Le premier livre des Sonnets pour Hélène/Je t’avois despitee
XXI
Je t’avois despitee, et ja trois mois passez
Fuyoient sans retourner, que je ne t’avois veue,
Quand destournant sur moy les esciairs de ta veue,
Je senty la vertu de tes yeux offensez.
Puis tout aussi soudain que les feux eslancez,
Qui par le Ciel obscur s’esclattent de la nue,
Rassérénant l’ardeur de ta cholere esmeue,
Sou-riant tu rendis mes péchez effacez.
J’estois sot d’appaiser par souspirs et par larmes
Ton cœur qui me fait vivre au milieu des alarmes
D’Amour, et que six ans n’ont peu jamais ployer.
Dieu peult avecq raison mettre son œuvre en poudre :
Mais je ne suis ton œuvre, ou sujet de ta foudre.
« Qui sert bien, sans parler demande son loyer.