Le siège de Québec/La douleur d’une mère

Éditions Édouard Garand (p. 46-49).

XIII

LA DOULEUR D’UNE MÈRE


Tandis que le bonheur revenait à Jean Vaucourt et à sa femme Héloïse, eux qui avaient été si misérables, Aubray et sa femme, tout heureux des joies qu’ils venaient de répandre autour d’eux, marchaient, sans en avoir le moindre soupçon, vers la souffrance et la douleur.

Ils avaient quitté l’Hôpital-Général pour regagner leur foyer.

Un peu avant d’atteindre leur habitation, et au moment où leur cabriolet franchissait une chaussée étroite que longeaient deux fossés profonds de chaque côté, une formidable détonation éclata du côté de la cité. La terre trembla… Épouvanté, le cheval fit un tel écart puis un tel bond en avant, que les roues d’arrière du cabriolet glissèrent dans la pente abrupte du fossé. Sans le sang froid du milicien qui appliqua immédiatement un rude coup de fouet à la bête, celle-ci était entraînée par la charge au fond du fossé. Mais sous le coup de fouet elle bondit de nouveau, retrouva l’équilibre et, s’élançant avec rage, elle se rua en avant vers la chaumière du paysan. Lui et sa femme n’avaient pas eu le temps de sentir l’aiguillon de la peur, tout cela s’était produit trop subitement, tout comme un coup de tonnerre. Ce n’est que la minute d’après, lorsque l’attelage s’arrêta tremblant devant la chaumière, que les deux époux se sentirent émus.

Ils n’avaient pas échangé une parole.

Ils descendirent de la voiture et pénétrèrent dans leur maison. Le père d’Aubray était assis sur un escabeau près du feu de la cheminée ; il demeurait immobile, comme endormi, les coudes sur les genoux, la tête dans les mains. Aubray le considéra avec surprise.

— Ah ! ça, le père, s’écria-t-il, est-ce que vous dormez ? N’avez-vous pas entendu ce coup de tonnerre ?

À la vérité, la détonation entendue, qui avait paru secouer le monde entier, avait fort ressemblé à un coup de tonnerre.

À la voix de son fils, le vieux leva sa tête blanche et sa face ridée, et demanda, étonné :

— Quel coup de tonnerre ?…

Il se leva brusquement et, regardant sa bru, demanda encore :

— Et l’enfant ?

La jeune femme sourit.

— Il a retrouvé son père et sa mère, répondit-elle, joyeuse.

Le vieux chancela.

— Mais le tien ?… bégaya-t-il.

— Le mien !…

La jeune femme tressaillit, souffla rudement et demanda, en émoi :

— Que voulez-vous dire ?

Béant, médusé, le milicien regardait son père.

Comme si elle eût été frappée par un coup de massue, la tête du vieillard se pencha rudement ; et, allant vers la pièce voisine d’un pas mal assuré, il bredouilla :

— En v’là une histoire… venez voir, mes enfants !

Il s’arrêta devant le berceau.

La femme du milicien venait d’être assaillie par un affreux pressentiment. Elle se précipita vers le berceau, le vit vide. Tout le sang de son être sembla se glacer ; elle jeta un regard de folie à son mari, puis elle éleva les mains au ciel, et, sans un mot, sans même une larme, elle s’affaissa en travers sur le berceau.

Le milicien la saisit vivement, la souleva et la déposa sur le lit. La jeune femme était évanouie.

Aubray et son père se regardaient, muets, consternés, l’un n’osant interroger, l’autre se taisait par crainte d’accroître la trop grande douleur qu’il devinait.

Enfin, le milicien parvint à faire cette interrogation :

— Qu’est-ce que ça veut dire ?

Le vieux branlait la tête en signe de détresse et de désespoir.

— C’est deux soldats qui sont venus chercher le petit Adélard…

— Deux soldats… le petit Adélard ! fit le milicien ahuri. Êtes-vous fou ?

