Le premier livre des Sonnets pour Hélène/D’un profond pensement
XXV
D’un profond pansement j’avois si fort troublée
L’imagination qui toute en vous estoit,
Que mon ame à tous coups de mes lèvres sortoit,
Pour estre en me laissant à la vostre assemblée.
J’ay cent fois la fuitive au logis r’appelée,
Qu’Amour me desbauchoit : ores elle escoutoit,
Et ores sans m’ouyr le frein elle emportoit,
Comme un jeune Poulain qui court à la voilée.
La tançant je disois, Tu te vas décevant :
Si elle nous aimoit, nous aurions plus souvent
Ou chiffres ou message ou lettre accoustumee.
Elle a de nos chansons et non de nous souci.
Mon ame, sois plus fine : il nous faut tout ainsi
Qu’elle nous paist de vent, la paistre de fumée.