Le premier livre des Sonnets pour Hélène/Tu ne dois en ton cœur
VIII
Tu ne dois en ton cœur superbe devenir,
Ni braver mon malheur accident de fortune :
La misere amoureuse à chacun est commune :
Tel eschappe souvent qu’on pense bien tenir.
Tousjours de Nemesis il te faut souvenir,
Qui fait nostre adventure ore blanche ore brune.
Aux superbes Tyrans appartient la rancune :
Comme ton serf conquis tu me dois maintenir.
Les Guerres et l’Amour sont freres d’une chose :
Le veinqueur du veincu bien souvent est batu,
Qui paravant fuyoit de honte à bouche close.
L’amant desesperé souvent reprend vertu :
Pource un nouveau trophee à mon mal je propose,
D’avoir contre tes yeux si long temps combatu.