— J’sais pas, mon pauvre Anatole. Mais j’sais bien que ces deux soldats ont emmené votre enfant.

— Et vous les avez laissé faire ?

— J’sais pas… J’n’ai pas eu le temps de rien, ils étaient partis !

— Mais quels soldats encore ? s’écria le milicien que la colère commençait à gagner.

— Deux grenadiers… ceux qui étaient venus avec le petit Adélard. Tout ce que j’ai compris, ils sont revenus le chercher pour aller le porter à son père le capitaine Vaucourt.

— Mais le capitaine Vaucourt… il l’a son enfant !

— Pauvre enfant, j’sais pas…

Et le vieux se laissa tomber sur un siège, mit encore les coudes sur les genoux et prit sa tête dans ses mains.

C’était décourageant. Le milicien connaissait son père et comprenait que celui-ci avait dit tout ce qu’il savait.

Il se tourna vers le lit où il avait déposé sa femme.

Il la vit assise sur son séant et le regardant avec des yeux égarés par la folie.

Il se dirigea vers elle.

— Ma pauvre Amandine, dit-il la voix brisée par la douleur, te rappelles-tu ? c’est ces deux grenadiers qui ont emmené notre enfant.

La jeune femme sursauta sur son lit et poussa un grand cri.

— Les deux grenadiers… murmura-t-elle ensuite.

Elle entoura de ses deux bras le cou de son mari et se mit à pleurer lourdement.

Aubray reprit :

— Ils sont venus chercher le petit Adélard pour aller le remettre à ses parents.

— Ils sont venus…

Et par méprise ils ont pris notre enfant.

— Notre enfant…

— Notre p’tit Louis. C’est tout ce que je comprends, ajouta le milicien, le père n’en dit pas plus long. Seulement, je commence à me dire qu’il ne doit pas y avoir de danger pour notre enfant, attendu que ces deux grenadiers sont allés le porter au capitaine Vaucourt. Tu comprends bien que le capitaine va de suite comprendre la méprise et qu’il va nous faire ramener notre enfant. Faut donc te consoler, Amandine. D’ailleurs, je vais repartir tout de suite pour aller retrouver le capitaine, et là je saurai bien toute l’histoire.

Ceci parut consoler la jeune femme. Elle soupira et dit :

— Je souhaite bien qu’on ne fera pas de mal à mon petit. Je te conseille bien aussi d’aller de suite chez le capitaine.

— Il y a ça, répliqua le milicien en se grattant la tête avec un air de doute, j’sais pas au juste si le capitaine est retourné au camp, ou bien s’il est resté à l’Hôpital.

À l’instant même un poing dur heurta la porte de la chaumière.

Les deux époux tressaillirent. Avec un soupir de joie la jeune femme murmura :

— Si c’étaient les deux grenadiers qui ramènent le p’tit.

Non moins rempli d’espoir que sa femme, Aubray marcha vers la porte qu’il ouvrit presque craintivement.

Il aperçut une haute silhouette humaine.

— Qui êtes-vous ? demanda-t-il.

— Un ami du capitaine Vaucourt… Flambard ! Flambard…

Ce nom résonna joyeusement aux oreilles du milicien qui s’effaça vivement, disant :

— Entrez, monsieur Flambard.

Mais à la vue de l’individu qui profila sa haute silhouette à la lumière douteuse d’une bougie qui éclairait imparfaitement la cuisine, Aubray fit un bond de côté et son visage exprima la plus grande stupeur.

La jeune femme, qui était accourue de sa chambre au nom de Flambard, recula aussitôt avec un geste d’effroi, car l’homme qui apparaissait était effrayant à voir. Déchiré, sale, ensanglanté, tête nue et les cheveux en désordre, la figure livide, les yeux brillants comme des flammes, et un sourire qui semblait un rictus de démon tiraillé par mille tortures, Flambard offrait l’image d’un spectre horrible.

Il regarda le milicien.

