nancy, et à M. le Dr Bouchon, de Toul, qui voulut bien nous abandonner une observation recueillie par lui (obs. XV de notre thèse). Envers tous nous devons nous excuser du retard apporté dans la publication de ce travail, retard causé, par le deuil et la maladie qui sont venus nous frapper dans nos affections.

M. le Dr Thiry, chef de laboratoire à la Faculté de médecine, voulut bien se montrer pour nous autant un ami qu’un maître. Nous gardons de lui, de son enseignement et de ses bons conseils le meilleur souvenir.

Que M. le professeur Vuillemin, qui nous fait le très grand honneur d’accepter la présidence de notre thèse, veuille bien accepter l’expression de notre profonde gratitude.