— Ah ! ah ! dit-il en riant sinistrement, à vous voir, mon ami, je devine bien que j’ai quelque peu l’air d’un revenant ! Par ma foi ! rassurez-vous, je descends peut-être du Paradis ! Je dis peut-être, parce que j’ai comme une souvenance que j’y suis allé faire un court voyage ! Ça vous étonne ? J’crois bien. Tenez ! j’étais sur un volcan, c’est bien simple, hein ? Et tout à coup… pouf ! j’ai sauté… Ah ! quel saut, mon ami, je n’en ai vu que vide et vent ! Je n’ai jamais sauté dans ma vie comme ça… comme ce saut que j’ai sauté ! Non… je n’en reviens pas !

Il se mit à rire à grands éclats qui, dans la chaumière basse, ressemblèrent à des coups de tonnerre.

Aubray demeurait béant.

La jeune femme tremblait dans l’ombre de sa chambre.

Le vieux, assis sur un escabeau, paraissait comme statufié.

— Je dis que je n’en reviens pas ? reprit Flambard. Je perds la tête, pardon ! Peut-être ai-je laissé ma cervelle dans les airs, et un jour elle retombera comme un méchant caillou. N’importe ! je vais confesser que j’en reviens… Mais quel saut tout de même !… Je me rappelle bien à présent pourquoi ces coquins de cadets pouffaient tant ! Je les revois, alors que j’étais ficelé comme un vieux colis de rien, passant devant moi, défilant, grimaçant, et faisant : Pouf ! Pouf !… Ah ! oui… Mais, mon ami, soyez tranquille, c’est moi qui vous le dis, je leur réserve un pouf ! moi aussi, mais un pouf ! de ma façon. Et ce ne sera pas long, dès que j’aurai remis au capitaine Vaucourt son enfant.

Aubray faillit tomber à la renverse.

— Ah ! bredouilla-t-il, vous êtes venu chercher l’enfant du capitaine ?

— Ah ! ah ! ce gueux de Verdelet ne m’a pas menti, l’enfant est ici ?

Flambard semblait ravi.

— L’enfant n’y est plus, monsieur, avoua Aubray avec un hoquet.

Flambard eut aussi un hoquet…

— Ah ! ah ! fit-il seulement.

— Ma femme et moi, monsieur, on l’a porté au capitaine. Voyez-vous, ajouta-t-il, c’est deux grenadiers qui avaient apporté le marmot du capitaine à ma femme. J’étais au camp. Il y a un mois de ça. Alors on avait appris dans le camp que le capitaine avait perdu son enfant, que des maraudeurs l’avaient enlevé. Or, ce soir, après la bataille, en venant voir ma femme, je trouve dans notre berceau un enfant inconnu. On s’explique, et alors on s’imagine que cet enfant doit être le petit du capitaine. On part et on va lui porter à Beauport. Il reconnaît son petit. On repart avec le capitaine et l’enfant pour l’hôpital. Là, Madame Vaucourt est toute pâmée aussi, et elle était malade, elle s’est trouvée guérie.

Flambard fit un saut joyeux en l’air.

— Bravo, mon ami ! Ah ! vous êtes un brave homme, tout de même. Et votre femme… j’ai bien envie de l’embras…

Flambard s’interrompit net et ravala rudement sa salive en apercevant la figure décomposée et en larmes de la jeune femme. Peu à peu elle était venue se placer dans le rayon de lumière décrit par la bougie, pour mieux entendre ce qu’on disait. Elle était là, haletante, et la physionomie si douloureuse que Flambard en demeura décontenancé.

Flambard se tourna vers le milicien dont le visage n’était pas moins douloureux, et reprit :

— Dites donc, mon ami, vous excuserez bien ma joie en apprenant ce miracle du bon Dieu que vous m’avez narré. Mais là… je regarde votre figure triste, je vois des larmes couler sur les joues de votre femme… est-ce que c’est à cause du petit Adélard que vous paraissez souffrir ainsi ?

Le milicien hocha la tête en guise de négation.

— Non… on était bien contents d’avoir fait une bonne action. Mais, voyez-vous, c’est nous autres que le malheur vient d’atteindre tout d’un coup, comme ça.

— Quel malheur ? demanda le spadassin avec compassion.

— Notre petit enfant… monsieur, des malandrins sont venus le chercher pendant qu’on allait chez le capitaine lui remettre le sien.

— Oh ! oh ! dites-moi donc toute cette histoire.

La femme du paysan s’était remise à pleurer.

Et le paysan fit à Flambard le court récit fait par le vieux, son père.

— Oh ! oh ! s’écria Flambard en croisant les bras, vous avez dit « deux grenadiers » ? Eh bien ! je les connais, les gaillards… Pertuluis et Regaudin ! Ah ! les mécréants… les aurai-je donc toujours en travers de ma route !

Il ébaucha un geste de fureur et porta la main à sa rapière… elle n’était pas là : il l’avait perdue au cours de l’aventure qu’il venait de traverser, ou plutôt il se rappela que les cadets de Bigot la lui avaient enlevée, à moins que ce ne fût ce balafré de Pertuluis, ou ce croquant de Regaudin, ou encore ce traître de Verdelet. Qu’importe !

— Mon ami, continua le spadassin, je vois bien que si Pertuluis et Regaudin sont venus chercher l’enfant, c’est pour le motif d’en tirer rançon du capitaine. En ce cas, il faut rattraper les deux truands et vous faire rendre votre enfant ; en même temps j’aurai à raconter à ces deux gredins une histoire fort curieuse… une histoire de volcan.

— Il se peut, émit le milicien, que ces deux grenadiers se soient rendus au camp, dans l’espoir d’y trouver le capitaine Vaucourt.

— Et fort probablement avec la certitude de l’y trouver, puisqu’ils ignorent ou doivent ignorer que le capitaine a retrouvé son enfant.

Nous aurons donc la chance de les pincer de ce côté.

— Partons donc, dit Aubray, le cabriolet est à la porte.

La jeune femme, ranimée par l’espoir, se rapprocha du spadassin et lui demanda, craintive :

— Pensez-vous, monsieur, que je retrouverai mon p’tit Louis ?

— Comment ! si vous le retrouverez… Mais je le retrouverai, moi, assura Flambard avec une certitude qui rendit à la jeune femme l’espoir entier, et je vous le rapporterai, je vous le jure !

Il fit un grand geste, geste qui sembla vouloir embrasser l’univers, et il sortit sur les pas du milicien.

Le cabriolet avait pris la direction du camp de Beauport. Le milicien et le grenadier espéraient se trouver sur le chemin de Pertuluis et Regaudin. Ils furent déçus. Une fois arrivés à la tente de Vaucourt, un lieutenant leur apprit que le capitaine n’était pas revenu de la ville. Il assura aussi à nos deux amis que Pertuluis et Regaudin n’avaient pas été vus.

— Bon ! pensa Flambard, ces gueux devaient savoir que le capitaine se trouvait à l’Hôpital-Général ou tout au moins quelque part dans la cité. À l’Hôpital ! commanda-t-il à Aubray.

Le cabriolet repartit.

Il passait minuit, lorsque Flambard se présenta au parloir de l’hôpital. Il fut tout joyeux d’y trouver Jean Vaucourt, Héloïse, Marguerite de Loisel et le père Croquelin, que Vaucourt avait fait mander. Mais sur ces personnages l’apparition de Flambard créa une forte sensation : ils croyaient voir surgir un fantôme ! Néanmoins, le spadassin fut reçu avec grande joie.

Lui, apprenant qu’Héloïse était tout à fait guérie, tressaillit d’une joie sans pareille. Il enleva à la jeune femme le petit Adélard, l’embrassa, le dorlota et le fit danser au bout de ses bras.

Mais les autres voulaient connaître l’aventure de notre ami. Ses vêtements en lambeaux, la terre dont ils étaient recouverts, le sang dont ils étaient imbibés presque, excitaient énormément leur curiosité.

Flambard en fit immédiatement le récit.

Dès qu’il eut terminé, et tout comme si notre ami n’eût fait que d’arriver des Indes, Héloïse lui demanda avec une grande anxiété :

— Et mon père, monsieur Flambard ?… vous ne me parlez pas de mon père ?

Flambard faillit perdre l’haleine.

— Ah ! c’est vrai, madame, votre père…

Il échangea un rapide coup d’œil d’intelligence avec le capitaine et poursuivit :

— Je n’ai jamais oublié le vous en informer… Ah ! mais, si vous saviez, toute cette besogne que j’ai eue sur les bras… Et en ce moment encore, j’ai devant moi…

Et pour éluder le mieux possible la question d’Héloïse — car il ne voulait pas lui annoncer la mort de son père si tôt, mais seulement lorsqu’il serait sûr que la jeune femme en pourrait supporter la nouvelle — il narra le malheur qui venait de frapper Aubray et sa femme.

Cette nouvelle fit une douloureuse impression sur le groupe de nos amis.

— Et c’est Aubray lui-même qui vous a amené ici ? interrogea Jean Vaucourt.

— Lui-même. Il m’attend dans son cabriolet.

— Eh bien ! Flambard mon ami, allez le chercher, je désire lui parler.

L’instant d’après, le milicien entrait, dans le parloir. Héloïse s’empressait de lui offrir ses consolations et de le rassurer sur le sort de son enfant.

— Oui, mon ami, vous pouvez être tranquille, ajouta Jean Vaucourt. Dès qu’on s’apercevra de la méprise, votre enfant vous sera rapporté. Et je ne serais pas surpris qu’il ne fût à cette minute même dans les bras de sa mère. Maintenant, mon ami, continua le capitaine, je veux vous demander un service important.

— Parlez, capitaine, je ferai tout ce que vous me demanderez.

— Merci. Vous savez peut-être que ma maison a été à demi démolie par les boulets ennemis, et que je suis, pour ainsi dire, sans domicile. Eh bien ! voulez-vous donner dans votre maison l’hospitalité à ma femme, à mon enfant et au bon père Croquelin ? Ici, dans cette sainte maison, il importe de laisser toute la place aux malades et aux blessés de la guerre.

— Mais certainement, mon capitaine, s’écria le milicien, notre maison, bien que petite et pauvre, est à vous. Et si vous le désirez, j’emmènerai de suite votre femme, son petit et le père Croquelin.

— Merci, j’allais vous en prier, mon ami, fit le capitaine très reconnaissant et content de savoir que sa femme et son enfant auraient un asile presque sûr.

Ceci convenu, on allait se séparer, quand Héloïse voulut insister auprès du spadassin pour obtenir des nouvelles de son père.

— Madame, répondit Flambard, il est bien tard, ce me semble, pour vous donner d’aussi longs détails, et j’ai encore fort à faire cette nuit ; mais si vous le permettez, j’irai demain vous rendre visite et vous donnerai toutes les nouvelles que vous attendez avec tant de hâte.

— Vous me le promettez ? dit Héloïse.

— Je vous le promets, madame. Du reste, j’aurai des choses très importantes à vous communiquer.

Et Flambard s’inclina pour aller à d’autres affaires qu’il semblait impatient de régler.

— Ah ! fit-il tout à coup en regardant le capitaine, je n’ai pas ma rapière !

Vaucourt comprit.

— Voici la mienne, dit-il.

— Merci, répliqua le spadassin, je vous la rendrai demain.

Le capitaine accompagna le grenadier jusqu’à la porte. Et comprenant qu’il avait quelque revanche à prendre :

— Soyez prudent, murmura-t-il.

— Soyez tranquille, capitaine, répliqua Flambard. Je sais que mon heure dernière n’est pas encore venue, et il y a des chenapans que l’enfer attend !

Et, laissant entendre un sourd ricanement, il se jeta dans la nuit et disparut.